Chapitre 94

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J'ouvris lentement les yeux, incertain. Je ne me rappelai même pas être entré dans ma chambre, alors qu'est-ce que je faisais ici, maintenant ? Faut croire que la drogue avait été vraiment forte pour me faire oublier tout un bout de ma journée.

Ma vision était floue. Mais plus je focalisai, plus j'arrivai à voir. Un visage était penché près de moi. Remi, surement... Je clignai des yeux à plusieurs reprises, jusqu'à voir correctement ; c'était le visage de Debbie.

Je me redressai aussitôt en criant de panique. Debbie se redressa, tout aussi étonnée que moi.

- Va-t'en, je veux pas que...

- Que quoi ?

Je fronçai les sourcils, regardant un peu partout. Je n'avais pas de perfusion, j'avais toujours mes habits de sport.

- Qu'est-ce que... qu'est-ce que je fais ici ? Je n'ai pas eu d'opération, hein ?

- Bien sûr que non, dit Debbie en secouant la tête. C'est fini, les opérations.

- Oh, c'est vrai... Mais...

- Tu t'es évanoui sur le terrain, dit Debbie. T'as fait peur à tout le monde.

Je fermai les yeux, essayant de me souvenir. Je sais que je courais, j'étais anormalement épuisé. Et puis... plus rien. J'étais ici.

Debbie se pencha près du bord de mon lit et appuya sur la cloche.

- Pourquoi tu fais ça ?

- Je devais prévenir Remi quand tu te réveilleras. C'était ma seule condition pour pouvoir rester près de toi. Sinon, comment tu te sens ? Tu vas bien ?

- Oui, très bien. Je suis juste fatigué... J'ai l'impression de sortir d'une sieste imprévue à deux heures de l'après-midi. C'est déstabilisant.

Debbie se leva de sa chaise et vint s'allonger sur le lit avec moi, épaule contre épaule, sa tête contre la mienne.

- J'espère que tu iras mieux, dit-elle après un silence. Je suis sûr que c'est un truc que Télio t'a fait.

- Oh, c'est bon, Télio n'y est pour rien, soupirai-je. Ça fait déjà un moment qu'on s'est pardonné. Et puis j'ai réussi à lui refiler une phobie assez utile.

- Laquelle ?

- Il a peur du karma.

Debbie éclata de rire avant de cacher sa bouche de sa main. Il lui fallut un petit moment avant de calmer son fou rire, et je la laissai faire ; son rire était assez contagieux. Remi arriva enfin dans la pièce, tout son matériel médical avec lui. En nous voyant rire, il se mit à sourire à son tour.

- J'ose espérer que ça veut dire que tu vas mieux, Miö !

- Je me sens bien, dis-je dans un haussement d'épaules.

- Assieds-toi droit.

Mon rire perdu de son intensité alors que je savais parfaitement ce que ça voulait dire ; il allait me faire des tests, à commencer par ma pression. Je m'exécutai, Debbie s'éloigna pour me laisser un peu de liberté de mouvement. La honte me noua la gorge alors que je remontai la manche de mon chandail pour lui présenter mon bras strié de cicatrices. Debbie posa sa main sur mon deuxième bras, comme pour m'assurer que ce n'était rien. Je me permis enfin de souffler et de sourire à nouveau pendant que Remi faisait ces tests. Il ne lui fallut pas plus de cinq minutes pour faire le tour ; prise de sang et stéthoscope, il vérifia même l'intérieur de ma gorge et de mes oreilles.

- Je vais bien, dis-je, commençant à perdre patience. Je peux y aller, maintenant ?

- Oh non, tu restes ici ! Je t'ai laissé filer hier, je veux pas te retrouver encore une fois évanoui à l'autre bout de la ville.

Miö (En Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant