Un miracle, c'est un événement qui crée la foi.

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de : George Bernard Shaw


C'est le cri d'un des nôtres qui nous réveille. Je me sens mal, j'crois que je vais vomir ou alors je l'ai déjà fait. Je ne sais pas trop. Je vois double, on est dans une pièce avec des murs en tôle ondulée, couleur rouille. Un trou dans le plafond fait entrer la lumière jaune d'un réverbère.
Ça put tout un tas de merde différente, saleté, sang, transpiration...

Myst couine, il n'aime pas être à côté de ses pompes, il a du mal à se tenir debout et à reprendre ses esprits.

— Y sont où ? Je souffle si bas que je m'entends à peine.
— C'est à moi que tu parles Pero ou à ton putain de cleps d'intérieur ? Ricane un con d'humain qu'on avait pas senti jusque là. Trop d'odeur, pas assez de force.

J'essaie de lui montrer les dents, je le fais, mais il se fou de nous. Je grimace.

— J'vais t'éclater. Je lui grogne comme je peux en essayant de me mettre sur les genoux. Le sol, en tôle-lui aussi, me bousille jambes, je sens ma peau se déchirer. Elle a du mal à se reconstituer, on est épuisé.

Il se marre le gros porc. Mes oreilles bourdonnent un peu plus violemment, j'ai la tête qui tourne, mes bras me lâchent et je me retrouve une fois de plus étalé sur le sol. Je me sens lourd et faible, ils ont forcé la dose ces connards !

— T'entends Pero ? T'entends hein ? Il me chope les cheveux et me les tire en arrière, je serre les dents pour ne pas hurler comme un con. J'ai l'impression que tout mon corps est en feu, que ma peau cherche à se détacher de moi. Alors Pero ? Tu les entends gueuler hein ? Tu les entends nous supplier d'arrêter ? Hein ?!
— Tu pus de la gueule. Cette fois je grogne un peu plus clairement en faignant de ne pas les entendre.

Ils ne supplient pas, ils leur promettent une mort douloureuse et m'appellent. Je les entends leur dire que je vais venir les massacrer d'une seconde à l'autre, certains se foutent aussi du con d'humain. Je crois même reconnaître le bruit d'une mâchoire qui claque dans le vent. Tentative loupé de coup de crocs.

On a la rage. On est inutile.

Il se marre, un rire gras bien dégueulasse qui me fou la gerbe. Ce con d'humain fait claquer ma pauvre tronche contre le sol plusieurs fois de suite avant que je ne sombre de nouveau.

Cette fois je ne sais pas vraiment ce qui me réveille. Mon loup va mieux, moi aussi je crois. Ça tourne un peu moins. Il déchire son antre à grand coup de crocs et de griffes. Il faut qu'il sorte, il est plus frais que moi. Plus solide aussi.

— Je prends la place ! me grogne dessus mon alter ego.

Tant bien que mal je me mets sur le côté pour lui faciliter la tâche, on se fait assommer juste avant qu'il ne prenne sa place. Avec une pelle, je crois.

Le hurlement ! Celui d'un des nôtres. Chawoo ! C'est lui vient de crier de douleur ! Il se fait torturer ! Merde ! Pas le temps de réfléchir ! Je le sens au fin fond de mes tripes, il a mal il me supplie de venir ! Faut sinon se bouge ! C'est notre putain de rôle ! C'est notre meute ! Ma famille !
Une rage sans nom galvanise mon corps ! On se sent déjà bien plus fort, capable de tout exploser jusqu'à la mort !

Notre meute est le meilleur de nous ! Elle nous survivra ! Elle doit nous survivre !

Je me mets a quatre pattes tant bien que mal en grognant, mon corps en entier me fait souffrir, mais c'est franchement rien comparé a ce que ressentent les miens. Je les sens dans mes veines. Ils ont mal, ils ont peur, ils sont aussi en colère et ils ont mal. Terriblement mal. Plus mal que peur en faite. Certains rient, même couvert de coups en tous genres ils se foutent clairement de ces cons d'humains !  Mais je ressent chacune de leurs douleurs, chacune de leurs plais ! Je sens aussi leur sang qui s'échappe de leurs ! Trop !

Beaucoup trop !

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant