Miö (En Réécriture)

Chapitre 73

Malgré le peu de luminosité dans la pièce, il avait fallu pas moins de trois secondes à Tom pour se rendre compte que son bébé chéri n'était plus là et qu'il pique sa crise, en hurlant son prénom partout – pas Math, mais vraiment Mathieu, ce qui en disait long sur son état émotionnel.

Je m'étais bien rendu compte qu'ils étaient partis de leur plein gré, car sinon, Télio aurait laissé des plumes derrière lui, du sang aurait peut-être même coulé, mais non, il n'y avait rien. Mais Tom hurlait trop pour me permettre de placer un mot. Aussi, je restai sagement là, debout dans mon coin, à ne rien faire du tout.

Un léger bruit me fit baiser les yeux vers le sol ; des pas, depuis l'étage du bas. Je fermai les yeux ; deux personnes, l'un d'entre eux était certainement nu pieds, au son que ça faisait. C'était Math et Télio, de toute évidence ; ils étaient simplement partis pour un tour, et rien ne leur était arrivé.

- Eh, Tom, appelai-je timidement.

Rien à faire, il hurlait encore. Soupirant, je laissai tomber les cordes et sorties de la pièce pour aller attendre les autres dans le corridor. Il ne leur fallut pas longtemps pour me retrouver. Télio grimaçait en se frottant les oreilles, Math avait les yeux rivés à ses souliers.

- J'avoue que je suis curieux, mais je crois que calmer ton papa serait la priorité du moment.

Math approuva d'un timide mouvement de tête, laissa tomber le sac qu'il avait sur l'épaule et passa l'ouverture. Presque aussitôt, les hurlements de Tom cessèrent, remplacé par des accolades et des « oh, où étais-tu passé ? Il ne t'est rien arrivé ?! » plein de tendresse et d'inquiétude. Et dix secondes plus tard, la voix changea à nouveau, remplacé par des « OÙ ÉTAIS-TU PASSÉ ?! » plein de colère, sans une seule once de tendresse. Télio et moi restâmes face à face un long moment alors que nous écoutions à distance Math se faire gronder, ne sachant plus du tout quoi dire.

- Qu'est-ce que tu portes ? demanda Télio au bout d'un long moment.

Il me fallut une seconde pour comprendre qu'il parlait des lunettes. Je haussai les épaules, puis les retirait pour les lui montrer en même temps que j'expliquai ce qu'il s'était passé, de notre côté. Télio ne répondit rien alors qu'il enfilait les lunettes et regardait partout, impressionné.

Quand Tom baissa un peu le son, je me risquai à entrer dans la pièce. Math en était encore à se faire gronder, alors qu'il tentait, tant bien que mal, d'expliquer que c'était sa dernière chance de récupérer ses trucs. En me voyant arrivé, Tom se retourna aussitôt vers moi.

- Pourquoi tu l'as laissé faire ? me demanda-t-il.

Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas le sens de sa question. Puis je me rendis compte un peu tard qu'il se trompait de clone – comme si c'était nouveau – parce qu'il s'attendait à ce que je sois celui avec les lunettes, mais je les avais prêtés à Télio, qui était derrière moi, qui continuais à regarder dans chaque recoin avec.

- Je ne suis pas... commençai-je.

- Arg, je savais que je ne pouvais pas te faire confiance ! s'énerva-t-il. Je parie que c'est même toi qui l'a convaincu de sortir !

- Mais non, m'énervai-je. J'y suis pour rien ! (Je me retournai vers Télio, qui m'observait maintenant avec un petit sourire aux lèvres.) Tu vas pas m'aider, je suppose ?

- Pourquoi je le ferais ? C'était toi qui étais avec Math, pas moi.

- Oh, tu vas pas recommencer ça !

- Recommencer quoi ? dit-il en toute innocence. N'essaie pas de faire passer le blâme sur moi. Tout ce que t'avais à faire était de rester ici, et rien que là, tu as échoué. Tu te rends compte qu'il aurait pu y avoir des gardes cachés un peu partout vous tiré dessus ? Tu t'es pas assez pris de balle, rien que cette semaine, ou tu commences à être accroc ?