24.

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— J'vous en prie, Madame...Nous n'avons vraiment pas le temps. Laissez nous le voie.

La dame dont la fonction m'était inconnue reprit un énième chocolat d'une boîte cachée entre ses cuisses, sous mes yeux envieux.

— Je vous l'ai déjà dit : c'est non. Continuez et je n'aurais d'autres choix que d'appeler la sécurité, répliqua t-elle en ne manquant point de me jeter un regard dérisoire par dessus ses lunettes rectangulaires.

Un long soupir ballotté entre nervosité et lassitude m'échappa. D'un coup d'œil par dessus mon épaule, je remarquais les œillades des quelques hommes de la Zone qui m'avaient, à la demande de Kristiano, laisser tout gérer, fondre intensément sur moi avec curiosité et dédain. Le stress grimpa en flèche.

Tout reposait sur moi, cependant, à cause de cette pauvre cloche, j'allais tout faire foirer.

— M'dame..., insistais-je poliment pour la dernière fois.

Mais elle me boycotta royalement.

La situation présente était extrêmement compliqué et avide d'énergie. En effet, nous devions en urgence voir le maire qui nous avait envoyé une lettre de menace par rapport au terrain apprivoisé de la Zone, afin de le dissuader dans sa volonté de nous faire déguerpir ailleurs. Toute notre vie était basée à la Zone, la Zone même était notre vie !

Il ne pouvait tout simplement pas nous demander de dégager de manière assez osée simplement parce qu'il avait besoin de plus de place pour faire construire un nouvel appartement à la demande des riches. Était-ce même possible ? Il fallait ne pas être doté d'un cœur pour envisager un tel acte.

Et pourtant, tout ceci était tristement vrai. La preuve, il était même apparemment « trop » occupé pour se permettre de recevoir des gens.

Je finis par laisser tomber et allais rejoindre les quelques hommes - dont Rafaël - qui m'attendaient plus loin. Lorsqu'ils me virent débarquer munie d'une mine désespérée, ils comprirent très vite et certains s'énervèrent dare-dare.

— J'savais qu'il ne fallait pas l'envoyer elle ! Une femme, tiens ! Vraiment, Kristiano délire ! , houspilla l'un d'eux.

Ces critiques machistes à mon égard m'énervèrent encore. Depuis cet après-midi, ils n'avaient nullement cessé de mal parler de ma personne ouvertement. Je devais simplement encaisser et rester calme. Très calme. Et prendre sur moi.

Mais que c'était difficile lorsque des idiots prenaient la parole et vous rabaissaient sans même vous connaître !

Je croisais le regard de Rafaël qui détourna immédiatement le sien. Inutile de préciser qu'il avait lui aussi jugé raisonnable que je ne me pointe pas ici, car je manquais, d'après ses dires, « d'arguments ». Ainsi, il faisait mine de bouder, en pensant fermement que cette attitude allait changer ma volonté de vouloir aider les hommes de la Zone.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?, demanda l'un d'eux.

— On attend. Il va bien finir par sortir de son bureau.

— Je suis sûr que cette salope l'a prévenu qu'on l'attendait de pied ferme et qu'il va prendre une autre sortie...

— Si jamais c'était le cas...Où est-ce que tu veux qu'il aille même avec son gros bide ? Il n'arrive déjà pas à s'asseoir correctement, alors un passage secret, laisse tomber.

— Ahah, c'est ça les riches ! À trop vouloir s'emparer du monde, on finit par se bouffer soi-même !

Ma main tomba subitement contre ma hanche. D'un geste vif et sans comprendre ce soudain état, je me mis à observer chaque chose, personne, détail se trouvant dans le rez-de-chaussée de la mairie.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant