Les plus belles passions ne sont que la rencontre de deux égoïsmes.

120 19 7
                                    

venez papoter ! 

Insta et twitter : LoopsHwattpad

snap : LoopsH



de : Jean-Yves Soucy


Le français a couiné, il a couiné très fort d'ailleurs. Et un français qui couine c'est pas agréable à entendre. Vraiment pas. C'est de sa faute de toute façon, il ne fait que de se foutre de nous, au bout d'un moment Myst et moi on en a eut marre on a goûté sa cuisse. Direct à la source, c'est le meilleur de toute façon. Donc il a couiné. Tout le monde s'est foutu et ce fou encore de lui.

On aime avec Myst. On se pavane et roule des mécaniques histoire d'en rajouter un peu.

On continue d'avancer tranquillement pendant des heures, les cons d'humains ne sont pas à porter de flair et l'autre loup a définitivement fait demi-tour.

Au bout de quelques kilomètres, l'énergie de la terre change, on la sent passer d'une patte à une autre avant de se fixer définitivement. Elle nous dit de changer de direction.
— Prend le relais. Me dit mon alter ego, comme a chaque fois que la terre nous parle il est lointain. Pas besoin de lui demander pourquoi, je le sais déjà.
La terre, comme le vent, sont des enfants de Mère Nature. Elle sait tout, elle voit tout et surtout elle choisit avec soins ses orateurs.

Il n'y a plus qu'elle pour veiller sur nous et elle prend son rôle a cœur. Depuis des siècles et des siècles.

Nous la sentons, elle nous parle en faisant frissonner notre corps, elle nous dit où aller grâce à son énergie et surtout, dans notre meute elle ne parle qu'à nous. Nos loups l'ont remarqué, ils nous voient souvent la toucher et me laisser transporter par elle. C'est carrément addictif ce merdier. On a gagné un peu plus de respect de la de certain et presque de l'admiration pour d'autres.

Pour le moment tout ce qu'on sait c'est que je dois reprendre ma place pour moi aussi toucher le sol et écouter son message.

Comme à chaque fois notre transformation n'est pas belle. Que ce soit dans un sens ou dans l'autre elle ressemble plus à une explosion écœurante qu'autre chose. Nos loups s'arrêtent le temps que je me retrouve sur mes pieds et que je passe un truc sur le cul qu'un des nôtres nous avait ramené.

Une fois je pose un genou à terre et prends une poignée de terre dans la main.

— Par là. Je montre la forêt à mon Beta qui suit ma direction sans poser de question. Quand la terre retombe, elle emporte avec elle sa force.

— Ça sent bon. Me souffle Myst. Il s'étire de tout son long dans son entre avant de se lécher la patte.
En effet ça sent plutôt bon, comme de l'herbe coupé ouais quelque chose comme ça. On se rend compte qu'on accélère le pas, on y peut rien il faut qu'on y aille. Un genre d'appel au jeu, mais en mieux. Le soleil laisse bientôt sa place à la lune, j'ai toujours aimé ce moment de la journée contrairement à Myst. Il a l'impression que tout s'éteint, pourtant il aime la nuit. C'est la transition qu'il n'aime pas.

La lune est bien moins belle depuis quelques siècles, mais elle nous illumine toujours autant, elle paraît juste plus morte en faite.

— Tu penses qu'on aura une autre Déesse ?
— J'en sais rien. J'espère. Je réponds à mon loup en regardant vers le ciel. Dans le fond je le souhaite de tout mon cœur, mais je ne lui dis pas. Faut pas entretenir ce genre de rêve, ça fait trop mal.

La lune est entière, laide explosé et fade, presque dégueulasse, mais pleine. Je n'aime plus vraiment la regarder, plus personne n'aime la regarder.
Je me souviens quand j'avais un petit siècle en gros, quand tout allait bien quoi, mon père grimpait sur le toit de notre baraque pour regarder la lune. Il lui souriait, il lui a toujours souri. Nautoo aussi aimait la regarder, parfois il se mettait à chanter en son honneur et il n'était pas rare qu'on l'écoute. Le Premier n'était pas un loup doux, pas vraiment du genre a léchouillé les petits derrière les oreilles, mais quand il chantait on pouvait clairement voir ce qu'il était au fond.
Peu le savent, car peu ont eu le droit de le voir, mais il jouait avec mon petit frère et moi, c'était toujours dans l'intimité, mais il le faisait souvent. Il laissait aussi faire ma petite sœur, on l'a souvent vu jouer au poney et se faire coiffer. Maquiller aussi. Elle avait utilisé du colorant alimentaire, il a dû se balader deux ou trois jours avec des touffes vertes et roses. Il était ravi.

La cadence de trois pattes ralentit, on comprend vite pourquoi.

Devant nous, il y a une petite pleine avec de l'herbe bien verte, il y a aussi un genre de clôture en bois défoncée.

Mon second est totalement arrêté maintenant, je le rejoins rapidement. Dans mon dos je sens ma meute qui forme un mur solide. Je resserre un peu plus la bretelle de mon sac troué.

Il y a un vieillard, un con d'humain, un putain de con d'humain qui travaille un petit coin de terre avec une bêche. Dans son dos une vieille bâtisse se dresse. Plus haute que large, en bois foncé avec plusieurs fenêtres et sans porte. C'est bien elle qui sent l'herbe coupée. Elle est aussi très lumineuse malgré la couleur plutôt sombre de sa façade.

Le vieillard nous aperçoit enfin, il s'éponge le front avec la manche se sa chemise. On ne se gêne pas pour le renifler, il s'en rend compte. Il sourit.

— Louis. Me souffle doucement mon loup. Il sent étrangement.
— Je sais, ça n'me rappelle rien et toi ?
— Rien, pas de danger. M'assure Myts.

S'il le dit, je le crois aveuglément.

Je sens son pouvoir traverser mon corps, je me l'imagine couler le long de mes pieds et envahir peu à peu tout l'espace que nous entoure.

Le vieux se redresse avec lenteur et péniblement, il n'est toujours pas menaçant, il tend son bras pour attraper une canne en bois. On se tend tous. Il n'arrête pas son geste, il ne nous regarde même pas d'ailleurs il ne fait rien pour nous provoquer.

— Il se comporte comme un soumis.
— Pourtant c'est qu'un con d'humain. Je rajoute quand Myst se tait en haussant un sourcil.

— Chef. Trois pattes se place à côté de moi, il pose aussi sa main sur mon épaule. On l'avait entendu arriver, une fois de plus il a fait exprès d'alourdir ses pas.
— Veille, on revient. Quand je lui réponds, je pose le dos de main sur mon menton, façon pour moi de parler de Myst et moi.
Mon Beta opine du chef, il se recule d'un pas et écarte les jambes. Il s'ancre au sol, je sais que je n'ai pas besoin de donner le moindre signal pour qu'il donne le top départ.

On a une complète confiance en lui.

Le vieux a enfin finit son manège, il se redresse comme il peut et relève enfin son visage. Il nous sourit ce con d'humain et ça me tue de le dire, mais il a une tronche sympa. Dans le genre papi ridé, j'entends.

— Zu » y'a du monde pour toi ma p'tite. La voix rocailleuse du vieillard résonne autour de nous. Il sourit aussi tendrement en regardant la drôle de baraque.

Des bruits nous parviennent de l'intérieur, des chaises que l'on racle sur le sol, un bol ou une tasse qui cogne sur une table en bois elle aussi puis des pas. Des pas légers, mais qui ne cherchent pas à se cacher. On tend l'oreille juste pour le plaisir de l'entendre. C'est un joli son.

Une petite silhouette se dessine dans l'embrasure de la porte, le peu de lumière qui reste met en valeur le contour de son visage.

— C'est une ayant droit, dit Myst en la scrutant. On le sait, car l'aire ondule autour d'elle, c'est comme une aura bouillante, Lyma l'a aussi. Seulement, elle, j'ai dû me retenir plus d'une fois pour ne pas lui foutre mon poing dans la tronche.

— Première règle : pas de baston, pas de casse, pas de drague et surtout pas de coup de dents inopiné compris ?
— Alors « ça » s'est de la première règle. Je réponds à la jeune femme en croisant mes bras sur mon torse tout en levant le pif. Mes pieds s'écartent aussi, pour m'assurer un meilleur équilibre, pendant que Myst redresse sa tête.
— Un souci avec ça loup ? Qu'elle me demande avec autant d'arrogance et de mépris que moi.
Pour accompagner le tout, un sourire carnassier se dessine sur son visage.
— L'seul truc que j'te garantis c'est pour la drague. Je lui réponds en lui montrant les dents. Y'a pas moyen. Je rajoute en la regardant droit dans les yeux juste après l'avoir regardé de haut en bas.

Elle me scrute un moment avant de laisser son regard se balader sur ma meute. Chose que j'apprécie moyennement.

— Alpha, elle me pointe avec son index. Beta, elle désigne mon second. Omega, elle montre maintenant le français. Entraineur, elle finit par désigner Dixon qui se rapproche de son cousin. Bienvenue loup.

Puis elle se retourne pour entrer de nouveau dans son taudis géant.
Je la suis, je sais juste que je peux la suivre on ne sera pas en danger chez elle.

— Baisé par le cœur. Mumure le vieillard quand je passe devant lui, quand je le regarde il fait mine d'observer le ciel, mais je vois ses rides autour de sa bouche s'agiter un peu.

Au loin j'entends le piaf qui piaille, il a fini son tour d'observation il revient vers nous tranquillement.


La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant