Je ne suis pas bête pour deux sous...

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Je ne suis pas bête pour deux sous. Mais pour un million, je deviens complètement idiot. 

De : Pierre Daninos.


Myst foule toujours la terre, cette dernière est pleine d'énergie. On la sent courir des entrailles du monde, ont la sent remonter vers nous chargé de magie et de force et comme pour nous préserver de son incroyable puissance elle ne rentre dans mon corps que parcimonie.

On appréciera tout ça plus tard, pour le moment le seul souci de mon alter ego et moi est de rester entre le loup inconnu et notre meute. On sent son odeur, il reste à bonne distance de nous, de temps à autre on sent qu'il ralentit avant de reprendre son rythme de marche.

On est entièrement concentré sur son odeur. On se concentre aussi sur notre ouïe sur lui, on perçoit le bruit de ses pattes qui foule le sol. Il a une démarche assurée. Il transpire la fausse assurance. Un loup qui a vraiment confiance en lui et en sa meute marche sans bruit, il effleure le sol sans jamais froisser une seule feuille. Un loup qui ne doute pas de lui ne réfléchit pas à ses pas, il est silencieux par nature. L'inconnue essaie de taire le bruite de ses pattes, là est toute la nuance. Il essaie seulement.

Nous nous concentrons aussi sur nos loups, ils marchent dans un silence parfait. Trois pattes est toujours devant, il les guide en suivant mes instructions. Dixon et son cousin ferment la marche en parlant un peu d'un sujet que je ne préfère pas comprendre. Le puant s'est rapproché des autres, il ne parle pas, mais il est attentif à ce qui l'entoure. Le piaf n'est pas à nos côtés, il vole au-dessus de l'inconnue. On sait que s'il passe à l'attaque ou s'il fait le moindre pas de travers le piaf va pousser un cri si strident que toute âme vivante va prendre ses jambes à son cou à toute vitesse.

On prend une seconde pour lever notre lourde tête vers le ciel et...

Un énorme bruit bien dégueulasse résonne dans toute la forêt, une flopée d'oiseau et autres steaks sur pattes se font la malle dans tous les sens en couinant ou piaillant, notre flanc touche quelque chose de dur ! On se retourne aussi sec, nos oreilles déjà couchées sur notre crane, nos crocs sortit prêts à tuer le gros con qui... Un arbre ?

On... le tronc d'un arbre ? On le regarde comme on peut en levant et baissant notre énorme tête le plus vite que l'on peut. On... on est sur le cul. On sent aussi l'étonnement de notre meute. On vient de réaliser, un éternuement voila ce qui nous a surpris. Un gigantesque éternuement, mais un éternuement quand même. Son propriétaire, Yaps, se ratatine sur lui-même.

— Hadon hef. Qu'il nous dit en essayant de rentrer sa tête dans ses épaules. Son cousin le regarde et pince ses lèvres, il évite soigneusement de nous regarder. On sent sa grosse envie de se foutre de nous courir dans nos veines.

On ne montre pas nos crocs, on est déjà bien assez ridicule comme ça. Pas besoin d'en rajouter.

Notre regard se pose un peu plus loin sur ma meute par pure habitude, surtout pour tenter de garder le peu de face qu'il nous reste, le puant nous regarde en haussant un sourcil. Le coin gauche de sa bouche commence à défier la graviter. Quand il remarque enfin qu'on le fixe, il se reprend et regarde partout autour de lui. Il ne nous regarde plus, mais il sourit comme un con.

On vient de flipper comme un louveteau... devant toute notre meute... On a manqué de s'éclater les dents sur de l'écorce....

La blague...


On se remet sur notre chemin et on essaie d'avancer le plus dignement possible sous les regards moqueurs de nos loups. Autant dire que c'est pas simple.

— Tu es conscient que je ne reprendrais plus jamais ma forme. Je dis à Myst bien décidé à ne plus jamais sortir de mon antre.
— Ferme-la... Il me grogne pendant que je me marre.
— Tu t'en remets chef ? Nous demande sournoisement le français. On ne le voit pas, car il est dans notre dos, mais on sent et entend parfaitement son sourire de con.

On ne lui répond pas, on se contente de continuer notre petit bout de chemin. Dans notre dos et dans nos veines, on sent leurs moqueries. Il n'y a que le cousin de notre entraîneur qui se sent tout con.
Nous aussi soit dit au passage. La bonne blague ouais.

—  fin quand même, recommence le français avec un ton moralisateur à la con qui nous hérisse le poil. Un atchoum quoi !
— Ha ma hatouiller le hez, hef... Tente Yaps penaud.

Dans le fond on est plus vexé qu'autre chose. Faut quand même le dire, le cousin parle peu, mais il fait un bordel d'enfer quand il veut !

On continue d'avancer encore un paquet d'heures et pendant tout ce temps on sent notre meute se retenir de se marrer comme des tordus.

Myst passe son temps à pester contre lui-même. Le piaf, qui est revenu vers nous, se pose sur notre dos. S'il est là, c'est que l'autre loup n'est clairement pas une menace pour nous. Avec son petit bec, il nous enlève les petits bouts d'écorces accrochés sur notre pelage.

C'qu'on peut se sentir con ...

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant