Les vrais chefs doivent savoir désobéir.

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Proverbe tibétain.

L'entraînement de cet après-midi est hard. Non pas que j'en bave plus que les autres, j'ai pas le droit t'façon je dois montrer ce que je vaux, mais il fait vraiment chaud.

Ce type de chaleur étouffante qui nous fait rendre types et boyaux sur la pelouse. Je me redresse, j'ai fait manger la poussière à trois pattes et c'est pas un mince exploit. Il est aussi costaud qu'élocant, il l'ouvre vraiment jamais. Un grognement de temps en temps tout au plus. Pour le reste, démerde-toi et merci bien. Quelque part, ça me convient, j'aime pas parler pendant six mois, Myst non plus sois dit au passage.

Le loup que je ne sens pas est assis sur des marches en pierres défoncées pas loin, il taille un bout de bois avec un petit canif. L'odeur du bois inonde l'air, il utilise du bois sec, du sapin ou une autre connerie dans le genre, j'imagine. Il m'intrigue, de temps en temps je sens la morsure de son regard sur moi. J'ai envie de lui crever les yeux.

Dixon intervient auprès de certains duos, il leur donne de bons conseils et leur montre certains gestes. Il n'a pas besoin d'être patient, aucun de mes loups n'est un débutant. On est juste un peu rouillé, mais en meilleure forme.

Mon Beta se dresse devant moi, hoche la tête et part vers l'entraîneur. Sa joue dégonfle déjà et son poignet a retrouvé un angle plus naturel.
Ils vont nous faire un combat d'entraînement. Ma meute se place autour d'eux pour les observer. Je le fais aussi, mais je reste quand même un peu à l'écart, je leur dois de toujours garder une certaine distance. Les Alphas ne participent pas à ce genre de combat, on ne doit jamais dévoiler notre force et nos techniques, même auprès des nôtres. Ils savent que je suis dangereux, létal et c'est bien suffisant. Le plus important c'est qu'ils en ont conscience.

Le bruit du couteau qui racle le bois est omniprésent dans la pleine. Je n'entends que ça et ça me casse les couilles. Sans surprise l'entraîneur se fait mettre à terre par mon Beta. Dixon se fait charrier par les autres, il prend bien sa défaite. De toute façon, il savait qu'il n'avait aucune chance et trois pattes à toujours un coup ou deux d'avance.

Le puant est toujours sur son bout de bois, son crâne est baissé. Il semble concentré. J'essaie de me focaliser sur autre chose, mais je n'entends que lui. Au fond de moi, Myst grogne comme un dingue et fait des aller et retour dans son antre.

Comme le puant ne se soumet pas ça le gonfle, moi aussi.
La blague, ouais la bonne blague. Y'a moins d'un mois je m'en foutais de tout ce merdier et de ces règles à la con, maintenant je ne vis que pour ça.

Myst se met à gronder si fort au fond de moi que mes loups me regardent, au passage j'ai l'impression que mes organes et mes os sont partis en balades sans moi. Le puant lève son pif dégueulasse et me fixe. Ho le con. Je sens mon alter ego faire couler son pouvoir à travers moi. Je sens ma peau onduler sous son pouvoir. Il crève d'envie de sortir, de lui arracher les yeux et de le réduire en pièces.

Juste avant que je ne perde pied la main de mon Beta se pose sur mon épaule. Je l'ai sentie approcher, il a fait plus de bruit que besoin. Il l'a fait par respect, oui par respect. Nos loups font ça, ils le font pour nous faire comprendre qu'ils nous font assez confiance pour baisser leur garde et ne pas être silencieux. Au début, ils le font par respect et soumission et avec un peu de chance, bien plus tard, ils le font, car ils ont totalement confiance en nous. Ils nous abandonnent leurs vies. C'est aussi une règle de la volonté du loup.

Trois pattes est maintenant à côté de moi. Je sens son épaule contre la mienne, il me signifie juste qu'il est là. Présent a jamais.

— Je vais allé le voir chef. Sa voix est à peine audible sous son grondement. J'opine du chef pour lui dire que je suis d'accord.

La rage du loupOù les histoires vivent. Découvrez maintenant