Chapitre 68

121 15 62
                                    

Télio

J'avais passé une très, très longue journée. À vomir, à souffrir, à... enfin, souffrir de toute sorte de façons.

J'avais regardé avec angoisse le soleil descendre lentement dans le ciel, minute par minute, jusqu'à ce qu'il disparaisse. Il faisait maintenant si sombre que, sous ma forme humaine, je n'y voyais pratiquement plus rien. Miö devrait revenir, maintenant, me tenir compagnie... Pas que j'étais quelqu'un qui manquait cruellement de compagnie, simplement que j'étais quelqu'un de social, qui n'appréciait pas particulièrement de passer une journée entière, seul au milieu d'une forêt, tout près d'une grotte à chauvesouris et qu'ils s'étaient mis à sortir, maintenant qu'il faisait noir, ils me tournaient autour inlassablement, ils me prenaient peut-être pour Miö, et j'en avais ma claque, alors que j'essayais de les repousser, mais que je les manquais à chaque fois...

J'avais réussi à me pêcher un poisson à main nue dans la rivière, il n'en restait maintenant plus rien de comestible. J'avais pris mon temps à le manger, pour bien le savourer, même si je ne raffolai pas particulièrement du poisson. Après l'avoir terminé, Miö n'était toujours pas revenu.

Je levai les yeux vers le ciel, complètement noir. Ça faisait un moment déjà qu'il faisait nuit. Est-ce que j'en avais encore pour longtemps à attendre Miö ? Il n'avait pas grand-chose à y faire, il me semble. Il m'avait seulement dit qu'il voulait surveiller les gardes. Et ensuite ? Ça ne pouvait pas lui prendre tellement de temps. À moins que...

Debbie. Évidemment, il ne pouvait pas passer à côté d'une chance de la voir. Il était surement chez elle, à s'amuser comme les grandes personnes, en se disant « Télio peut bien attendre ». Bah oui, ce n'était pas comme si je m'étais fait mordre par l'araignée la plus hideuse et venimeuse que cette pauvre Terre n'ait jamais portée ! J'étais peut-être encore malade - même si je ne me sentais pas particulièrement au top, j'allais tout de même beaucoup mieux que ce matin - et il n'en avait rien à foutre.

J'attendis ainsi encore un long moment, avant de perdre patience. Je me levai, m'étirai, relevai mon teeshirt pour voir la morsure ; l'enflure avait grandement diminué, mais c'était encore un peu sensible. Finalement, je retirai mon teeshirt et mon bas de pyjama que je portais toujours - puisque je m'étais fait kidnapper alors que j'étais encore couché dans mon lit, ce matin - puis me transformai et m'envolai en direction de la ville. Je m'arrêtai en lisière pour me poser sur une branche d'arbre, regardant le mur. Il n'y avait rien d'intéressant à y voir, vraiment. Il y avait un garde dans chaque tour, des deux côtés de la porte, à pointer leur énorme lampe un peu partout, à la recherche d'intrus.

Ennuyé, je m'envolai à nouveau de ma branche pour passer près des arbres de la lisière, assez loin pour ne rien manquer. Et comme je m'y étais douté, je ne vis Miö nulle part... Hululant de colère, je tournai de bord et reparti vers la ville, cette fois franchissant le mur sans m'inquiéter une seule seconde pour les deux gardes, et j'allai chez Debbie.

Je m'attendais à y voir, métaphoriquement, une partie de rodéo. Je fus étrangement déçu quand, en me posant près de la fenêtre, je vis que tout le monde dormait. Tout ce que je voyais, c'était un bout de la chevelure brune de Debbie dépasser des couvertures.

Sans ménagement, je me mis à frapper la vitre de mon bec. Debbie sursauta en se réveillant, regarda un peu partout dans sa chambre, l'air un peu perdu, puis sursauta à nouveau en remarquant que le bruit venait de la fenêtre. Elle se leva d'un bon, un grand sourire au visage, mais son sourire disparut rapidement quand elle vit le hibou, et non la chauvesouris. En grognant, elle me leva un doigt d'honneur et tira les rideaux pour retourner se coucher.

OK, donc... Miö n'est pas là. Et je n'étais apparemment pas le seul déçu. Mais où était-il, dans ce cas ?!

Je recommençai à frapper la vitre, encore et encore.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant