Chapitre 101

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Seize heures étaient arrivées, alors que Thor jouait sur l'écran géant. Math, qui s'était assis à côté de moi, me donna un coup de coude et me montra son poignet ; sur sa montre, il était seize heures.

- T'es sûr de vouloir faire ça ? chuchota-t-il en se penchant à mon oreille.

- Pas le choix, sinon on ne saura jamais rien, sinon trop tard, dis-je sur le même ton. Eh, Aël !

Aël, assis à trois rangées devant moi, se retourna pour me dévisager. Ses yeux s'écarquillèrent et un sourire apparut sur son visage quand il réalisa enfin de l'heure qu'il était. Il regarda longuement dans tous les recoins de la pièce, pour vérifier qu'il n'y avait aucun garde, puis se leva de son siège pour me rejoindre. Je me levai à mon tour et me mis devant la porte, alors qu'Aël continuait toujours de me dévisager.

- Où je pourrais me cacher ? demanda-t-il en se tapotant le menton du bout du doigt.

- Sur la cheville ? proposa un clone derrière nous.

- Je pourrais !

Aël retira son teeshirt avant de se transformer. Dans la semi-pénombre de la pièce, où la seule lumière provenait du film, Aël semblait avoir subitement disparu, ce qui ne fit que m'angoisser encore plus en sentant l'insecte géant grimper sur ma cheville, sous mon jean.

- Eh, c'est dégueu, marmonnai-je en grimaçant. Ça te dérange si je fais ça ?

Je levai et abaissai le pied, imitant le mouvement de marche. Aël resta bien agrippé à ma cheville, sans bouger, alors je supposais que tout allait bien de son côté. Enfin, sous le regard des huit clones et d'un seul Math, j'ouvris la porte de la salle et la refermai derrière moi. Presque aussitôt, le garde qui était assis-là près de la porte à lire tranquillement un livre, se leva d'un bon pour me barrer le chemin.

- Hé, non, non, on ne sort pas ! dit-il en écartant les bras devant moi. Ordre de Tom !

- Ça fait huit heures que je suis enfermé là-dedans ! Faut que j'aille pisser !

Le garde baissa les bras en réalisant ce fait. Il regarda partout en soupirant, puis me pointa une porte dans le corridor devant nous.

- T'as qu'à aller là, c'est une salle de bain.

Je regardai la porte qu'il me pointait en me mordant la langue. Cette salle de bain là n'avait pas de fenêtre, rien que des tuyaux d'aération, puisqu'elle était centrée dans la maison.

- Faut que j'aille à celle qui est dans ma chambre, dis-je en levant à nouveau les yeux vers le garde.

- Qu'est-ce que ça change, tu veux seulement pisser, non ?

- Peut-être un peu plus, dis-je vaguement.

- Tu peux faire tout ce que tu as besoin de faire dans cette toilette-là.

- Non, mais... J'ai besoin de prendre mes médicaments, dis-je subitement. C'est prescrit par Remi. Tu vois, j'étais un peu malade, dernièrement ? Je suis Miö.

Le garde soupira en hochant la tête. Bien sûr, quand il m'arrivait un truc, toute la ville était au courant. Mais si j'inventais par rapport à ça, personne ne remarquait rien.

- OK, soupira-t-il. Vas-y, mais reviens vite !

- Merci !

Je tournai les talons et allai vers ma chambre. J'allai à mon meuble de vêtement pour en sortir ma combinaison, puis allai à la salle de bain et fermai la porte derrière moi. Je levai un peu mon jean sur ma jambe gauche et Aël apparut là, une araignée énorme agrippée à mes poils de jambe. Je me retins de gémir de dégout, levant les yeux au ciel pour éviter de le regarder. Je le sentis se retirer de ma jambe en sautant sur mon pied, puis au sol. Quand il ne fut enfin plus sur moi, je me relevai pour lui tourner le dos, le temps qu'il se transforme, et allai ouvrir la fenêtre. Ça faisait un peu bizarre de voir la lumière du jour après autant de temps passé dans le noir à regarder des films.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant