Chapitre 106

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Télio

J'avais passé ma journée cachée dans la forêt, avec une cheville cassée. En tombant du mur, hier, j'étais tombé directement dessus. Du moins, c'est ce que je suppose, car la fléchette qui m'avait touché, pleine de somnifères, m'avait assommé avant même de toucher le sol. À mon réveil, par contre, je n'étais plus près du mur, mais dans la forêt. C'était Aël qui m'avait entrainé là ; en voyant les gardes arriver, il avait été le seul à avoir eu le temps de réagir. Il s'était transformé, et aussitôt qu'ils furent repartis avec les autres, il avait escaladé le mur comme le Spiderman qu'il était pour me retrouver et m'aider. Peut-être étions-nous la seule chance restante pour les autres. Peut-être, seulement, car j'étais incapable de marcher.

J'étais assis près d'un tronc d'arbre, la jambe surélevée et les bras croisés. J'en avais marre d'être ici.

- Et si tu allais chercher Remi ? dis-je en levant la tête vers Aël. Peut-être qu'il voudra nous aider.

Aël, à quatre pattes pour chercher des insectes à se mettre sous la dent – je fermais les yeux dès qu'il en trouvait – poussa un soupire en secouant la tête de gauche à droite.

- Peut-être, seulement. Peut-être aussi qu'il va me dénoncer aussitôt que j'aurais mis un pied dans la tour et qu'un garde viendra me kidnapper.

Je soupirai, avouant que c'était une possibilité. Quoique, Remi aimait trop Miö pour se mettre contre lui.

- Je suis sûr qu'il nous aiderait.

- Je suis sûr que non.

Je grognai en levant les yeux au ciel. Un corbeau passa au même moment, au-dessus de la cime des arbres. Je mis mes mains en portevoix avant de hurler :

- LÉOOOO !

Le corbeau continua son chemin.

- Arg ! grognai-je en donnant un coup de poing dans la terre. J'en ai marre d'être ici.

- Je sais, tu le dis tout le temps ! s'impatienta Aël. Je suis pas plus heureux que toi d'être ici, mais je vois pas ce qu'on peut faire.

Je secouai la tête, à bout de patience, puis levai à nouveau les yeux vers le corbeau. Je remarquai alors qu'il avait quelque chose de gros entre les pattes ; trop gros pour sa taille, même. Il semblait avoir de la difficulté à voler droit. Je plissai les yeux, cherchant dans mes gênes de hiboux pour améliorer ma vision. Et je reconnus ce qu'il avait dans les serres ; un petit chat roux.

- Hé, mais c'est vraiment Léo ! m'écriai-je. C'est Léo et Riley ! HÉ, LÉO !

Encore une fois, le corbeau m'ignora complètement, continuant son chemin vers Digora. Aël s'arrêta enfin de chercher des insectes pour lever les yeux vers l'oiseau, avant qu'il ne disparaisse derrière les arbres.

- Tu crois que c'était vraiment Léo ?

- C'est sûr. Il avait un chat roux entre les pattes !

- Pourquoi il s'est pas arrêté, alors ? C'est sûr qu'il t'a entendu.

- J'en sais rien. Je l'ai jamais aimé. Il est tellement... inutile !

- Je t'accorde qu'il est bizarre. Mais t'aimes personne, en même temps.

- C'est pas vrai ! dis-je en fronçant les sourcils.

- Tu m'aimes pas.

- Tu m'as mordu.

- C'est Miö qui me l'avait demandé !

J'ouvris la bouche, frustré, mais ne trouvais rien à répliquer.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant