43.

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Allongée depuis bien longtemps sur ce matelas que je ne connaissais désormais que trop bien, mon regard observait d'un air fade le plafond plongé dans l'obscurité. Je ne parvenais pas à dormir, n'arrivais même pas à fermer les yeux, ne voulant guère me retrouver au sein du monde des cauchemars et oublier la complétude de ce qu'il s'était passé durant mon éveil.

Sur mon ventre reposait tranquillement le bras de Lorenzo qui s'était étrangement vite assoupi, et qui me provoquait toujours autant de fébrilité. Sa calme respiration et celle de son petit frère derrière lui me parvenaient parfaitement, et résonnaient à mes esgourdes comme une chorale de chérubins.

Mon humeur surfait contre une vague neutre, ni bien ni mal. Figée dans ces habitudes prosaïques, je repensais à tout ce qu'il s'était passé ces derniers mois, à ma famille, à cet homme qui se trouvait à coté de moi, à mon audace, à tout ce qui avait considérablement changé ma vie du tout au tout. Je ne regrettais rien, et surtout pas les combats que j'avais menés jusque ici.

Ils composaient ma fierté. Seulement, ce qui me mettais mal à l'aise était ces liens cassés avec ma famille. J'avais sacrifiée tant de choses pour ma mère et mes deux sœurs mais.. ça n'avait pas eut le pouvoir d'empêcher de toutes nous éloigner les unes des autres.

Aujourd'hui, j'avais repérée la cible de ma vengeance, j'avais les cours de boxe, mes nombreux combats, mes oppositions et mes idées. J'avais Lorenzo, j'avais Rafaël et peut-être même Janaina qui m'avait incroyablement aidée, et pourtant, je n'arrivais pas à être satisfaite, car je ne me concentrais que sur la pièce manquante du puzzle.

J'avais beau posséder tout ce que j'avais voulu auparavant, il me manquait ce avec quoi j'avais démarrée tout au début. Ma famille. Le bercail. Notre lignée s'était brisée de par ma faute, et rien ne pouvais plus me blesser qu'un tel constat. Puis je n'arrivais pas à me satisfaire de ce que j'avais maintenant. L'Homme n'était jamais satisfait ; cet être d'avidité constante se plaignait qu'il lui manquait encore des choses alors qu'il pouvait se contenter de ce qu'il avait.

Bien trop concentrée sur la noirceur du plafond contre lequel se frottait le ballon de mes songes, je n'entendis pas la matière du matelas siffler sous les mouvements de mon entraîneur.

Son bras qu'il fit glisser sur mon ventre et revenir contre lui me fit brutalement revenir à la réalité, cassant toutes mes préoccupations. Pourquoi me posais-je toujours autant de questions ? Ma cervelle n'allait pas tarder à rendre l'âme.

— Tu ne dors pas ? , l'entendis-je susurrer.

Je ne répondis pas. En fait, ce fut l'habituelle tachycardie qui se remit en marche.

— Lorenzo ? , chuchotais-je à mon tour, d'un ton qui se voulut alarmant.

Je ne pus voir quelle expression du visage ma voix lui fit faire, mais je l'imaginais déjà assez intrigué. Durant de nombreuses minutes, je fis le tri croissant de tout ce que je voulais lui demander, posant le pour et le contre dans ma tête.

— Pourquoi tu ne me parles jamais de toi ? , lâchais-je subitement.

À mon tour, je n'eus aucune réponse. Il n'émit nul mouvement, comme figé par ma question. Je m'étais rendue compte qu'il avait été bien plus témoin de ma vie que je ne l'avais été de la sienne. Au travers de toutes ces épreuves, cet homme avait appris de nombreuses choses sur moi. Tout mon contraire. Et j'en étais alors venue à la conclusion que je ne pouvais autant me laisser aller avec une personne dont je ne connaissais ni le passé et ni le cercle familial. C'était comme côtoyer un nouveau-né et il n'y avait rien de plus perturbant que cela.

— Pourquoi ? , insistais-je. Lorenzo...Où est-ce que tu as grandi ? Qu'est-ce qui t'a le plus marqué dans ta jeunesse ? Pourquoi toi et ton frère avaient été aussi abandonnés ? Pourquoi tu es aussi...brutal ? Pourquoi la boxe ? Quel âge tu as ? Es-tu né à Rio ? Quel est ton nom de famille ? Comment t'as connu Louisa ? Comment es-tu arrivé à la Zone ? Comment connais tu mon père ? Pourquoi avoir choisi l'entrepôt ? Quelle est ta couleur préférée ? Quelle est la méthode de vol que tu affectionnes le plus ? Pourquoi es-tu toujours resté à l'écart des voisins de la Zone ? Pourquoi...

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant