La bêtise insiste toujours
Albert Camus.
— Pas de regrets ? Me fais pas regretter ma question, je grogne au Français quand il se met a nous regarder avec ses yeux de merle en fris.
— Bon ! On n'va pas se mettre en retard non ? Hein chef ? Qu'il nous répond en passant devant nous pour partir tout sourire malgré la ride qui lui barre le front.
Il nous regarde par-dessus son épaule et lève une simple main en guise d'au revoir à son pays.Je le regarde avancer, il vient d'enfoncer ses mains dans ses poches et regarde droit devant lui. Plus sûr de lui, y'a pas. Son énergie nous indique qu'il est confiant et impatient, un peu triste, mais pas indécise. Il sait ce qu'il veut et comment il le veut, Myst me dit qu'ils ne seront chez eux que là ou on sentira chez nous. C'est un fait, on le sait.
— Allé les gars on se bouge !
Nos loups se lèvent et embarquent leurs sacs. Ils piaillent pas mal sur les jeunes qu'on doit bientôt retrouver. On se demande bien qui ils sont, j'ai un mal de chien à me souvenir des jeunes qu'on encadrait ce jour-là. Je me souviens d'eux, de leurs odeurs, mais pas plus.
— Loups, je commence avec une voix basse, chantons pour ce pays. Quand Dave se retourne pour nous regarder son regard nous touche au plus haut point. Sans un mot, il nous remercie, son sourire et son regard en disent long. Il passe une main dans ses cheveux, un peu trop longs, en soufflant un petit rire. Il opine légèrement du chef avant de laisser glisser son sac sur son épaule en regardant le ciel.Avant de laisser ma place à mon loup je mets un genou à terre pour prendre une poignée de terre dans une main. Mère Nature nous dit que la maison est proche et le danger loin.
— Dis, tu as une dernière recommandation pour nous ? Me demande Marin, l'humain a la cheville abîmée, qui se soutient avec un énorme bout de bois. Dans son dos le jeune meneur le suit sous sa forme animale, il y a aussi d'autres humains, des jeunes et des moins jeunes, et quelques loups.
— Pas s'faire bouffer. Je propose en me moquant ouvertement de lui.Il se marre et me tend une main que je serre sans dégoût.
— T'es de loin le plus dangereux que j'ai eu l'honneur de croiser alors ça devrait aller ! Je lui montre les dents et laisse le grognement de Myst passer à travers mes lèvres. Une fois de plus, l'humain se moque de nous.
— On peut chanter pour dire au revoir ? Je demande au jeune meneur, après tout on n'est pas chez nous, c'est à lui de décider ce qu'il veut ou non.
Pour toute réponse il lève son énorme tête vers le ciel pour donner le ton.
Le vent, fils de Mère Nature, porte notre chant partout dans le monde, il fait entendre notre message d'espoir et de liberté à tous les loups qui peuvent l'entendre. On souhaite aussi une bonne route à cette meute.
Les humains, les pour loups, mettent nos affaires dans nos sacs, nous les donnent et on commence a partir.J'indique à notre Beta le chemin à prendre, il se fait suivre par les nôtres en ignorant le plus possible nos loups qui se chamaillent dans son dos.
Le vent nous porte la réponse de nos semblables, ils viennent de partout, ils sont là tapis dans le monde à l'affût de leur chance pour vivre librement. Ils nous disent qu'on est plus nombreux qu'on ne le pense et dans ce mélange de voix deux, plus jeunes, plus fraîches, nous appellent. Connu.
— Ils nous guident.
— On va les retrouver, je souffle à mon loup qui prend plaisir à fouler la terre.
— Chef ?
— Oui ?
— C'est les deux jeunes qu'on doit retrouver ?
— Oui. Je souffle à notre Omega en souriant comme un damné dans mon antre.
Il se met à chanter à son tour, il leur dit qu'on arrive, que la distance n'est rien. C'est son rôle.— C'est moi ou il se dandine ?
— Pas qu'un peu...
— Bouffe-lui le cul !
Sans un bruit, on se rapproche de Dixon et toujours sans aucun bruit on lui pince le cul du bout des dents. Il se met à couiner et courir droit devant lui, il percute le loup qui était devant lui et nous on se marre comme des fous.Pas peu fière de notre connerie on se met à chercher les nôtres pour jouer. Oui, jouer comme des louveteaux insouciants et légèrement cons sur les bords. Surtout très con.
Juste avant que le soleil se couche on entend encore le chant de la meute de France, elle demande au vent de dire a tout le monde qu'une meute de loups a l'Alpha qui a un œil doré foule la terre pour rentrer chez elle au nez et a la barbe des cons d'humains.— On a plus le droit de merder maintenant. Me souffle mon loup en donnant une direction a notre Beta.
— Je sais... Il est toujours là.
— Il le sera toujours, il va vouloir t'engloutir pas parce que tu es faible ou lâche, mais parce qu'on est balafré.
— C'est fou ce que tu parles bien le loup quad tu veux.
— C'est fou ce que tu sens bon l'humain. Qu'il me répond en faisant un sourire plein de dents.
On se marre.
Aller jusqu'en Serbie n'a pas été si long. Merci Mère Nature, après tout, tous les matins le paysage changeait sans que nous n'ayons bougé d'un iota. C'est assez flippant la première fois puis on s'y habitue vite. Chaque soir, on entend le chant des nôtres se faire porter par le vent. Il nous dit que plus ne plus des nôtres sortent de l'ombre et qu'il y a aussi beaucoup de pour loup qu'on ne le pense.Juste avant d'entrer dans ce pays je suis à deux doigts de commettre un meurtre. Le français, encore lui, fait chier tout le monde avec ses Mars. Il y a un magasin, qui dit magasin dit bouffe donc...
— Juste un paquet !
— Et tu le payes comment ? Réplique Dixon en cherchant quelque chose à se mettre sur le cul en lui répondant.
— Qui a dit qu'il allait payer ? Intervient Swetty avec son air de ne pas y toucher, bien sûr on se retourne tous vers lui. Il fait mine de s'intéresser au fond de son sac.
— Ha Hien...
— Dave...
— Mais chef ! j'ai faim !
— Y'a des cerfs un peu partout.
— Yaps !!! Un peu de soutient quoi mec !
Mais c'est qu'il réfléchit sérieusement ce petit con !— Hef... Il nous regarde en faisant une petite grimace qu'il espère sûrement toute mignonne.
— Il essaie de nous faire craquer ou bien ? M'interroge mon loup en se frittant le bout du museau avec sa patte.
— Et ça fonctionne ? Je lui demande en fixant ce petit con de Yaps qui n'a pas bougé d'un poil.
— Débrouille-toi comme tu veux, mais te fais pas chopper, t'as une heure...
Je sais... je suis faible. Pour ma défense, personnes ne peux résister a ses yeux et a sa tronche toute mielleuse... j'entends son cousin lui dire qu'il a toujours réussi a amadoué son monde avec cette tronche.
— En attendant on...
— Se détend ? Propose Fred en soufflant pendant qu'Yaps et Dave se font la malle vers la ville.
Pratiquement deux heures après les deux zigotos se ramènent enfin.
— J'vous éclate comment ? Je leur grogne en les voyant arriver, histoire d'en rajouter un peu je laisse le pouvoir de mon loup couler à travers nous. Une flaque noire et épaisse se forme autour de nous les menaçant de les engloutir dans des profondeurs encore inconnues jusque là.
C'est pas le courage qui étouffe le Français, cet idiot vient de placer Yaps, qui se goinfre de je ne sais quoi alors qu'il a les mains pleines, entre nous.
— On n'va pas se fâche pour si peu, hein ?
— Tout dépend de ce que tu as ramené. Je m'entends lui répondre.
Ils s'avancent nous avec leur butin.
Résultat des courses, on ne bouge pas et certains font encore un petit aller et retour au magasin. On avait oublié le goût de certaines choses. Au passage je leur demande de prendre quelque chose pour les deux jeunes.— Si tu nous parles encore une fois avec tes machins on t'bouffe ! Je grogne au creux de l'oreille de Dave le lendemain de cette connerie. Il ne nous répond pas, car il a les joues pleines de ses dernières barres de chocolat. Qu'il a gobé comme un vulgaire spaghetti.
Juste avant de partir, je touche le sol pour connaître la direction à prendre. On est proche.
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La rage du loup
WerewolfTout est parti en vrille à ce moment-là. On l'a tous senti, de toute façon, on était tous relié les uns autres quand cette merde nous est tombée dessus. De toute façon, on est encore tous relié, mais on se la joue perso ... Enfin, on essaie ... Heu...