Chapitre 29 ✅

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Après ce petit moment étrange dans la vie sentimentale de Télio, nous repartîmes en direction de la ferme. Nous y arrivâmes à peine une quinzaine de minutes plus tard, et Télio avait à nouveau trop mal pour continuer à voler. Nous fîmes donc les trois-cents derniers mètres à pied.

— J'aurais aimé avoir eu une journée de plus à me reposer, marmonna Télio en se tenant l'épaule.

— Arrête de te plaindre.

Télio me lança un regard noir, mais baissa ensuite les yeux en soupirant.

— J'avais oublié que tu étais déjà passé par là.

Je répondis d'un sourire forcé, préférant ne pas dire ce que j'avais en tête. J'avais fait bien plus que « passer par là »...

Enfin, nous arrivâmes en vue de la ferme. La grange et la maison étaient identiques à ma dernière visite, et je sentis un frisson d'angoisse me parcourir l'échine.

— Ça a l'air abandonné, dit Télio.

— Ça l'est pas. J'y ai vu un cheval, un chat et un petit vieux.

— Rien que des animaux...

— Il me semble avoir mentionné un être humain.

— Ah bon ? C'était le cheval ?

Je levai les yeux au ciel, comme en prière pour m'aider à le supporter. Je préférais de loin quand il avait un bec plutôt qu'une bouche.

— Viens, je te montre.

J'entrai dans la grange et allai à la stèle qui abritait autrefois le cheval... sauf qu'il n'y était plus. Il n'y avait plus que du foin et du crottin un peu partout au sol.

— Ce doit être le chat qui est parti faire une petite balade d'équitation. Leur vieux domestique est surement encore là, quelque part.

— T'es vraiment con, ou tu le fais exprès ? m'énervai-je.

— Un peu des deux, je crois.

— Tu peux me rendre un petit service ? Puisque les amis se font des services entre eux, c'est bien connu !

— Ouais ?

— Ta gueule !

— J'en ai pas, dit Télio avec fierté.

— Bah, ta bouche ! Ton bec ! Peu importe, arrête d'utiliser tes cordes vocales !

Télio haussa son épaule droite, comme en excuse, puis me donna un coup de pied dans le mollet.

— Saloperie, Télio !

Télio me présenta un grand sourire, puis fit un cœur avec ses doigts. Je lui levai le doigt d'honneur et Télio cassa son cœur en deux avant d'essuyer une larme imaginaire au coin de son œil.

— T'es vraiment un cas désespéré.

Télio bougea la bouche, sans produire aucun son.

— Parle.

— J'ai dit ; moi, au moins, j'ai un sens de l'humour, espèce de coincé.

— Et moi, au moins, je connais la politesse, espèce d'impolie, répliquai-je sur le même ton.

— Et moi, au moins, je sais profiter de la vie, sale dépressif !

— Et moi, au moins, j'ai des limites, parce que j'ai vraiment envie de te tuer !

— Et toi, heureusement, t'as aucune arme sur toi, acheva Télio avec son grand sourire.

— Et moi, heureusement, je fais de la boxe.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant