de Colette
Pour la deuxième fois de la journée je suis passé devant le vieux a la canne et pour la seconde fois en quelques heures il nous salue d'un simple hochement de tête avec un sourire. Ce ne serait pas un con d'humain je pourrai dire sincère. Mais c'est un con d'humain. Au fond de moi Myst est calme et plein il s'est bouffé plusieurs hérissons et un sanglier qui s'est pas laissé faire. Il se met sur le dos et s'étale de tout son long avant de bailler a s'en décrocher la mâchoire, dans deux minutes il s'endort et dans trois il ronfle comme un porc.
Tout va bien.Je passe le pas de la porte, sans porte, avec mes pompes à la main. Mes loups me regardent et je vois un panel d'émotion passer sur leurs visages. De la joie pour la plupart, un peu de soulagement et un regard en biais pas forcément aimable de la part du puant. Le piaf, qui était avec nous dans la forêt tout du long, virevolte paresseusement au-dessus de nous. Il finit par se poser sur le plan de travail en bois et picore dans une assiette pleine de maïs que vient de lui poser la nana.
Trois pattes est le seul à me regarder sans sourciller, je ne sais pas comment il fait, mais à chaque fois que quelqu'un de mon passé vient me voir il le ressent. Je le sais a sa façon de me regarder, mais jamais il ne me pose de questions, pourtant il le pourrait, il en a le droit c'est mon second. Ça lui donne certains droits vis-à-vis de nous.
Je passe devant tout le monde, toujours pieds nus, sans que qui que ce soit ne me pose de question. En faîte ils continuent leurs vies, mine de rien, ils m'observent tous. Sans méfiance bien sûr, ils sont juste attentifs.
Mon second me suit quand je grimpe l'étage sans trop me presser.
— La terre t'a parlé chef ? Il n'y a pas de moquerie dans sa voix, il me pose tout simplement cette question sans arrière pensé. En me parlant, il appuie son épaule contre un des murs de notre piaule, il croise aussi les bras. Rien de menaçant ni autre il se pose sans rien de plus.
Il est costaud, tout en muscles et en hauteur avec une tronche de gars qu'on ne cherche pas. Son regard est ce qui est le plus effrayant chez lui. Ni foncé ni clair ni vivant ni mort, il est impossible à définir, mais pas à déchiffrer. Pas pour nous du moins. Là, il nous regarde sans pour autant nous sonder, il est curieux. Oui, voilà curieux.
— La terre ne nous a pas parlé. J'ai parlé avec mon oncle pendant que Myst se remplissait le ventre.
Il décroise les bras et s'approche de nous puis se pose sur une caisse en bois, qui ne sent toujours pas le bois et qui, surtout, craque dangereusement sous son poids. Pendant un instant j'ai peur qu'il se retrouve le cul par terre, lui aussi si j'en crois son dandinement pas très assuré. Tu nous prends pour un taré à me faire visiter par des morts ? Je finis par lui demander en virant mon froc.
Il laisse choir ses bras le long de son corps avant de me répondre, il planque aussi son bras mutilé derrière son dos.
— Je ne crois pas que mon Alpha soit taré. Si ta famille te rend visite, c'est qu'il y a une raison. C'est la volonté du loup. Il termine en me regardant, il bouge son pied et la caisse craque une nouvelle fois. Il pince les lèvres et finit par se redresser tout en douceur. Tu sais, Fôol, il touche son ventre pour me faire comprendre qu'il parle de son loup. Est un Beta depuis toujours. C'est aussi un loup très exigent et depuis le début, depuis qu'on a du tuer ensemble pour les autres il t'a reconnu comme son dominant.
— On a tué qu'une fois ensemble pour ces cons d'humain. Je rajoute plus pour moi qu'autre chose.
— On sait chef. Il conclut avec un demi-sourire qui le rend encore plus sauvage. Que te disent tes fantômes ?
Lui en parler ou non... Je le dévisage sans retenue, il sait que je le jauge c'est pour ça qu'il ne bouge pas. Il se soumet à mon jugement sans broncher. Il ne m'a pas menti, c'est un Beta dans l'âme, rares sont les loups qui ne sont pas nerveux sous le regard de leur Alpha. Question de force et de dominance, j'imagine, mais lui ne bronche pas. Il est totalement a l'aise sans pour autant être menaçant ou autre. Il est juste lui-même, serein et bestial sans pour autant me menacer.
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La rage du loup
WerewolfTout est parti en vrille à ce moment-là. On l'a tous senti, de toute façon, on était tous relié les uns autres quand cette merde nous est tombée dessus. De toute façon, on est encore tous relié, mais on se la joue perso ... Enfin, on essaie ... Heu...