19 - PARTIE 2

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Depuis plus d'un quart d'heure que j'attendais devant le bâtiment dans lequel se tenait la compétition de boxe, et voilà que j'avais déjà atteint l'abysse de la langueur. J'observais un par un les visages qui défilant devant moi mais jamais je ne vis celui de mon entraîneur. Pourtant, j'étais persuadée qu'il allait venir.

Mon dos appuyé contre un poteau en bois commençait à me faire mal tant l'attente m'atteignait nerveusement. Peut-être se trouvait-il déjà à l'intérieur, seulement ce pressentiment qui me chatouillait me conseillait d'attendre.

Certains hommes jetaient leur regard en ma direction, et malgré le fait que j'essayais de prendre une position virile et de m'engoncer pour semer les quelconques doutes, j'avais l'impression que certains arrivaient à me démasquer. En plus de devenir pénible, cela me faisait de plus en plus peur.

La petite affiche accolée contre l'entrée sur laquelle était écrite en gros caractères « entrée interdite aux femmes » m'avait scotchée durant de nombreuses minutes et sonnait encore en cet instant comme la blague la plus sordide qu'on ne m'avait jamais faite. Si l'on — la gente féminine — espérait entrer, il fallait verser une somme colossale de Réaux. J'avais eu envie d'arracher cette feuille et de la réduire en une vulgaire poussière mais je m'étais retenue de toutes mes forces. Je n'avais pas envie de me faire rapatrier...

Enfin ! Quelques minutes après et par pur hasard, je crus apercevoir Lorenzo. Je le reconnus malgré sa capuche sur la tête grâce à sa démarche rapide, à son dos voûté et à ses légendaires mains dans les poches. Je laissais passer quelques secondes avant de me diriger vers lui.

— Eh !

Il releva vivement sa face vers moi et parût extrêmement surpris. Cependant, il effaça toute trace de cette émotion en lâchant un soupir.

— Un jour sans te voir...évidemment que c'était trop beau pour être vrai, lâcha t-il.

Je ne pris pas la peine d'essayer de lui lancer un regard noir, bien trop excitée d'entrer à l'intérieur.

— Bon, on y va ? Je t'attendais depuis tout à l'heure, lâchai-je, joyeuse, en commençant à partir.

Mais il me ramena bien vite à ses côtés en tirant sur mon sweat d'une force extraordinaire.

— Que...qu'est-ce que tu fais ? Ne me dis pas que je me suis enfuie d'une fête et que t'ai attendue pendant plus de dix minutes en me coltinant le vent frais pour qu'au final tu m'interdises d'entrblblblblb...

Qu'est-ce que...Sans nulle gêne, il venait de plaquer son index contre ma bouche. Les yeux écarquillés et le cœur commençant à marteler au même rythme que la musique qui guinchait pas très loin, je tentais de me défaire de son emprise. En vain.

— Écoute. Je ne vais pas t'interdire d'aller voir des bonhommes qui se frappent, après tout c'est ton choix de vie et de toute manière, j'en ai assez de me battre avec la rebelle que tu incarnes. Mais...il y a juste un truc qui me chiffonne...

Son doigt s'arracha de mes lèvres comme s'il eût pensé que j'allais le mordre, puis il les observa, armé d'un minime rictus. Et alors que je le dévisageai, il s'empara de mon menton et releva mon visage en l'air, montrant ainsi à tous les regards un peu trop curieux que j'étais bel et bien une femme.

— Lorenz...

Brusquement et sans même me prévenir, il me cracha au visage. Je me retins de vociférer comme une désaxée. Sous le choc total, je me sentis chanceler en arrière mais il me rattrapa d'un seul mouvement en appuyant sa main contre mon dos. Je n'arrivais plus à ouvrir mes yeux ni ma bouche, je me trouvais sale, dégoûtée et avec pour seule envie de disparaître. Je...non. Oh.

Mille coups d'Amour [TERMINÉ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant