Bien malgré moi, je dus avouer que Jeremy avait eu raison quand, au soir, ma gorge se mit à me faire souffrir. Je commençai par tousser un peu, pour finir une heure plus tard avec les poumons en feu. J'eus ensuite le nez congestionné et une grande fatigue qui me força à plonger sous les couvertures de mon lit. Mon système immunitaire me volait toute mon énergie pour combattre ce parasite.
Saleté de Télio ! Ce qui aurait fait mon bonheur aurait été de lui éternuer à la figure.
J'essayai de dormir, étant la seule chose qui me restait à faire, mais je n'y arrivais pas. Je ne pouvais plus respirer par le nez, et par la bouche me faisait baver sur mon oreiller. Et m'allonger sur le dos était hors de question.
Finalement, j'allai à ma salle de bain personnel, trainant des pieds, et m'attrapai une grosse boule de papier toilette. En me retournant, mon regard tomba sur mon reflet, sur le miroir devant le lavabo, et mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Je ne m'étais jamais qualifié de beau, mais j'osais croire que je n'étais pas laid non plus. Maintenant, mon teint était bien vert, j'avais des cernes jaune-violet énormes et mon nez était rouge tomate. Même mes cheveux semblaient plus ternes.
Avec un gémissement, je retournai me coucher, épuisé. Ce trois mètres aller-retour m'avait complètement vidé. Je plaçai ma boule de papier entre mes lèvres et l'oreiller et, maintenant que je ne sentais plus ma bave contre ma joue, m'endormis comme une buche.
*
Je me fis réveiller le lendemain matin par Jeremy, cognant contre la porte comme à son habitude. Il avait encore son masque et ses gants.
— J'avais raison, ou j'avais pas raison ? dit-il dans un rire.
Je répondis d'un grognement et Jeremy m'enfonça sans prévenir un thermomètre dans la bouche.
— Garde-le sous la langue, je reviens tout de suite.
Jeremy sortit de la chambre et je fermai les yeux, toujours aussi épuisé que la veille. Il revint quelques minutes plus tard, portant un plateau qu'il mit sur ma table de chevet.
— 40.5 degré de fièvres. Tu ne fais pas les choses à moitié, comme toujours...
Je ne répondis rien, regardant ce qu'il m'avait apporté. Une pomme, une grappe de raisin, même quelques fraises, et une tasse fumante d'où dépassait une petite corde ; une tisane. J'attrapai une fraise et la grignotai lentement, ayant à peine assez d'énergie pour garder les yeux ouverts.
Jeremy alla à la salle de bain et revint avec une serviette humide qu'il plaqua sur mon front. Il joua ensuite quelques instants dans mes cheveux de son autre main.
— Pour une fois que tu te retrouves ici par toi-même... Je devrais faire une croix sur le calendrier. Tu vois, c'est bien pour ce genre de chose que ceux qui sortent de la ville mettent des combinaisons spéciales. En dehors de la radiation, il y a toute sorte de petites maladies à attraper. Mais t'es fixé ; t'as chopé rien de plus que la grippe. Ç'aurait pu être bien pire.
— Je sais, marmonnai-je.
— Tu parles du nez, rigola Jeremy. Mais vraiment, t'as eu de la chance. Si tu n'étais pas venu directement ici, t'aurais pu déclencher une pandémie. Et cette grippe est bien assez féroce pour tuer les enfants et les ainés. Des adultes aussi en seraient morts, c'est certain. Mais toi, t'inquiète pas ; t'es le gamin le plus fort que j'ai jamais vu.
Je répondis d'un petit sourire las tout en abandonnant dans l'assiette les feuilles de fraise. Je puisais ensuite dans mes plus secrètes réserves d'énergie pour m'assoir dans mon lit et soulever ma tisane.
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Miö (En Réécriture)
Science FictionMiö est tout sauf normal, et il en a que trop conscience. Trouvé par hasard dans une grange abandonnée à l'âge de cinq ans et à moitié mort de faim, Miö fut le sujet de test et d'expérience jusqu'à ces quinze ans. Mais pour lui, c'était carrément de...