Chapitre 28 ✅

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Il m'avait fallu une bonne dizaine de minutes avant de retrouver mon calme et d'enfin pouvoir quitter Debbie et retourner voir Télio avec l'assurance de ne plus lui faire aucun mal. J'entrai dans la chambre après avoir cogné contre la porte et trouvai Télio et Math qui discutaient simplement, à croire qu'ils étaient maintenant amis. Ou du moins, comme je ne manquai pas de le remarquer, Télio parlait avec un grand sourire, alors que Math faisait de son mieux pour cacher son trouble.

Télio semblait déjà presque entièrement guéri de tous les coups qu'il s'était pris au visage. Il ne lui restait plus qu'un hématome d'une étrange couleur verdâtre au coin de sa bouche et une autre plus pâle, presque invisible, un peu plus haut sur la même joue. En revanche, ses dents portaient toujours d'une discrète teinte de rouge.

— Enfin, t'es revenu, dit Math dans un soupir, avant d'ajouter tout bas en ce penchant à mon oreille : il parle encore plus que Saphie, c'est insupportable !

— Il n'a rien dit de méchant ?

— Seulement contre toi.

Math sorti de la pièce, me laissant me débrouiller avec mon jumeau diabolique.

— Qu'est-ce que t'as dit ?

— Je lui disais à quel point je t'apprécie, dit Télio avec son éternel sourire. Et à quel point tu es canon !

— On a le même visage, dis-je en plissant les yeux.

— Justement.

Je ne répondis rien, me contentant de baisser la tête, découragé. Télio était un cas désespéré.

— Allez, sort de là, avant que je change d'avis.

Télio ne se fit pas prier, sautant en bas du lit. Il avait enfilé un teeshirt, alors je n'avais pas à craindre qu'il me fasse faux bon. Malgré tout, je restai sur mes gardes et le suivis à la trace dans le corridor, le guidant jusqu'à l'ascenseur.

— Qu'est-ce que t'as fait de ta combie ? demandai-je.

— Je l'avais laissé au village. De toute façon, je ne voulais pas me transformer en hibou, ç'aurait été le meilleur moyen de leur faire comprendre que je n'étais pas toi.

— Tu ne t'es pas transformé de la semaine ? m'étonnai-je.

J'adorais voler. Du coup, j'étais incapable, à sa place, d'envisager sept longues journées sans le faire. Même si je l'avais fait il y a peu, mais justement, j'étais malade. Je n'avais pas la tête à ça.

— Mais oui, la nuit, quand il n'y avait personne pour me voir, dit Télio en pouffant, comme si ma question était particulièrement stupide.

Nous étions parvenus à l'ascenseur. J'appuyai sur le bouton et il arriva en quelques secondes. J'agrippai Télio par le coude pour le faire entrer en premier. Il se dégagea en me lançant un regard noir, mais je l'ignorai, pressant sur le bouton du dixième étage.

— T'as vraiment peur que je fasse un autre coup foireux, hein ?

— Qui n'aurait pas peur, à ma place ? Venant d'un type ayant une personnalité aussi foireuse que la tienne, il faut s'attendre à tout.

Télio ne répondit rien, les lèvres pincées et les yeux levés vers les chiffres qui défilaient sur l'écran. Je regardai dans la même direction, mais quand je reportai mon attention vers Télio, soudain mal à l'aise du silence qui s'installait, je remarquai avec étonnement que Télio avait pris une mine plus sérieuse et qu'il me présentait sa main, comme si j'étais censé la serrer.

— Et si on faisait une trêve ?

— De ?

— Tout ça... Je me suis bien rendu compte que ma vie n'a rien à envier de la tienne, de toute façon. Je sortirai plus de mon village, toi de ta cité... ou, au moins, on restera ami. Ça te va ?

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant