Chapitre 83

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C'était le moment de vérité. Celui qui marquait la fin du combat, où nous verrons enfin qui étaient les gagnants. La marche dans les corridors me parut interminable, alors que le roi marchait devant nous, tête haute et pleine de fierté, assurée de trouver sa victoire. Ses deux pauvres gardes restants, qui semblaient passablement irrités par la tournure des évènements, se tenaient derrière Simmer, Math et moi. Simmer imitait la posture fière de Mikaël, provocateur, quand bien même qu'il ne pourrait le voir. Math et moi, au contraire, étions trop tendu, au point que nous avions de la difficulté à marcher normalement, alors que l'on s'appuyait l'un sur l'autre.

Faites qu'on gagne, pensais-je de toutes mes forces. Faites que les autres soient toujours en vie. Faites que Télio, surtout... Enfin, pas lui. Qu'importe Télio. Mais faites qu'on gagne quand même... Oh, et puis merde, faite surtout que Télio soit toujours en vie !

Mikaël était arrivé devant la porte d'entrée. De l'autre côté, je percevais quelques bruits, démontrant qu'il y avait toujours des vivants. Maintenant, c'était les alliés ou les gardes qui avaient gagné ? Suspense...

Mikaël se retourna vers nous, un sourire fou au visage.

- Alors ? dit-il fièrement. Vos avis ? On se fait un petit pari ?

- Ouvre-moi cette porte ! s'impatienta Simmer.

Les gardes s'agitèrent, remontant les armes qu'ils avaient déjà en mains. Mikaël leur fit signe de la main de laisser couler.

- Ça va, ça va... j'ouvre.

Et enfin, Mikaël ouvrit la porte, mettant fin à cet interminable suspense. Il regarda longuement de gauche à droite, laissa aller un grognement d'incompréhension, puis sorti dehors. Nous les suivîmes tous les cinq, la peur au ventre.

La première chose que je remarquai fut le nombre élevé de corps étendus au sol, au pied des survivants. Mais quand je levai les yeux, je ne pus comprendre ce que je voyais. À attendre notre retour, il y avait là autant de gardes que d'allié, côte à côte dans les rangs sans aucune trace d'hostilité.

- C'est quoi, ça ?! s'écria Mikaël. Pourquoi vous les avez pas tués, ceux qui restent ?!

Des regards intrigués passèrent dans les rangs. Je reculai de quelque pas, voulant m'éloigner autant que possible de ce roi un peu trop dément à mon gout. J'avais l'étrange impression qu'il ne lui faudrait pas longtemps avant d'exploser.

Quelque chose tomba à côté de moi, et je sursautai en me retournant pour faire face à un clone. En remarquant ses vêtements – pantalon de combinaison, mais rien pour cacher la partie supérieure de son corps -, je reconnus Télio.

- D'où tu sors ? m'étonnai-je.

- J'étais assis sur le toit. (Télio m'abandonna pour aller faire face au roi, l'air aussi menaçant que possible.) Monsieur majesté, on en a marre, de se battre. On veut votre conclusion, et c'est tout.

Mikaël dévisagea Télio d'un air dégouté pendant près de trois secondes, avant de lui enfoncer un coup de poing en pleine gueule. Télio tomba par en arrière sous la force du coup, et un adulte au-devant des rangs se précipita pour le rattraper. Du sang coulait de ses lèvres.

- Vous me décevez ! s'écria Mikaël en tapant du pied. Y'a des intrus à ma porte, et vous, vous faites amis-amis ? Merde, tuez-les !

Les gardes se lancèrent des regards entre eux, l'air de dire : « est-ce qu'il le faut vraiment ? »

- M'sieur, ils sont trop nombreux, se risqua un garde. Peut-être qu'il serait plus sage de trouver une solution pacifique.

- Plus sage ? Et t'es qui, pour parler, toi ? C'est moi, le roi ! Et c'est moi qui ce doit d'être sage ! Et c'est ce que je fais ! On peut pas raisonner avec ces gens ; ils veulent nous prendre notre ville et nous jeter dehors !

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant