À mon réveil, j'étais étendu à plat ventre dans mon lit, bavant sur mon oreiller. Je levai lentement la tête, mais une vive douleur au cou me força à arrêter tout mouvement.
- Miö, t'es réveillé ?
- Oui, marmonnai-je. Math, c'est toi ?
Math apparût dans mon champ de vision, s'asseyant au sol contre ma table de nuit.
- Remi n'en a pas encore fini avec les autres, il m'a demandé de veiller sur toi en attendant qu'il revienne. Ça ne devrait pas être trop long, ça fait déjà vingt minutes qu'il est parti. Alors, ça va faire mal, mais il faut que tu te redresses. C'est important de vérifier que tout fonctionne. C'est ce qu'il m'a dit.
Je pris une grande inspiration, puis me redressai pour m'assoir au coin du lit. Je pliai et dépliai les bras et les jambes.
- En dehors de mon cou, j'ai mal nulle part. C'est bon signe, je suppose ? Mais je me sens étrangement lourd...
- C'est normal, dit Math avec un sourire. (Il se leva et prit quelque chose sur la table de nuit, avant de me le tendre, ainsi qu'un verre d'eau.) Tiens, c'est pour le mal. T'en as encore plus plusieurs heures à avoir le cou qui pince ; avec ça, tu ne sentiras plus rien.
- Je sais ce qu'est un antidouleur, dis-je en roulant les yeux. (Je pris la gélule et l'avalai avec quelques gorgées d'eau. En levant la tête pour la faire passer, la douleur au cou me la fit presque recracher, mais je tins bon.) Il est quelle heure ?
- Presque dix-neuf heures. (Math prit une grande inspiration, avant d'ajouter :) Tout est prêt pour l'enterrement. Il ne reste plus qu'à attendre Léo et Riley, que Remi leur retire la puce et qu'ils se réveillent.
J'avais eu le malheur de prendre une gorgée d'eau en même temps qu'il me disait ça. Je mis une main sur ma bouche, m'empêchant de justesse de tout recracher, avant de lever les yeux vers la table de chevet.
- Une seule gélule ne me compte pratiquement rien, tu sais. Je guéris trop vite et les effets ne vont pas me durer assez longtemps.
- Ha, ha, tu m'auras pas sur ce coup-là, junkie. Toute façon, Remi ne m'en a laissé qu'une seule. Écoute, je sais que c'est dur pour toi, mais n'empire pas les choses non plus.
Je grimaçai un sourire avant de reposer le verre d'eau sur la table et de me glisser sous les couvertures.
- Je vais essayer de dormir. Viens me réveiller quand ce sera prêt.
- Tu n'auras pas le temps de dormir, ce n'est qu'une question de minutes.
- Allez, laisse-moi !
Math soupira avant de hocher la tête et de quitter la pièce, fermant la porte derrière lui. Je fermai les yeux et remontai les couvertures au-dessus de ma tête. Si seulement je pouvais sauter cette journée et passer directement à demain...
Il ne s'était écoulé pas plus d'une vingtaine de minutes quand quelqu'un entra dans ma chambre. Je sortis à regret ma tête des couvertures ; c'était Simmer. Peut-être le seul assez courageux pour m'affronter dans mon état d'esprit.
- Lève-toi, Miö. Faut y aller.
À sa tête, je savais qu'il valait mieux ne pas le contrarier. Les mains dans les poches et tapant du pied, l'air renfrogné. Je sortis du lit et allai à mon meuble de vêtement pour en sortir un sweatshirt noir, que j'enfilai en même temps de suivre Simmer qui sortait déjà de la chambre.
Le trajet se fit en silence, c'était incroyablement tendu, mais ce fut tout de même trop rapide à mon gout. En une petite minute de marche, nous avions déjà atteint la porte menant au jardin, dans la cour arrière. J'y trouvai la scène d'enterrement classique ; les deux cercueils devant leurs pierres tombales, avec le petit attroupement de spectateurs, pour la majorité assis sur des chaises en bois noirs toutes simples. D'autres étaient debout, tout autour de nous, majoritairement des gardes, mais d'autres aussi parce qu'il n'y avait simplement plus de chaise. Pourtant, en regardant bien, je trouvai une place libre, près du bord. Je m'y avançai, n'y croyant pas vraiment ; c'était surement une place réservée. Mais une fois près de la chaise, je figeai en remarquant qui était assis juste à côté ; c'était Debbie.
VOUS LISEZ
Miö (En Réécriture)
Science FictionMiö est tout sauf normal, et il en a que trop conscience. Trouvé par hasard dans une grange abandonnée à l'âge de cinq ans et à moitié mort de faim, Miö fut le sujet de test et d'expérience jusqu'à ces quinze ans. Mais pour lui, c'était carrément de...