30.

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Allyah

— Tu comptes vraiment rester ici toute la nuit ?

Silence.

— Je pense que c'est une forme de suicide ça, non ?

Plus aucune partie de mon corps ne répondait à l'appel, si ce n'était mon cœur qui battait lentement. Mes doigts étaient figés, mes jambes étaient engourdies, mon cou était raidi, toutes ces zones étaient noyées. Le contrôle sur ma vision m'avait également échappé. Je ne distinguais que des formes qui pétillaient, que des images qui dansaient. Une chose était sûre: je ne me sentais absolument pas bien.

Une peau chaude vint soudainement décongeler cet état transi qui m'avait prise en otage. Un soupir brûlant, à ma grande surprise, m'échappa lorsque mon visage se fit relever par ses doigts.

Je sentais son regard intense et de braise chercher le mien, mais moi, je ne désirais pas qu'il voit mes yeux car j'avais trop honte de ces larmes qui les avaient tamponnés.

— Eh, fit-il.

Sa main torride glissa jusqu'à mon épaule. Bon sang, je devais vraiment être dans un état déplorable pour susciter autant de son attention.

— T'es aussi trempée que l'sable sous la mer, qu'est-ce qui va pas dans ta tête ? Je sais qu'il pleut assez rarement ici, mais il y avait d'autres moyens de profiter de la pluie, tu sais. Ou alors, c'est un nouveau moyen de me prouver que t'es vraiment une imbécile ?

J'eus envie de secouer la tête, de lui dire que j'étais simplement venue ici pour essayer de faire un point sur ma vie mais que tous mes souvenirs m'avaient scellé sur place. Que la pluie, qui je pensais allais me laver de mes songes m'avait en fait mise dans un état encore plus désolant. Seulement, je n'arrivais à rien dire. Ma voix était encore gelée.

Je pensais avoir atteint l'apogée du froid, mais me rendis compte que ce n'était guère le cas lorsque mon entraîneur s'empara de ma main avant de la serrer dans la sienne. Une violente chaire de poule et des frissons stupéfiants m'attaquèrent. Ces effets furent si grand et me firent tant tressaillir que par un pur miracle, je retrouvais les commandes de mon être.

Immédiatement, je clignais plusieurs fois des yeux jusqu'à retrouver une vue accommodée.

— Ah, tiens. Bienvenue dans le monde des vivants. C'est un monde où il y a pas mal d'idiots mais je sais que tu finiras par t'y faire, lâcha t-il, narquois.

Comme s'il avait seulement attendu que je me réveille pour me laisser, il se releva d'un geste.

— N...non..., paniquais-je instantanément en tentant de garder nos pognes collées. Reste...reste là.

Gênée par ma propre attitude, je n'osais nullement relever mes yeux vers lui, mais de toute évidence, ses sourcils devaient être froncés, et sa face, perturbée. Des instants passèrent et s'écoulèrent, si bien que j'en vins à penser qu'il n'allait pas m'écouter. Mais quand sa poigne se resserra plus et que je vis du coin de l'œil qu'il s'était de nouveau accroupi, un immense soulagement me submergea. Merci, voulus-je siffler.

Tandis qu'il attendait patiemment que ma main reprenne des couleurs au creux de la sienne, mes yeux qui n'osaient s'enlacer aux siens en profitèrent pour faire le tour de son visage. Je remarquais qu'il avait l'air moins fatigué ; peut-être était-ce le fait d'avoir mis en pause la boxe qui lui avait permis de se délasser un peu.

Mon regard glissa jusqu'à sa barbe bien agrandie depuis la dernière fois que je l'avais vue. Celle-ci le rendait viril d'une façon explosive. J'avais une envie féroce de la toucher, bon sang, même la barbe de Rafaël ne m'avait jamais autant attirée !

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant