La vie n'est qu'un grand tourbillon avec au centre un noyau de silence.
Anonyme.Yaps m'a suivi avant que je ne ferme la porte, il m'a fait comprendre, avec ses mains bien en évidence devant lui, qu'il n'y avait rien à craindre. On a marché en silence dans ce couloir en pierre humide un certain moment. Le cousin a touché du bout du doigt les parois, on a pu sentir l'odeur de l'humidité courir le long de ses murs. C'est étrange comme sensation, se sentir en sécurité sous terre, c'est pas commun.
Rien n'est commun de toute façon, plus rien. J'ai l'impression que ma vie file entre mes doigts, que je ne suis plus responsable ni conscient de rien.Tout ça me rend nerveux, y'a rien à craindre pourtant, mais je le suis. Trop de choses tournent en moi sans que je puisse y répondre. J'ai l'impression d'être dans l'œil du cyclone, tout part en vrille autour de moi sans que je ne puisse y faire quoi que ce soit. La bonne blague, en marchant en silence avec mon loup, je pose le dos de ma main sur mon menton. Ça m'aide à réfléchir.
Au fond de moi, Myst est d'un calme olympien, j'aimerais qu'il me comprenne, qu'il m'aide à me sortir de ce bordel sans nom. Plus zen que ça tu meurs, c'est à peine s'il regarde à travers mes yeux. L'énergie de notre meute qui court dans mes veines est calme, tout le monde va bien.
— Tout va bien.
— Je sais.
— Si tu le sais, détends-toi ! Gronde mon loup avant de reposer son énorme tête entre ses pattes.
Je ne rajoute rien. Ce n'est pas le moment.
Quelques pas plus tard Yaps me tire par la manche vers la pièce de tout à l'heure. Il y entre sans m'attendre. Dedans, le vieux à la cheville blessé se fait soigner par un autre être humain, un jeune. Par réflexe je passe devant mon loup. Myst ouvre un œil.— Vous n'êtes toujours pas couché ? La voix rocailleuse du vieux résonne autour de nous. Regarde, il tapote sur l'épaule de son soigneur, c'est le jeune loup qui m'a aidé tout à l'heure et lui, il me montre avec son menton, c'est son Alpha.
Le jeune nous salue rapidement et s'en va en embarquant ses bandes et une paire de ciseaux sans un regard pour nous. Lui aussi semblait fatigué et un peu trop maigre.
Yaps s'approche de lui pour lui serrer la main sans ouvrir la bouche, il ne parlera pas. Il a bien trop honte des sons qu'il produit.— Comment il l'a reconnue ? Il n'a vu que Vûr, pas lui.
Mon alter ego écoute ma question sans y répondre, il ne sait pas non plus, mais au moins il se met à regarder à travers mes yeux ce qu'il se passe autour de nous.— Tu ne parles pas ? Yaps secoue sa tête à la négative en s'asseyant à côté de lui sur un banc. Dans leurs dos il y a une énorme table en bois. Je dois me concentrer sur ce qu'il se passe devant nous pour ne pas penser au bar de la nana et a son odeur si particulière...
Le cousin montre son pied avec sa main.
— Rien de bien grave, tu sais je suis veux, mais pas en verre ! Il rit de bon cœur de sa blague, Yaps l'accompagne silencieusement.Ils parlent, enfin communiquent, encore un bon moment avant qu'un autre humain vienne chercher le vieux au pied blessé pour aller l'aider à se coucher.
On retourne dans notre piaule toujours aussi silencieusement. Encore une question... et cet éternel « pourquoi » qui résonne dans mon crane sans cesse. J'me flinguerais, juste pour un peu de silence.
Le lendemain matin ma question me bouffe encore, comment un simple et con d'être humain peut il nous reconnaître quand on passe d'une forme à l'autre... En un sens je me dis que c'est dangereux, cacher nos loups est une façon de nous protéger. Alors si ces abrutis deviennent un minimum intelligent, en plus d'être vicieux et sadique, on est fini. C'est la merde.C'est le jeune Alpha qui vient taper à notre porte pour nous dire que si on le veut on peut manger dans la grande salle. Il fait demi-tour sans attendre la moindre réponse. Un vrai Alpha, y'a rien à dire à ce niveau-là.
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La rage du loup
WerewolfTout est parti en vrille à ce moment-là. On l'a tous senti, de toute façon, on était tous relié les uns autres quand cette merde nous est tombée dessus. De toute façon, on est encore tous relié, mais on se la joue perso ... Enfin, on essaie ... Heu...