En imposer pour ne pas avoir à imposer, voilà en quoi consiste le charisme.
De : François Proust
Danger.
C'est cette sensation qui m'a fait ouvrir les yeux avant que mon alter ego ne grogne pour me réveiller. Ils sont de plus en plus proches, ils ne sont pas reposés cette nuit. Il faut bouger. Je me lève en mettant un genou à terre, une de mes mains me soutient. Sous elle je sens la vie des miens qui courre, je sens aussi la force de la terre elle remonte le long de mon bras et explose en un million de petites étoiles dans mon cœur. Mon autre main est sur mon genou replié, je ferme les yeux et relève les nez vers le ciel. Comme un abruti, j'essaie de toucher les étoiles avec la main qui ne me soutient pas.
Inaccessible. Comme beaucoup trop de choses. Mon petit frère pouvait passer des nuits entières à les regarder, je n'ai jamais vraiment compris pourquoi. Je ne vois pas ce qu'il voyait, je n'ai pas son esprit.
Devant nous le puant est adossé contre un roché. Sa douleur est si forte que j'ai du tout absorbé pour ne pas faire souffrir le reste de ma meute. J'ai l'impression d'avoir une masse noire qui absorbe tout sur son passage. J'ai envie de gerber.
Dans la nuit, Myst s'est joint à son loup pour le soutenir. Peut-être que j'aurai pu lever mon cul pour le rejoindre, pour... Pour faire quoi au final ? Le consoler ? Le soutenir ? Et puis quoi encore... Chacun sa merde. Surtout lui. Myst me grogne dessus, il est temps de bouger. J'ignore ses insultes. On est pas toujours d'accord lui et moi.
Pour les réveiller, mon loup gronde doucement, il appelle les autres loups comme le meneur qu'il est depuis des siècles.
— On se casse. Je leur murmure quand tout le monde a ouvert les yeux.
Tous se lèvent, on prend nos sacs et on se casse.
Trois pattes prend la tête de notre groupe, il me regarde pour savoir quelle direction prendre, du menton je lui indique un chemin.C'est la terre qui me guide quand j'ai un doute ou que je ne sais pas ou aller je n'ai qu'a la toucher pour savoir et tout à l'heure elle m'a indiqué une autre direction qu'hier soir. Quelque chose changé dans les plans de la terre, le tout est de savoir quoi et pourquoi, comment peut aussi aider, quoi que je m'en cogne pas mal au final.
Le soleil est bien haut quand on s'accorde quelques minutes de repos. On se cale contre un arbre ou alors dos à dos avec un autre. Il est trop tôt pour que notre corps fatigue, c'est plus notre, mon, moral qui est naze. Pourtant la forêt est belle. Magnifique même et nous sommes en route pour rentrer au pays. Tout autour de nous les arbres se font plus verts que la veille, on est dans un sous-bois. Il y a de la mousse bien verte et épaisse sur des troncs, le soleil filtre entre les branches. Les rayons laissent apparaître la vraie nature de ce lieu, il regorge de vie, il resplendit, mais il est sali par ces cons d'humain. La vie, la nature sentent la maladie. Notre monde se meurt.
— Pour le canari, le chat est un monstre, ils ont l'habitude d'être le chat. Me souffle Myst quand je regarde tout autour de moi.
Je souris par ce que ce c'est une phase que le Premier et mon père nous disait souvent.
— Il est temps de changer les choses alors...
— Sans devenir le chat, Louis, sans devenir le chat. Insiste mon loup dans un soupir fatigué qui me paraît vraiment lointain.Myst n'est pas comme Nautoo et je ne suis pas comme mon père, il est temps que mon univers le sache. On n'est pas comme eux, mais nous ne tenons pas du pecnot du coin non plus.
— Chef, commence le français je le regarde pour savoir ce qu'il me veut encore. Ça a l'air sympa ta baraque, il hausse les épaules.
Je lève es yeux au ciel en grimaçant un sourire, je n'ai pas grogné c'est déjà ça. Bien sûr il se marre, le piaf revient sur mon épaule avec un mulot dans le bec. Je lui gratouille le cou du bout du doigt.— C'est bon pour tout le monde ? Trois pattes ? Ils hochent la tête ou me répondent oralement à la positive. Je me penche et touche le sol, sur la droite. Par là je dis a mon Beta. Il nous guide donc dans la bonne direction sans ajouter quoi que ce soit.
