Chapitre 63 ✅

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Arthur et Seth prirent à deux la charge des opérations. Comme première étape, Seth ordonna à tout le monde de faire leurs valises, pendant qu'Arthur allait s'occuper des vaches. Aëlle et moi restâmes proches, pour aider, mais nous n'avions rien à faire, autres qu'attendre.

Un villageois passa près de moi, me lançant un regard de travers au passage. C'était le pépé qui avait détourné mon attention alors que Shell nous tirait dessus, pendant notre petit discours de ce matin.

— Tu saurais pas où se trouve Samy ? lui demandai-je.

L'homme ne répondit rien, me fixant comme si j'étais le dernier des abrutis, puis continua son chemin. Je poussai un long soupir, dépité. Finalement, je me retournai vers Seth, qui était un peu plus loin, les mains dans le dos et regardant d'un œil mort les gens passer près de lui. En dehors de donner des ordres, il n'avait pas plus de choses à faire que moi.

— Eh, Seth, dis-je en arrivant près de lui. Je crois que je vais aller rejoindre Télio... lui tenir compagnie dans ses moments de souffrance, tu vois. Et du même coup, rester derrière et guetter la venue d'autres gardes, que je pourrais arrêter, ou mener sur le mauvais chemin...

— C'est une bonne idée.

— Tu risques pas d'avoir besoin de moi ?

— Ils n'ont même pas besoin de moi, alors toi en plus, qu'est-ce que ça peut leur faire ?

— Bon point...

— Tu devrais d'abord demander à Aëlle ou Arthur où est Télio. En dehors de ça, j'ai pas de conseil à te donner.

— Ouais. Donc, à la prochaine.

Seth me fit un petit sourire et un signe de main, puis je me retournai vers Aëlle, qui n'était pas trop loin. Elle nous regardait déjà, ayant entendu son nom.

— On parle de moi ?

— Non, on se disait juste que toi, tu devrais savoir où est Télio, exactement. Je veux le rejoindre.

— Oh, près d'une grotte, de l'autre côté de la rivière... Tu la trouveras facilement, elle est pleine de chauvesouris.

— Bon choix d'emplacement, dis-je en riant. C'est parfait, je sais où c'est.

Aëlle me refit le même salut que Seth, puis je lui tournai le dos et partie dans cette direction. En une vingtaine de pas, j'étais arrivé près du lieu de carnage, où il y avait des gardes morts. Je me penchai pour attraper un pistolet, vérifiai le chargeur. Je savais le regard de Seth sur moi, mais je l'ignorais, marchant vers la forêt au loin. Quand je fus un peu plus éloigné, je me mis à courir, à pleine vitesse.

J'aurais pu me transformer, ç'aurait été plus rapide, mais je préférais courir. Ça devait bien faire un mois que je n'avais pas eu d'entrainement régulier. Si je ne faisais pas attention, j'allais perdre toute l'endurance que j'avais réussi à emmagasiner. C'était peut-être aussi du fait que je n'avais rien mangé depuis hier, mais je sentais déjà un point de côté me dévorer les côtes.

*

Il me fallut une bonne heure de route, où j'avais alterné entre la course et la marche, pour arriver à la forêt. L'ombre des feuilles me fit aussitôt du bien ; nous étions peut-être encore tôt dans le printemps, la température se faisait déjà de plus en plus chaude, chaque jour.

Après m'être lancé tête première dans le premier arbre à fruit que je pus trouver, j'allai vers la grotte aux chauvesouris, de l'autre côté de la rive. Je regardai, un peu à regret, le pistolet que j'avais trainé avec moi depuis le village de Télio, puis le laissai dans l'herbe, près de la rivière. Je me transformai ensuite pour la traverser et repris pied sur le sol de pierre.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant