Chapitre 112

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Léo

Quand l'occasion me fut enfin présentée de m'éloigner de Miö, je n'avais pas attendu une seconde de plus. Aël avait grimpé sur mon dos, sous sa forme d'araignée monstrueuse, et je me suis envolé vers la maison de papa.

Il me fallut un peu plus de quatre heures pour m'y rendre ; je devais voler un peu plus lentement pour m'assurer qu'Aël ne tombait pas. Quand nous fûmes enfin arrivées, j'avais mal aux ailes d'avoir autant volé. Aussitôt transformé, ce fut ensuite mes bras qui me faisaient mal.

J'avais atterri derrière un arbre au tronc particulièrement large, à la limite de la propriété. Accroupi, je regardai vers la maison, à la recherche de quelque chose de suspect. Il n'y avait rien. C'était toujours cette vieille maison, avec un mur noir de suie qui n'avait jamais été nettoyé. Le balcon sur le point de s'effondrer, les tuiles du toit pour la plupart tombé au sol, autour de la maison. Il n'y avait aucun signe de vie, mais je savais tout de même que papa était là-dedans. Il ne sortait jamais de la maison.

- Reste transformé, dis-je pour Aël, qui s'était accroupi à côté de moi, à observer la vieille maison. Laisse-moi faire, et si je dis un truc qui te semble suspect, n'y fais pas attention. Ce sera des mensonges.

- Je m'en doute, comme tu n'as fait que mentir tout au long que tu étais avec nous. T'es comme Télio, au fond ; t'as fait ton entrée dans un énorme mensonge, et maintenant t'es coincé dedans jusqu'au cou.

- Arrêtez de me parler de Télio ! m'énervai-je dans un murmure. C'était pas de ma faute !

- Je sais, je te reproche rien ! soupira Aël. Je l'aimais pas, de toute façon. Il me détestait, depuis que je l'avais mordu.

Je haussai les épaules, pas vraiment intéressé par son histoire. Je lui fis signe de se transformer et allai vers la maison d'un pas assuré. J'entrai dans la maison, allai dans ma chambre me prendre quelques vêtements ; rien qu'un jogging et un teeshirt au hasard. Aël me suivait sous sa forme d'araignée, mais il n'était pas vraiment subtil ; rien que son corps, sans les pattes, faisait la taille de ma main.

- Cache-toi ! murmurai-je.

Aël alla se faufiler sous le meuble qui était à côté de lui au même moment que des bruits de pas se faisaient entendre au sous-sol. J'allai aussitôt dans cette direction, me disant que, pour un minimum de crédibilité, je n'aurais pas peur d'être avec papa. Étrangement, en ce moment, j'avais peur.

- Papa ! appelai-je. C'est Léo !

- Ah, Léo ! Viens, la trappe est ouverte.

Je haussai les sourcils, étonné. La trappe était ouverte ? C'était bien la première fois que j'entendais ça. Il verrouillait toujours derrière lui, normalement. Je lançai un regard inquiet derrière moi, où Aël était sorti de sa cachette pour me suivre. Je mis un doigt devant ma bouche pour lui dire de ne pas faire de bruit, et ensuite de me suivre. J'allai à la cuisine où était la trappe. Je tirai sur la poigner, la trappe s'ouvrit sans difficulté.

Je la tins ouverte pour Aël, m'engageai dans les escaliers aussitôt qu'il fût sur la première marche, puis refermai la trappe derrière moi. En descendant à peine quelques marches, je voyais déjà papa, adossé contre son bureau, un sourire d'extase au visage.

- Alors ? dit-il en tournant la tête vers moi. Combien son mort ? Comment ça s'est passé ? Dis-moi tout !

- Heum... dis-je lentement tout en descendant la dernière marche de l'escalier. (Je fis mine de compter sur mes doigts, avant de lever à nouveau le regard vers papa.) Au moins six. Frodo les a littéralement cassés en deux.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant