Chapitre 16 ✅

163 31 57
                                    

Entre la piste de course et mon appartement, c'était une dizaine de minutes de marche. J'osais espérer que Télio y était vraiment.

Je mis le capuchon de mon sweat au-dessus de ma tête et enfonçai mes mains dans mes poches, me sentant partagé entre l'excitation, l'adrénaline, mais surtout l'angoisse. Télio avait déjà prouvé plusieurs fois qu'il était plus fort que moi.

Je prenais de grandes inspirations, essayant de ne pas trop penser. J'avais peur de faire une nouvelle crise de panique ; elles avaient tendance à arriver toutes d'un seul coup. Je n'en avais pas eu depuis trois ans, mais je pourrais bien en avoir plusieurs la même journée.

En levant la tête, j'aperçus, marchant dans le sens contraire, un homme. Il ne me disait rien, je ne lui avais certainement jamais parlé. Mais je voyais les muscles saillants qui étiraient les manches de son tee-shirt et je décidai donc de tenter ma chance. Je me mis devant lui, lui coupant le chemin.

— Monsieur, est-ce que vous êtes un garde ?

— Oui, pourquoi ? dit-il en levant les sourcils. Tu as un problème ?

— Je crois que je vais avoir besoin de votre aide... venez avec moi.

L'homme me suivit aussitôt, sans attendre les explications que je fournis tout de même après quelques secondes à me demander comment formuler tout ça.

— Vous êtes au courant pour le voleur ?

— Oui, si je me souviens bien, c'était à toi de le coincer.

Je hochai la tête, soulagé. Il connaissait l'histoire, et il me connaissait, moi. J'avais, du coup, beaucoup moins de choses à raconter.

— Le voleur, il me ressemble énormément. Et il s'en sert pour se faire passer pour moi, ça à duré toute la semaine. Je veux qu'il parte d'ici !

Au même moment que je disais ces mots, un grondement lointain me fit lever les yeux vers le ciel.

— Vous avez entendu ça ?

— Non, quoi ?

Je grimaçai en secouant la tête ; j'oubliai parfois que mon ouïe était supérieure à la moyenne, et pas qu'un peu. Mais le bruit se répéta, légèrement plus fort. Le tonnerre. Une tempête venait vers nous. Je voyais les nuages devenir de plus en plus foncés. Je me mordis la lèvre, nerveux. Les tempêtes savaient être violentes, par ici, quand elles le voulaient.

— Il va y avoir de l'orage. On devrait se dépêcher.

— Tu m'emmènes où ?

— C'est plus très loin.

J'accélérai le pas et l'homme en fit de même. Pendant qu'il se présentait comme étant Robbie, nous arrivâmes en vue de l'appartement, un immeuble de cinq étages fait en brique, et il commençait déjà à pleuvoir. Je me précipitai vers la porte, mais elle était verrouillée et j'avais oublié mes clés. Bien sûr, j'étais tellement habitué à entrer par la fenêtre sous ma forme de chauvesouris que j'en venais à négliger ce genre de petit détail. Je pestai en levant des yeux suppliants vers l'homme.

— Le voleur est là-dedans...

— Dans un bloc-appartements ? Et c'est pas chez toi, ici ?

—Oui, justement, il se fait passer pour moi !

Robbie se balança d'un pied à l'autre, se demandant visiblement quoi faire. Supposer que je me trompais peut-être et aller se mettre à l'abri de la pluie qui commençait à se faire dru, ou défoncer la porte à coup de pied pour arrêter Télio, s'il se cachait vraiment à l'intérieur.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant