La magie existe encore

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Robbin Williams


C'est une odeur bien particulière qui m'a sorti des limbes ou de je ne sais trop ou j'étais. Je tourne la tête de droite à gauche en râlant, y'a un truc qui me bave sur la tronche.


— Putain, je siffle entre mes dents en mettant mes bras devant mon visage.
— C'est vrai que t'as bon goût mon humain.

Je vire la masse bavante qui se vide sur moi en grognant comme un sauvage.

— C'est quoi ce bordel ? Je répète en boucle quand je retrouve sur le cul avec mon loup en face de moi. Je fronce les sourcils et tends ma main pour le toucher. C'est quoi ce bordel...
— Quand je le saurai, je te le dirai, qu'il me grogne en s'asseyant devant moi tout en se grattant l'oreille.

Dans cette position il est plus grand que moi, son poil est incroyablement épais et coloré. Un vrai loup des forêts, avec tout ce qui va avec. Quand il pose son regard sur moi je souris, car on a exactement le même regard. Lui aussi à un œil brun et l'autre doré.

— T'as vu quelque chose qui te plaît ? il me demande avec un sourire pointu.
— T'sais que t'as une mauvaise gueule ? Je rétorque avec le même sourire.

Sans en rajouter plus, je me mets sur les genoux et le prends dans mes bras, là encore il est plus haut que moi. Je niche mon nez dans son cou et m'enfonce dedans. Il sent la terre et le frais.

— Tu sais ce qu'on fou ici ?
— J'en sais rien, je réponds à mon alter ego sans bouger. Qui veuille sur notre corps ?
— Trois Pattes. T'es tant que ça en manque d'amour ? Il ricane en passant une de ses énormes pattes sur mon dos.
Elle est tellement imposante que je la sens couvrir une grande partie du bas de mon corps, ses griffes chatouillent ma chaire sans pour autant me la meurtrir.


— Que c'est mignon...

Je l'ai insulté pendant que Myst a grogné. La blanche. Encore elle. Putain.

— Sympa l'accueil, elle rajoute en nous regardant avec un sourire qui éclaire son visage. Maintenant que je la regarde un peu plus je remarque que quelque chose a changé dans son regard.

Plus lointain.

Atour de nous le décor change, la prison remplace peu à peu le néant qui nous entourait. Nous y retrouver, même dans un rêve, me fait drôle.

Là-bas, je m'y suis retrouvé, on a trouvé une meute et surtout un but. J'ai aussi pu renouer avec ma famille. Pas que je les ai oubliés, je me souviens de tout d'eux, mais ce ne sont que des souvenirs. Avoir la lettre de ma sœur, écrite de sa main, m'a aussi fait réaliser plusieurs choses.

Je suis un loup avec tout ce que ça implique, j'ai été élevé avec la règle du loup, pour être un meneur.

Cette prison m'a rappelé qui nous sommes. Une pointe de fierté, que je vois aussi danser dans le regard de mon loup, réchauffe mes os.

La blanche s'agenouille devant nous, elle me prend une main et la retourne. La peine et la douleur qui tire son visage me donnent mal au ventre.

— La nature humaine est si cruelle... Du bout de ses doigts elle touche la plaie qui fait désormais parmi de nous. Tout comme ton père tu as une marque indélébile. Alors que j'essaie de retirer ma main d'entre les siennes, elle me la retient et la tourne pour voir son dos. Une fois de plus elle touche ma plaie du bout de son doigt.

Sous son touché, je sens la rugosité de ma peau. J'aime pas ce que je ressens, Myst le ressent, avec son museau il vire sa main et pose son énorme tête entre elle et moi sur mes genoux.

— Tu nous vous quoi ? Je lui demande en frottant ma main dans la fourrure de mon loup.
— Savais-tu qu'un peuple humain pour conquérir un autre, lui a donné tout ce qu'il n'avait pas. Je fronce les sourcils sans pour autant l'ouvrir, mon alter ego la regarde du coin de l'œil sans bouger d'un iota. Ce conquérant n'était pas un homme bien, dans chacun de ses présents il y avait un mal.
— Tu veux en venir où ? Grogne mon loup en soulevant légèrement ses babines.
— Dans ses couettes il y avait la peste, dans l'éducation qu'il donnait était pleine de manipulations, ses gestes étaient faussement doux et ses actes réellement dangereux.
— Pourquoi tu nous dis ça ? Je répète en enrouant mes mains dans le pelage de mon loup.
— Cet homme était un monstre. Il y avait aussi d'autres hommes, des anonymes, des héros, qui de par leurs actions font des choses bien.

Pour toutes réponses Myst grogne, il ne la croit pas. Moi non. Un humain est foncièrement mauvais.

— Le père adoptif des trois jeunes loups est un monstre ? On ne répond pas, on ne grogne même pas. Ce vieil homme a tué un autre de son genre pour protéger ses fils. Il est aussi a la tête des pour loup depuis plus de trente ans maintenant. Attends, elle me coupe avec une douceur que je ne pensais pas qu'elle pouvait avoir. Depuis tout ce temps ce vieillard humain, elle insiste sur ce mot e nous regardant tour à tour. Se bat pour ses fils et vous. Il a tué, manqué de mourir, s'est élevé contre des gens qu'il ne faut pas. A-t-il été une seule fois mauvais avec l'un d'entre vous ?

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant