Il y a dans les meilleurs conseils de quoi déplaire.

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Jean de La Bruyère.

— Donc si je résume bien la chose. Commence Simon un doigt en l'air pour compter ce qu'il allait énumérer, au passage il me fait sursauter comme un malade. Je manque de me ramasser au sol et j'avoue que je ne sais pas trop comment je réussis à ne pas embrasser le plancher. Plancher en bois, encore, qui ne sent pas le bois...
— Putain ! Mais je dors depuis combien de temps ! Je le coupe en grognant, au passage je plaque une de mes mains sur mon cœur et remue mon épaule, y'a un truc qui se remet en place là-dedans. Au passage je suis à un poil de l'arrêt cardiaque. Mon alter ego aussi même s'il fait mine de rien. Non, lui, il range ses dents qu'il avait sorties et se recouche en boule tout en se retenant de continuer à grogner.
— Qui te dit que tu dors ? réplique mon meilleur ami en haussant un sourcil tout en se posant sur le tabouret à côté de moi. Je vois son siège bouger, il grince légèrement sur le parquet, mais personnes ne relève. C'est quoi ce bordel ?

Je fronce les miens, ferme les yeux et secoue la tête. Je suis de nouveau dans le bar, la nana parle au vieux à la canne tout en rangeant ses affaires. Personne ne le voit.

— Et si on allait faire un tour dehors ? me demande Myst en se levant dans son antre, au passage il s'étire de tout son long en faisant craquer tout son dos. J'ai envie de courir et d'me choper un lièvre.

Je plein le lièvre qui va passer sous ses crocs, il va passer ses nerfs sur lui.

Sans un mot pour qui que ce soit je me lève et commence a faire demi-tour vers la sortie, mon meilleur ami marche côté de moi aussi silencieux qu'invisible. C'est franchement perturbant. Juste avant qu'on ne mette un pied dehors il se retourne complètement et regarde la nana de haut en bas sans vergogne. Il l'a siffle en opinant du chef tout en faisant fait une drôle de grimace avec sa bouche quand il se retourne vers moi.

La blague, ouais la bonne blague. La nana est à son goût. Il est cramé le pauvre gars !

Dehors notre meute est en plein exercice, trois pattes les regardent attentivement ses deux pieds bien plantés dans le sol. Il se tourne vers moi quand il me sent arriver, il hoche simplement la tête avant de retourner à son observation minutieuse. Une fois de plus il a senti qu'on voulait me parler que ce soit Mère Nature ou l'un des miens il le sait a chaque fois. Le puant se fait mettre une bonne raclée par Dixon sous l'œil attentif de son cousin sans répliquer. Je comprends mieux pourquoi notre second est si observateur, il calmera le jeu si ça va trop loin. Y'a pas de sang, pas besoin d'intervenir.

— Il se décide enfin... Soupire Myst avec un certain soulagement, soulagement que je partage soit dit au passage. S'il se détend avec tout le monde les choses se passeront mieux.

Simon prend une seconde pour regarder nos loups, je vois à son regard qu'il les jauge sans scrupules. Tout y passe, leur taille, musculature, façon de parler, de se déplacer. Sans aucune gène, il se place à côté de mon Beta. J'ai l'impression que l'hôte de Fôol l'a senti, il se tend sans pour autant être menaçant, il laisse même traîner son regard sur le côté, là où est Simon.

C'est franchement flippant. Deux mondes totalement opposés qui entrent en collision.

La blague, ouais la bonne grosse blague !

Puis sans un mot Simon s'éloigne de lui pour se rapprocher de moi, trois pattes se détend. Dans le regard de mon éternel ami, une flamme de jalousie danse. Je fais mine de rien et lui emboîte le pas sans un mot et plus que mal à l'aise.

Je me fou a poil et laisse Myst prendre ma place. Il est aussi amer que moi, c'est déjà compliqué de voir les morts et les vivants se mélanger et voir ses états d'âme rend la chose encore plus vraie. Plus réelle, je préfère quand il vient me voir dans mes rêves. C'est plus simple et il n'y a que nous.

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant