Chapitre 53 ✅

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Finalement, il n'y avait pas grand-chose à voir dans ce village numéro deux. Ce n'était qu'une ville minuscule qui avait eu la chance de ne pas avoir été touchée directement par la guerre. Aucun impact de bombe, de balle ou de quoi que ce soit. Le seul problème, en fait, c'était l'électricité. À ce que j'avais compris, les habitants de l'endroit, pour la plupart, avaient eu le temps d'aller se réfugier à Digora. Un certain nombre était resté, pour l'amour de leur foyer, mais ils en payaient le prix, à être coincé dans ce trou paumé alors que Digora refusait maintenant l'asile à qui que ce soit.

C'était apparemment pourquoi tous les poteaux électriques étaient dans la rue ; des gens avaient commencé à les retirer, en ayant marre de les voir là sans servir à rien. Surtout qu'à la tempête qu'il y avait eu deux semaines plus tôt – la même où j'avais été pris dehors et où j'avais passé près de me faire griller comme un poulet, pour ensuite terminer noyer dans le fond de la rivière - avait touché l'un des poteaux qui était tombé sur une maison.

Il y avait un nombre respectable d'habitants, à peu de chose près comme au village de Télio, soit environ une cinquantaine de personnes. Dont une dizaine – ou douzaine, pour le moment – n'étaient que des clones.

Malgré le style assez glauque de l'endroit, avec toutes ses vieilles voitures rouillées au bord de la rue, il fallait avouer que c'était cosy. Assez grand pour le confort de tout le monde, il y aurait peut-être même assez de place pour le double.

Mais moi, je ne voyais qu'un seul bémol à l'endroit... il n'y avait pas de serre.

— J'ai faim, grognai-je en me penchant légèrement vers Télio.

— Bah, tu sais ce qu'on dit. Mange ta main, garde l'autre pour demain.

— Ta gueule.

— Jamais.

Je secouai la tête, m'efforçant d'admirer la beauté quasi inexistante de l'endroit. Nous avions déjà fait le tour des lieux deux fois ; il n'y avait qu'une seule rue. Et si on continuait en direction du sud, on allait traverser une longue autoroute bordée d'arbres, se fondant dans une grande forêt.

— Y'a pas grand-chose à voir, en fait, dit Télio au bout d'un petit moment de silence. Ça ressemble à mon village, sauf qu'il y a des magasins... et de la végétation. Et les gens on moins de radiation dans le corps, apparemment, à voir comme ils ont de l'énergie, dit-il en pointant deux hommes qui portaient un poteau électrique comme si ce n'était qu'un meuble de télévision. Et j'ai pas encore trouvé de vaches à sept pattes. J'ai remarqué aucune malformation, en fait. Tout le monde est... parfait.

Au moment où il disait ce mot, Aëlle passa devant nous, portant dans ses bras une boite en carton. Alors que Télio était perdu dans la contemplation de sa perfection, je lui fourrais une grande claque derrière la tête. Télio poussa un petit cri de surprise et de douleur et Aëlle nous lança un regard intrigué, puis continua son chemin.

— Je t'ai déjà expliqué, m'énervai-je en me tournant face à lui. Tu es, techniquement, encore en couple avec Samy. Puisque tu ne l'as, officiellement, jamais largué.

— T'es vraiment chiant... Mathématique a déteint sur toi, je te dis. Monsieur « je suis la voie de la logique ».

— Arrête de te moquer de lui !

— J'arrêterai quand il ne fera plus aussi pitié !

Je levai le poing, commençant à avoir une terrible envie de le lui enfoncer en pleine face – ou plutôt, pourquoi pas un bon coup de pied dans sa hanche blessée ? Mais avant que je ne pus faire quoi que ce soit, j'entendis des pas s'approcher de nous. Je pris une grande inspiration pour me calmer, abaissai mon poing, puis me retournai, mettant un peu de distance avec Télio, préférant ne pas recevoir un coup dans le dos.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant