Entre une gifle et une indélicatesse, on supporte toujours mieux la gifle.

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Entre une gifle et une indélicatesse, on supporte toujours mieux la gifle.
Emil Michel Cioran

Comment est-ce que j'ai pu me laisser faire ainsi ? J'veux dire... Je savais même plus qu'on pouvait encore ressentir de telles choses. Puis, c'est quoi ce bordel ?! J'ai beau fouiller dans ma mémoire jamais je ne me suis sentie aussi...

Merde, j'en sais franchement rien !

Myst m'a juste dit que lui aussi s'était senti comme hypnotisé, qu'il savait qu'il pouvait s'en défaire et se casser comme il le voulait, mais qu'il n'en avait pas la moindre envie. Moi non plus. Si Mère Nature n'était pas intervenue, je l'aurais prise sur le champ et, à son odeur, elle ne m'aurait pas dit non. À cette pensée mon alter ego relève sa lourde tête, il ne regarde pas le monde à travers les yeux, il se contente de réfléchir sur ce que je viens de me dire.

Mère Nature... Pourquoi ? Et pourquoi il n'y avait que nous l'avons vue... ? Et depuis quand elle se la ramène comme ça ? Ça fait des siècles qu'il n'y a pas eu de tempêtes, même pas un tout petit tremblement de terre à la noix. Juste histoire de remuer un peu ses maudits sacs à viande. Je ne comprends pas raisonnement, cette fois mon loup et moi soufflons en même temps.

On essaie de penser à autre chose ou à défaut de ne pas tourner et virer comme un malade dans ce pieu bien trop petit pour nous.

La blague.

On entend sa respiration a l'autre bout du couloir, je l'entends comme-ci j'étais à côté d'elle, je la sens encore... Putain que ça m'gave ! Elle se retourne, encore, son lit grince et ses draps se froissent. Moi aussi je me tourne vers la porte une fois de plus, je ne sais pas trop comment je me débrouille, mais je déchire le drap en voulant le prendre. Mon loup grogne au fond de moi, il en aussi ras les pattes. Je grogne moi aussi. Je vais faire un meurtre, un du genre bien crade. À la Nautoo !

Je me lève, j'en peux plus, le bout de tissus valdingue de l'autre côté. Rester immobile, incapable de faire autre chose que de l'écouter me rend fou. Sans parler de Myst qui se met a tourner en rond, il ne veut pas sortit courir, il ne veut juste plus l'entendre.

— Chef ?
— Je vais juste prendre l'air. Je réponds tout bas a mon Beta qui est en appuie sur ses coudes pour me parler, il opine du chef et se recouche tout en gardant les yeux ouverts, ses bras sont croisés derrière son crane. Il dort peu, c'est dans sa nature, je pense.

J'essaie de ne pas faire grincer les échaliers quand je descends. Peine perdue je fou un bordel monstre, j'ai l'impression d'entendre un troupeau de mufles qui se fait courser. Là, c'est sur toute la meute est réveillée, je viens de louper une marche et j'ai glissé comme un abrutit de première.

Génial. En effet, je sens leurs énergies remuer en moi.

En bas j'ai l'impression que les murs se rapprochent de moi, je me sens étouffé. C'est comme-ci mon corps se déchirait en deux, une partie veut rester ici et l'autre désire se barrer au plus vite et le plus loin possible. J'écoute la seconde même si c'est franchement douloureux. J'avance vers la sortit en ne remarquant qu'à peine que je suis pieds nus.

L'air frais de cette nuit sans lune ne me fait rien, pas de calme divin ou autre connerie dans le genre !

Je laisse ma tête tomber en arrière et ferme les yeux pour ne me concentrer que sur ma respiration, ça nous calme à peine.

— Putain. Je finis par souffler en me frottant le haut du crâne avec mes deux mains.
— Restons un peu dehors. Me souffle Myst pratiquement a bout de souffle.
Je ne remarque qu'à peine que mon dos râpe contre la façade en bois quand je me laisse couler tout le long. Je ne peux pas aller trop loin, pas parce qu'il fait nuit, mais parce que notre meute ne comprendrait pas et je ne vois pas leur expliquer quoi que ce soit d'ailleurs. Et je ne le veux pas, c'est bien plus fort que nous.
— T'as pas l'ombre d'une idée sur cette foutue connerie ?
— Même pas l'illusion d'une... Simon pourrait nous éclairer.
— Tu paris combien qu'il va pas se montrer avant un moment ! Je gronde à mon tour.

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant