épilogue

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Quand cette femme au teint hâlé tout en jambes arriva enfin sur son éternelle demeure, elle se sentit enfin chez elle sur cette face de la lune. Elle se dit aussi qu'aussi chaotique soit le sol, elle y voyait une certaine logique. Ici et là étaient les traces des colères D'Oranda, un peu plus loin un tas de cailloux rangé avec raffinement était le témoin du passage d'Ana, la défunte mère du Viking.

Elle jeta un coup d'œil vers sa nouvelle famille, puis entreprit de fouler son nouveau chez elle. L'atmosphère était encore empreinte de l'énergie de ces deux précédentes occupantes. Elle ressentait leur force la guider vers un petit hôtel fait lui aussi de pierre lunaire.

Tout au-dessus, était posé un simple caillou. Ce même petit bout de tout et de rien était l'unique témoin et confident de la seconde Déesse, il avait été fait des larmes de la première et il gardait en son sein tous les secrets qu'elle devait connaître.

Elle s'agenouilla, regroupant sa lourde robe blanche sur une de ses hanches en un nœud informe, mais fort pratique. Son bandeau, lui aussi blanc, tricoté dans un tissu clair et léger ne l'empêchait en rien de voir.

Du bout du doigt, aussi délicatement qu'un flocon de neige, elle toucha ce réceptacle millénaire. En un instant, il fondit en elle. Elle ne recula pas, elle se laissa gagner par une tendre sensation chaude. Elle ferma les yeux pour savourer l'instant. Elle sut, grâce à lui, comment prendre possession d'un animal pour visiter la terre, elle comprit aussi la naissance de tous les loups et les sacrifices de la première Déesse Mère. Elle vu aussi l'arrogance et l'idiotie des Dieux de la face cachée de la lune.
Puis, elle se releva, dénoua son nœud sur sa hanche et entreprit une longue marche.

En elle, la vie de ses nouveaux fils dansait, elle sentait leur toutes nouvelles énergie et volonté faire palpiter son vieux cœur. Elle qui le pensait presque mort, elle fut heureuse de constater qu'elle se trompait lourdement.

Avant de prendre pleinement à cœur son tout nouveau rôle, confié par la seconde Déesse en personne, elle se devait de réussir là ou elle avait échoué tant de siècles auparavant.

Elle n'avait pas peur, elle ne connaissait pas ce sentiment. Depuis toute jeune, cette future jeune femme, avait été formée dans ce but. Son père, feu Alpha Chilien, était un loup tout en muscle qui n'avait eu qu'elle comme enfant. À sa naissance, constatant de son sexe, il se dit que sa venue était une bénédiction, mais, qu'il fallait l'élever comme un loup. Chose qu'il fit des années durant.

Ce vieux loup, mort bien avant que les loups soient réduits en esclavage, avait eu raison de parier sur sa fille. Elle priait pour lui presque tous les jours depuis sa disparition et quand elle oubliait, elle se faisait pardonner le lendemain en priant plus longuement.

Lyma fut surprise de voir apparaître sur son corps des arabesques rouges à l'odeur de vie, elle pensait qu'il faudrait plus de temps pour que cela se produise. Elle fut heureuse de constater qu'elle avait eut tord, en effet elles ne devaient apparaître que quand Louis et son loup Myst seraient assez guéris de leurs années de doutes et de tortures pour pouvoir apprécier les innombrables cadeaux de la vie.

Cette matinée-là, elle était encore dans la prison, ce lieu de protection original qui avait vu passer plus d'un loup blessé jusqu'aux entrailles. Elle prenait un bain de soleil au milieu de nouveaux humains aux donc exceptionnel quand elle sentit sa peau la démanger. Elle vit, pour son plus grand bonheur, se dessiner ses traits si caractéristiques. Elle se sentit bien, elle appela une autre ayant droit, lui expliqua la situation et partit sans un au revoir pour qui que ce soit.

Pourquoi dire au revoir ? Elle ne partait pas vraiment après tout.

Tout en marchant, elle se rappela de ce jour ou le changement commença, le jour où ce loup, fils du plus grand, arriva avec un jeune homme dont la vie n'était plus sur son dos. Il ne l'aurait abandonné pour rien au monde. Ce geste la toucha le plus sincèrement du monde. Elle le vit aussi se débattre contre lui-même jour après jour. Elle lui avait caché, et elle ne lui dira sans doute jamais, mais elle l'aidait parfois à dormir.

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant