Télio
Pendant ce temps...Rien n'avait été comme je l'avais imaginé. Absolument rien.
Ma seule intention avait été de ramener de la nourriture à ma tante. Est-ce que j'avais prévu de me faire pourchasser par Batman ? Non ! Et je n'avais pas voulu l'attraper ainsi dans mes serres, c'était un accident. Et je n'étais pas pour le laisser inconscient là, au milieu du désert ; je l'avais apporté chez moi. Est-ce que c'était une mauvaise décision ?
Ensuite, c'était vrai, ma mère avait la grippe ; elle a le chic pour attraper n'importe quoi, n'importe quand. Le virus ne pouvait rien contre moi puisque je l'avais déjà eu quelques années plus tôt, mais il était bien possible que j'avais des microbes sur les mains pour l'avoir refilé à Miö. Encore là, ce n'était pas ma faute !
Et enfin, quand je suis gentiment allé voir comment il allait, il y a ce type qui m'avait sauté dessus ! J'ai pris peur, moi, il devait bien faire deux têtes de plus que moi. Je me suis défendu. Qu'y a-t-il de mal à ça ?!
Alors, qu'est-ce que j'étais censé faire, ensuite ? Au point où j'en étais, aussi bien tirer profit de la situation. Je les avais enfermés dans les toilettes, Miö et son garde du corps, et j'étais parti me promener en ville.
Je marchai au milieu de la rue, comme tous les autres habitants de la cité — rares étaient ceux qui avaient des voitures, et encore, c'était maintenant impossible de se procurer de l'essence —, la tête haute et les mains dans les poches. J'avais la même tête que Miö, je portais ces vêtements, et sans rien demander, tout le monde me disait « salut, Miö » en passant à côté de moi. Et ça, est-ce que c'était ma faute ? Absolument pas. Mais j'adorais la chance que j'avais !
— Eh, Miö !
Je me retournai vers la voix, ayant maintenant l'habitude de répondre à ce nom. En voyant le joli bout de femme qui venait vers moi, je souris de toutes mes dents. Samy ne sera jamais au courant de rien.
— Salut, dis-je quand elle fût assez près.
Sans prévenir, elle m'embrassa directement sur la bouche. J'en restai surpris ; moi qui m'attendais à jouer les dragueurs, Miö avait apparemment dépassé ce stade depuis un petit moment.
— Tu vas où, au juste ? demanda-t-elle, les mains sur les hanches et les sourcils froncés.
— Heum... je me promenais, dis-je d'un air innocent.
— Je croyais que t'étais à l'hôpital. Que tu étais malade. J'ai vu Jeremy, ce matin. C'est ce qu'il m'a dit !
— J'y étais ! dis-je en hochant la tête. Mais je n'y suis plus. Je guéris vite.
— Pas à ce point-là, quand même...
— Si, si, à ce point-là !
Je levai les bras en souriant, lui démontrant bien que j'étais en pleine forme.
— Alors pourquoi t'es pas venu en cours ?
J'éclatai de rire malgré moi, mettant une main devant ma bouche pour essayer de me reprendre. En cours ! C'était la fin de l'humanité, et ces crétins de citadins allaient encore à l'école !
— Je sors tout juste de l'hôpital.
— Ah, dans ce cas... tu vas t'entrainer, au moins ?
— Heu... ouais, d'accord.
La fille sourit tendrement, puis tourna les talons et continua son chemin. Je marchai à ses côtés, sans trop savoir quoi faire de plus. Comment s'appelait-elle ? Si elle était la petite amie de Miö — ma petite amie —, ce serait certainement bizarre de lui poser la question. Et j'aimais trop ce jeu pour faire le débile.
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Miö (En Réécriture)
Science FictionMiö est tout sauf normal, et il en a que trop conscience. Trouvé par hasard dans une grange abandonnée à l'âge de cinq ans et à moitié mort de faim, Miö fut le sujet de test et d'expérience jusqu'à ces quinze ans. Mais pour lui, c'était carrément de...