Chapitre 88

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Télio

Cinq minutes d'attente pour faire le tour d'une cave minuscule, ça commençait à faire long. Je me levai, à bout de nerfs, et essayai à nouveau d'ouvrir la trappe, mais il n'y avait vraiment rien à faire. Il devait y avoir quelque chose pour la retenir, un loquet en toute logique. Je donnai un coup de pied dedans, ne réussissant qu'à me faire mal au gros orteil.

- Miö ! appelai-je en m'agenouillant à nouveau devant la trappe. Qu'est-ce que tu fous là-dedans ? Tu l'as trouvé, ou non ?

Rien ne me répondit. Je fronçai les sourcils, sans plus comprendre. J'aurais chuchoté qu'il m'aurait entendu, alors s'il ne me répondait pas, c'est qu'il s'était passé quelque chose. Alors, le vieux était là-dessous, et Miö s'était fait avoir.

- Eh, le petit vieux ! Viens m'ouvrir ! criai-je avec rage.

Encore une fois, je n'eus aucune réponse. Je me levai à nouveau et, les poings serrés, sortis de la maison et en fit le tour plusieurs fois, à la recherche d'une fenêtre menant à la cave, ou même une porte, n'importe quoi. Il n'y avait rien.

Je hurlai de rage. Je pensais comme Miö, sur ce point ; l'histoire était terminée, ça ne servait à rien de la continuer. Et il fallait que ce petit morveux de Riley vienne ici !

Je me laissai tomber assis contre la maison, à la recherche d'une idée pour le sortir de là. Je regardai les arbres dans la cour ; quelques pommiers sans pommes, d'autres arbres possiblement fruitiers que je ne savais pas reconnaitre, beaucoup de buissons le long de la clôture défoncée. Je reconnaissais quelques petits moineaux, rouge gorge et geai bleu, à la recherche de graine ou de vers de terre. Un gang de corbeaux dans un coin, effrayant les plus petits oiseaux qui osaient s'approcher.

J'avais un don avec les oiseaux nocturnes, mais ceux-là, je n'avais jamais essayé de les appeler. Qui sait, avec autant d'oiseaux, je réussirais surement à quelque chose. Ils sauraient passer par l'ouverture de la trappe et attaquer le petit vieux. Et ensuite, quoi ? J'attends que Miö se réveille ? Avec ou sans oiseau, moi, je ne saurais toujours pas me rendre jusqu'à mon frère...

Ce n'était que l'ombre d'une idée, mais c'était mieux que rien. Et il valait mieux ne pas prendre une éternité avant de se décider ; je ne savais pas si le vieux avait comme plan de les tuer. Venant d'un esprit tordu comme le sien, ça ne m'étonnerait pas. Alors, je me mis à siffler, observant attentivement les oiseaux. Les moineaux s'envolèrent au loin sans broncher. Quelques geais bleus se tournèrent vers moi en penchant la tête de côté, l'air intrigué, puis continuèrent de chercher les vers de terre dans le sol. Les corbeaux se mirent à crier en battant des ailes, comme pour dire « arrête, tu chantes mal ! »

J'arrêtai de siffler. Ça ne servait à rien ; mon truc ne marchait qu'avec les hiboux, et rien d'autre. Or, il n'y avait aucun hibou dans les alentours. C'était le genre de truc que je savais d'instinct.

Peut-être qu'il aurait mieux valu attendre Arthur. Peut-être aussi que j'aurais le temps d'aller le chercher. Ou peut-être que, quand Albert lui aura dit où nous sommes, il viendra à notre rescousse. Peut-être que je devrais aller à la cité pour ramener tout le monde à la cause. Peut-être, peut-être, peut-être...

Je poussai un long soupir en fermant les yeux. Je n'avais pas la moindre idée de ce que je devais faire. J'étais plutôt du genre à être le méchant, pas le gentil, et du même coup, je ne savais pas comment faire pour sauver quelqu'un.

J'ouvris à nouveau les yeux en entendant un petit cri d'oiseau. Pas un joli sifflement de moineau, mais un dérangeant croassement de corbeau. J'ouvris les yeux à temps pour voir ledit corbeau m'enfoncer le bec dans le mollet. Je grognai en le poussant d'une main sur la tête, et le corbeau s'envola pour se mettre à ma droite.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant