Remède contre le mal de mer : asseyez-vous sous un arbre.
Spike Miligan.À un moment donné, il faut se rendre à l'évidence.
On a le mal de mer. Mes deux mains bien accrochées sur la rambarde blanche peinte à la va-vite je nourris les poissons depuis un bon quart d'heure. Trois pattes, le français et Dixon me suivent. On fait pas franchement nos fières. Au fond de moi Myst frissonne et partage mes hauts de cœur tout en grondant à chaque vague.— Je vais pas survivre au voyage... Se plaint Dave en se penchant en avant.
— Si seulement, lui répond notre second en plaquant son demi-bras contre son ventre.
— Tu le veux toujours ton putain de Mars ? Grogne l'entraîneur en fermant les yeux pour se concentrer sur sa respiration.
L'Omega grogne comme il peut je ne sais quoi pendant qu'on subit une autre vague.
— 'Vais pas survivre. Qu'il grommelle une nouvelle fois juste avant de geindre et vomir ce qui lui reste dans l'estomac.Je me retourne et me laisse glisser au sol, le dos bien appuie contre la carlingue du bateau. Ce bâtiment ressemble en tout point à un chalutier, immense, dégueulasse et puant. Quoique je crois que l'odeur nauséabonde vient en grande partie de nous.
— Il a quoi mon foutu œil ?! Je rage tout seul en me le frottant une fois de plus comme un grand malade. Faut pas que je remue de trop je me donne la nausée.
— Fais voir. Le français se penche vers nous, une vague un peu plus forte lui fait perdre un peu l'équilibre. Il se retrouve sur les genoux rapidement, il tire la tronche. Ton œil change de couleur.
— Quoi ?
— Il est pratiquement doré chef.
Je reste interdit le temps que l'information entre dans mon crâne. Des frissons nous cloue sur place avant qu'on ne percute vraiment.
Comme mon père... Merde.
Je ne sais pas si je lui réponds, tout ce que je sais c'est que j'ai eu un mouvement de recul et l'arrière de mon crâne se cogne contre la rambarde en fer blanc qui s'écaille un peu partout. Du bout de mes doigts je touche cet œil qui me dérange depuis que mon loup et moi sommes de nouveau ensemble. Notre second s'agenouille devant nous. Il a déjà le teint cireux et les yeux gonflés à force d'avoir la nausée.Il se maintient avec sa main valide en l'appuyant derrière nous et il avance doucement son moignon de mon visage.
— Doré chef, comme ceux de ton loup. Il valide avec sérieux en nous scrutant. Un petit sourire adoucit ses traits, quand il se relève il s'aide en posant sa main sur mon épaule puis il s'éloigne de nous.
Seul Dixon n'a rien dit, il laisse tomber sa tête entre ses bras tendus pour nous regarder.
— Hoi ? Demande Yaps quand il se rend compte qu'on le regarde tous les trois quand il passe devant nous en sifflotant comme un bien heureux et surtout en bouffant des bonbons colorés. Il s'arrête de marcher et nous tend son paquet rouge. Le français et son cousin nourrissent une nouvelle fois les poissons en se penchant vers l'océan. J'avoue que j'en suis à deux doigts aussi
— Ha va pas ? Qu'il nous demande en enfournant, de manière assez sadique, une poignée de cochonnerie d'un coup.
Je finis par lui grogner dessus, bien sûr il se casse en se moquant de nous.— Petit con. Gronde son cousin en reprenant sa respiration. Je souris un peu en laissant de nouveau tomber ma tête contre la paroi. Je me frotte encore l'œil même si je n'ai presque plus mal. Je suis aussi pas mal fatigué. Je me sens sal en plus d'avoir mal partout. Il me faut du repos. Du temps aussi pour réfléchir a ce nouveau merdier.
— Fred tu gères ? je demande a mon loup mentalement en fermant les yeux.
— Tout va bien pour moi chef. La mer est calme, qu'il rajoute un peu trop joyeusement a notre goût.
— S'il y a quoi que ce soit, vois avec quelqu'un qui n'est pas malade. Je lui souffle en me levant péniblement. Une nouvelle vague remue la carlingue... calme qu'il a dit...
Notre estomac se soulève encore une fois, quelque part par là il y en a un autre qui se vide aussi.
20 jours de traversées... Putain de bordel...
— Ho... J'ai à peine le temps de me pencher une nouvelle fois que je rends comme un malade.
— 'Vais pas survivre... Soupire tant bien que mal Myst en s'étalant comme une loque dans son antre.
On finit par trouver les cabines sans repeindre les couloirs, elles ont toutes plusieurs couchettes avec un petit bureau en métal et une petite lampe. Il y a aussi trois salles de bains dans le couloir, tout est plus ou moins blanc. Ça me gonfle le blanc. Je ne ferme pas la porte de la salle d'eau quand je rentre dedans, les chiottes sont à côté. Avant de nous regarder dans le miroir, je me nettoie un peu la tronche.
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La rage du loup
LobisomemTout est parti en vrille à ce moment-là. On l'a tous senti, de toute façon, on était tous relié les uns autres quand cette merde nous est tombée dessus. De toute façon, on est encore tous relié, mais on se la joue perso ... Enfin, on essaie ... Heu...