Chapitre 43 ✅

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Je fus le premier à me réveiller, à plat ventre sur un sol de tapis. Je me redressai à quatre pattes, un peu étourdies, passant ma main droite sur la moquette rouge. Il était doux, moelleux à souhait... ce n'était pas exactement à ça que je m'étais attendu.

Je m'assis, remarquant à un mètre de moi Math étendu sur le dos. Et encore plus loin, sur un canapé, il y avait Tom.

Nous étions dans un simple salon ?

Je me levai totalement, observant partout autour de moi. Sofa, télévision, meuble bourré de livre et de DVD, un petit frigo, mur en motif bois... Je cherchai cette fois une porte, à la limite une fenêtre... mais je ne trouvais rien, sauf une échelle menant à une trappe au plafond.

Pas un salon. Un bunker.

Je grimpai l'échelle et essayai de l'ouvrir, sans y parvenir. Elle était trop solide, ou peut-être aussi qu'elle ne s'ouvrait que de l'extérieur. Ce qui était certain est que nous étions enfermés.

Je redescendis et m'agenouillai près de Math — il avait un œil au beurre noir et un coin de lèvre fendu. Je posai ma main sur mon bras et secouai ; il souleva faiblement un œil au bout de plusieurs longues secondes.

— Meh... marmonna-t-il en refermant les yeux et se dégageant de ma prise. Laisse-moi dormir...

— Comme tu voudras, soupirai-je. Y'a rien de mieux à faire, de toute façon...

J'abandonnai Math et allai cette fois réveiller Tom. Lui, pour sa part, sauta sur ses jambes si brusquement que je manquai de tomber à la renverse, mais il m'attrapa aussitôt par les poignets pour m'en empêcher.

— Ça va, Miö ?

— Oui, j'ai juste...

— Math !

Tom ignora le reste de ma phrase et fonça vers son fils, me repoussant violemment. J'atterris sur les fesses avant de me relever par moi-même en grognant. Tom s'était agenouillé près de Math alors que j'étais en retrait, sentant une pointe de jalousie me pincer le cœur. Moi aussi, j'aurais aimé avoir un père...

— Ça va, je vais bien, marmonna Math avant que Tom ne pose la question. Le sol est confortable...

— Tu as mal quelque part ?

— Ma main, t'es assis dessus.

Tom se releva aussitôt et, en effet, il s'était vraiment assis sur la main de Math. Réalisant qu'il n'avait pas du tout l'intention de se lever, Tom le souleva dans ses bras et le mit sur le canapé. Math marmonna quelque chose, puis se tourna de côté pour dormir.

— Et toi ? dit Tom en se retournant vers moi au bout de quelques longues secondes. Tu vas bien ?

— Oui, dis-je encore une fois. Je suis juste un peu étourdi.

Je passai une main sur mon crâne, où était le coup que je m'étais pris. Il n'y avait pas de bosse, ni même de plaie, mais je sentis une mèche de mes cheveux bien dure, probablement solidifiée par le sang séché.

— Je suis désolé, soupirai-je en baissant les yeux vers Math, toujours étendu sur le canapé. Tout ça, c'est ma faute.

— Non, dit Tom en secouant la tête. C'est... la faute du roi. (Il regarda en l'air, comme s'il craignait que la foudre ne s'abatte sur lui.) Tu sais, nous sommes dans son bunker. Qui est juste en dessous de son bureau. S'il est dans son fauteuil, ça veut dire que ses fesses sont directement au-dessus de ma tête.

— Pourquoi nous sommes là ? J'avais plutôt imaginé me réveiller en prison.

— C'est un secret que nous avons, entre gardes, dit Tom dans un rire. La ville n'a pas de prison, et le seul poste de police est dans le côté ouest, quelque part sous les débris. On n'a pas le droit de le dire, car les citadins pourraient croire qu'il n'y a rien pour leur empêcher de faire ce qu'ils veulent.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant