Miö (En Réécriture)

Chapitre 111

Je repris connaissance une minute plus tard, bien sonné. J'avais mal partout, chaque muscle me faisait souffrir. Mais je me relevai ensuite en sursaut, convaincu que le monstre était toujours tout près, prêt à m'écraser sous ses pieds nus. Je regardai partout, longuement, sans trouver de monstre. Tout ce qu'il y avait, c'était la ruelle, les clones – les gentils – autour de moi. Simmer et Seth étaient assis à même le sol, aussi sonnés que moi. Léo et Riley étaient assis un peu plus loin, contre le mur d'une bâtisse, dans les bras l'un de l'autre. Aël et Hadrien étaient debout, près d'Albert. Tout le monde tournait le dos au corps d'Arthur, à l'entrée de la ruelle.

- Il s'est passé quoi ? demandai-je en me massant le bras gauche. Il est où ?

- Il est parti, dit Simmer qui semblait complètement à plat. Après qu'Aël et Hadrien l'eussent mordu, il a dû comprendre que le venin allait agir rapidement. Il est parti avant de se retrouver en position de faiblesse. (Simmer leva les yeux pour me lancer un regard inquiétant, avant de le descendre à nouveau vers ses genoux.) Il s'est transformé en chauvesouris et il s'est envolé.

- Quoi ? m'étonnai-je en me redressant.

- Tu as bien entendu, soupira Simmer. Il s'est transformé en chauvesouris. La même espèce, et tout. J'avais vraiment cru qu'on avait inversé les rôles, quand je l'ai vu.

Je levai les yeux vers les autres, espérant qu'ils allaient me dire que Simmer plaisantait. Mais non, ils étaient tous sérieux. Comment faire des blagues dans un moment pareil, après tout, alors que le cadavre d'Arthur, déchiré en deux, trainait un peu plus loin derrière nous ?

Alors que je les dévisageais chacun à tour de rôle, mon regard croisa celui de Léo. Il baissa aussitôt les yeux, mais le mal était fait. J'avais bien vu qu'il avait la réponse à tout.

- Léo, dis-je d'un ton dur en me levant maladroitement. Explique-moi !

Léo poussa un petit soupir d'impuissance avant de lever les yeux vers moi.

- L'ADN que papa... que le vieux t'as prélevé. Elle a été utilisée pour créer ce monstre. Je croyais qu'il voulait faire une armée, mais en fin de compte, il a plutôt mis l'ADN de plusieurs d'entre nous dans le même clone. Si j'ai raison, le monstre – il s'appelle Frodo, d'ailleurs – peut se transformer en chauvesouris, en corbeau, en chat, et... (il lança un petit regard vers Arthur, avant de revenir à moi.) En cheval.

- Comment ça se fait que tu saches tout ça ? dit Seth rageusement. T'es un espion pour le vieux, ou quoi ?!

- Ouais.

Léo baissa à nouveau les yeux devant tous les clones qui le dévisageaient.

- Tu as dit au monstre que vous étiez du même côté, signala Aël. C'est vrai ? T'avais l'intention de nous tuer ?

- Bien sûr que non ! s'énerva Léo en serrant les poings. J'ai dit ça pour qu'il ne fasse pas de mal à Riley.

- Et visiblement, il t'a cru, dit Simmer calmement. Il croit que vous êtes vraiment du même côté.

Léo s'apprêta à protester à nouveau, mais devant tous les regards qui pesaient sur lui, il abandonna la cause et secoua mollement la tête.

- D'accord, dit-il enfin. J'explique ; j'ai passé ma vie entière chez papa. Il était le seul que je connaissais, en dehors des quelques autres clones qui étaient avec moi... qui sont tous mort ou partit. Mais moi, je pouvais pas l'abandonner, et vraiment, je comprenais pas pourquoi les autres le fuyaient comme la peste. J'ai suivi Télio, quelques semaines plus tôt, par curiosité sur Digora, et aussi de l'avis de vous, les traitres qui avaient tous abandonné papa. J'ai joué l'innocent pour ne pas éveiller de soupçon. Mais quand j'ai entendu Miö répéter à qui voulait l'entendre qu'il allait tuer le vieux, eh bien, je suis allé le lui dire. Je crois que c'est là qu'il s'est mis dans l'idée de tous vous tuer. Possible que ça date d'avant aussi, surement même, mais il a lancé la chose plus tôt à cause de moi. Mais ce matin, quand je me suis rendu compte qu'il avait placé des puces en Riley et moi, là, j'ai changé de camp ! J'ai essayé de le tuer, mais il a activé la puce avant, et... j'en ai perdu mes moyens.