— Chef, il faut marcher le plus longtemps possible le danger se rapproche. Me dit mon second sans ouvrir la bouche.
— On ne mute pas, les cons d'humains peuvent le détecter. Je lui réponds de façon de façon qu'il soit le seul a m'entendre.
— T'es sur de la direction ?
— Oui, la terre me l'a donné.Il ne me répond pas, il va me prendre pour un dingue. Si c'est pas déjà fait.
On se repose peu les jours suivants, on mange en marchant on pisse en marchant et on ne parle que très peu. Seuls nos loups nous maintiennent à flot.Myst ne cesse de prendre possession de mes yeux pour affûter nos sens, de temps en temps il me guide ça me permet de me reposer.
Le soleil fait encore son chemin une bonne paire de fois avant qu'une odeur de loup nous parvienne.
Au fond de moi je sens mon alter ego qui montre les dents et qui couche ses oreilles sur son crâne.
— ils ne sont pas proches. Qu'il me grogne en bavant sur le sol de son antre. Je sais aussi qu'il fléchit les pattes près a sauter sur le premier danger qui passe a porté de crocs.Tout autour de moi mes loups sont en alerte, on s'est regroupé pour former un cercle. On se protège tous.
— Chef ? me demande mon Beta. Je sens leurs excitations, l'excitation de la chasse, galvaniser nos veines. Myst et moi ne sommes plus qu'une masse grouillante et bouillonnante sombre aux sens affûtés. Létal. Un groupe de deux loups a dix kilomètres vers le nord, ils ne bougent plus, un loup seul a moins de cinq kilomètres de nous. On sent qu'il est en attente, on sent l'énergie qu'il dégage, il nous étudie. Le piaf prend de la hauteur en silence, je sens son énergie au-dessus de nous. Il observe.
Si un loup doit sonner l'alerte, ce sera lui qui le fera. C'est son rôle. D'autres loups aussi. Loin. Bien trop loin pour un danger immédiat.
Je laisse le grondement de Myst faire trembler ma poitrine il veut dire « on reste sur nos gardes, on avance.
Mon loup tourne en rond dans son antre, il veut, non il doit sortir ; il le doit, car il est le chef, car sommes un Alpha et que nous avons fait la promesse de saigner mille fois pour chacun des notre. Je suis d'accord, notre meute avant tout. C'est la volonté de la meute, l'instinct du loup. C'est ancré si profondément en moi que je regrette de ne pas m'être cru assez fort pour ce beau merdier.D'un coup d'épaule je vire mon sac troué, je ne l'entends pas tomber au sol, je dégage mes pompes rapido et je le laisse sortir. Il explose littéralement, il le fait pour impressionner ceux qui peuvent nous sentir, pour montrer qu'on est le plus fort et surtout qu'on a peur de personne.
Les secondes qui suivent me paraissent affreusement longues, elles le sont. On est conscient de tout. Du léger vent frais sur notre fourrure, des fourmis qui passent sur nos pattes, de la terre sous nos griffes, de la présence de chacun de nos loups, de leurs cœurs... Leurs souffles lents et profonds.
On sent aussi les autres, aucun n'a bougé. Le loup seul dégage une odeur âcre, comme ceux qui vivent dehors depuis longtemps avec une toute petite pointe de peur.
Ce n'est pas assez, il ne nous connaît pas et nous ne volons pas le connaître. On renverse notre lourde tête vers le ciel et on se met à hurler. On hurle au soleil notre force et notre détermination. On hurle au soleil nos intentions et on laisse le vent lui porter le message.
Le vent ne déforme jamais les sons, il les emmène sans jamais prendre parti pour l'un ou pour l'autre. Le vent est un des fils de Mère Nature. Comme la terre.
Le loup ne bouge pas, il se contentera de nous observer de loin.
On le sait.
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La rage du loup
WerewolfTout est parti en vrille à ce moment-là. On l'a tous senti, de toute façon, on était tous relié les uns autres quand cette merde nous est tombée dessus. De toute façon, on est encore tous relié, mais on se la joue perso ... Enfin, on essaie ... Heu...