Chapitre 25 ✅

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J'avais fait le chemin du retour avec Samy en un long deux heures trente de marche, et aussitôt fait, j'étais revenu à la cité en un peu moins de quinze minutes de vol. J'atterris comme toujours à la fenêtre ouverte du dixième étage de la tour pour me remettre quelques vêtements sur le dos et allais directement où je souhaitais trouver Télio ; ma chambre du sixième.

Je poussai la porte et la refermai derrière moi. Là, dans le lit, je ne voyais qu'une touffe de cheveux roux dépasser des couvertures. Le sourire aux lèvres, je contournai le lit pour m'asseoir dans le fauteuil, et Télio releva les yeux vers moi.

— Tiens, je croyais que tu dormais... Alors, qu'est-ce que ça te fait d'être moi ?

Je crispai mes doigts sur ma chaise, me préparant à recevoir tout un tas d'insultes. Mais contre toute attente, Télio se laissa retomber sur l'oreiller et se mit à pleurer. Je me redressai, étonné. Moi qui croyais qu'il avait un cœur de pierre.

— Euh... Télio, ça va pas ?

Télio secoua lentement la tête, puis se tourna de côté pour me cacher son visage inondé de larmes. Je regardais ses perfusions, vérifiant qu'il ne serait pas un peu trop drogué... avant de me rendre compte qu'il n'en avait pas. Alors, c'était le contraire ; Remi ne lui avait rien donné pour supporter la douleur.

— Heum... Télio, ça va aller, dis-je nerveusement. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer.

— Je suis tellement désolé, marmonna-t-il entre deux hoquets. J'ai été un vrai con. J'aurais dû rester chez moi ; ta vie ne vaut pas de la merde ! Ça fait un mal de chien, ce qu'il m'a fait...

— Ouais, je sais... Bienvenue dans mon monde.

Télio continua de pleurer et je le laissai faire, ne sachant plus quoi dire pour le calmer. Autant j'avais souhaité le trouver dans cette situation et qu'il reçoive ce qu'il avait mérité en volant ma vie, autant je me sentais mal de le regarder souffrir ainsi. Mais qu'est-ce que je pouvais faire ? Il s'était foutu dans cette histoire par lui-même.

— Ça va aller, dis-je encore une fois. Tu vas voir, dans quelques heures, tu ne ressentiras presque plus rien.

— Je suis désolé, répéta Télio.

— J'espère bien que tu l'es ! Qu'est-ce que Remi t'a fait, au juste ?

— Il m'a ouvert l'épaule... j'ai cette impression qu'il y aurait retiré des os.

— Il n'aurait pas fait ça, dis-je en secouant la tête. Normalement, il l'aurait fait pour s'assurer qu'il est capable d'une telle opération sans rien casser sur son chemin...

Pris de doute, j'allai tout de même vérifier sous le bandage qui entourait son épaule gauche. Tout ce que je voyais était la longue cicatrice qui commençait déjà à se refermer et les points de suture.

— Bon, d'après moi, tous tes os devraient être encore là. Si t'arrives à bouger le bras...

— Je veux pas le bouger.

— Tant pis.

Télio essuya lentement les larmes qui coulaient toujours le long de ses joues. Je détournai le regard, jouant distraitement avec le bas de mon sweatshirt.

— Je suis convaincant en essayant d'être compatissant ?

— Quoi ? Si t'essais vraiment d'être compatissant, là, eh bien je te conseille de relire la définition du mot dans le dictionnaire. Pour l'instant, tu as seulement l'air complètement indifférent.

— Tu serais étonné des efforts que je fais ! Maintenant, tu vas me dire ce que tu as foutu durant toute la semaine en te faisant passer pour moi.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant