Je me réveillai en même temps que Debbie par son alarme, indiquant huit heures du matin. Elle était restée toute la nuit serrée contre moi, si bien que quand elle se retourna sur le dos, j'entendis clairement ses articulations craquer.
— Bien dormis ? demandai-je.
— Oh, oui, dit-elle dans un petit rire.
Debbie se releva à quatre pattes pour sortir du lit, passant au-dessus de moi. Je posai une main derrière son dos et elle me tomba dessus de tout son long, et je lui offris un bisou sur le nez.
— Arrête, dit-elle en se plaignant faussement. Faut que je me prépare pour les cours.
Je la lâchai à contrecœur et elle se leva une fois les deux pieds au sol.
Debbie enfila sa robe de chambre avant de se diriger vers son meuble où étaient cachés ses vêtements. Avouant que c'était une bonne idée, je mis à mon tour ma combinaison. Aussitôt fait, je m'assis à nouveau dans le lit, observant Debbie hésiter entre deux teeshirts.
— Tu penses à quoi ? dit Debbie en m'envoyant un petit regard en coin, avant de reporter son attention sur les deux linges qu'elle tenait, se demandant lequel porter.
— Le rouge, il te va super bien, dis-je pour l'aider dans son choix. Et puis... pour ce que je pensais... (Debbie leva à nouveau les yeux vers moi, intriqué par mon ton soudain sérieux.) Je ne t'ai toujours pas dit... ce qu'il fallait que je te dise.
— Eh bien, tu le fais maintenant, ou ça devra attendre. Je t'aime, mais pas assez pour arriver en retard en cour.
— Ouais, je sais...
Dans toute la ville, j'étais peut-être reconnu comme étant le gamin bizarre qui se transformait en chauvesouris ; à l'école, j'étais le gamin énervant qui séchait les cours tout le temps. J'avais essayé plusieurs fois d'entrainer Debbie avec moi – pas à faire, elle tenait trop à ses notes.
— Bon, je le dis. Je suis un clone.
— Qui veut dire ?
— Que je suis né dans un aquarium.
Debbie fronça les sourcils à son reflet, avant de se retourner vers moi, la tête penchée de côté.
— Je suis pas sûr de comprendre.
Je pris une grande inspiration, puis lui expliquait de A à Z l'histoire du clonage, allant même à parler du village où il y avait Simmer, Arthur, Albert et tous les autres. Je parlai aussi vite que possible, ne voulant pas la retarder pour les cours.
J'entendais, depuis la cuisine, sa mère s'activer à faire un petit déjeuner pour la famille, alors que son père était dans la douche.
— Tu vois ? S'en est venu qu'à chaque fois qu'on se retrouve, c'est toujours pour que je m'enfonce très, très bas dans ton estime. Avec tout le respect que je te dois, je me devais de te dire la vérité, mais je sais à quel point c'est... dégueulasse. Je comprends si tu ne veux plus de moi.
— Miö, s'énerva Debbie en abandonnant ses deux vêtements au sol pour mettre ses mains sur ses hanches, l'air sévère. Je ne peux pas ne plus t'aimer pour la simple raison que t'es née... différemment. C'est carrément raciste. C'est l'opinion que t'as de moi ? T'as peur que je te quitte pour chaque petit détail de ta personne ? Si c'était le cas, ce serait moi qui serais vraiment une salope ! Tu me prends pour une salope ?
— Non ! m'écriai-je. Bien sûr que non !
— Alors, arrête de faire comme si j'en étais une ! C'est insultant, à la longue !
VOUS LISEZ
Miö (En Réécriture)
Science FictionMiö est tout sauf normal, et il en a que trop conscience. Trouvé par hasard dans une grange abandonnée à l'âge de cinq ans et à moitié mort de faim, Miö fut le sujet de test et d'expérience jusqu'à ces quinze ans. Mais pour lui, c'était carrément de...