L'aube d'une nouvelle force

Chapitre 44 - Avenir.

De retour dans la navette, Ben s'enferma dans un compartiment, pour vérifier les réglages de la propulsion subliminique. Cependant, Rey savait que c'était un prétexte. Elle avait senti son trouble, ses remords. Elle n'avait pas osé le questionner sur le sang, mais il était évident qu'il s'était débarrassé de ses geôliers, et d'une manière brutale. Il y a de cela plusieurs semaines, cela ne lui aurait posé aucun cas de conscience. Et elle savait que c'était une énorme évolution. Cependant, elle voyait que c'était dur pour lui, de se défaire de ses voies habituelles. Et il y avait autre chose...

Elle était allongée sur une couchette, mais fit un effort pour se relever. Elle fit quelques pas, et soudain, elle sentit du sang couler le long de sa jambe gauche. Sa plaie s'était rouverte. Prise d'un vertige, elle essaya de s'appuyer au mur mais glissa et chuta sur le sol, s'étalant de tout son long.

Le bruit fit revenir en trombe Ben, qui pesta en la voyant au sol.

- Bon sang, Rey! Vas-tu un jour faire ce que l'on te demande!

Il la releva facilement, la rallongea et entrepris de refaire son bandage. Tirant d'un tiroir la trousse de secours, il commença à nettoyer sa plaie.

- Je voulais venir te voir... commença Rey. 

- Tu veux toujours faire bien... mais tu ne fais que compliquer les choses, dit doucement Ben.

Elle grimaça sous la douleur tandis qu'il appuyait sur la plaie avant de la bander. 

- Tu m'en veux, déclara-t-elle.

- Oui. Je t'en veux de toujours te mettre dans de tels états. Tu aurais pu mourir tellement de fois...

- Je ne comprends pas. 

- Tu es partie seule aujourd'hui, alors que tu pouvais m'attendre. Si tu l'avais fait... je n'aurais pas du tuer les chevaliers. Je n'aurais pas eu besoin d'exécuter mon ami, dit-il sombrement.

Rey ne dit rien, réalisant ce que son entêtement avait provoqué. C'est vrai qu'elle était particulièrement têtue, depuis toujours. Et c'est vrai aussi qu'elle aurait facilement pu éviter de se mettre dans une telle situation. A deux, ils auraient certainement repoussé l'attaque des chevaliers. A deux, ils auraient fait front au lieu d'être divisés.

- Je suis désolée, dit-elle au bout d'un moment.

- Moins que moi, malheureusement, répliqua Ben. 

Il se leva, s'essuya les mains pleines de sang. Il regarda son habit, encore maculé du sang de ses anciens compagnons.

- Je vais me changer, ensuite, nous partirons, déclara-t-il subitement.

- Pour où?

- Il y a bien trop longtemps que nous différons ta formation. Il est temps que tu choisisses ta voie. Et il est temps que tu deviennes qui tu dois être. Je ne peux plus attendre, Rey.

Il marqua une pause.

- Nous retournerons sur Endor. 

- Non, le Premier Ordre surveille certainement cette planète. Nous ne tomberons pas encore dans un piège.

- Que proposes-tu?

- Je t'emmène sur Ach-To. Nous y serons en sécurité, éloignés de tous.

- Parfait, nous irons là.

Et il partit, laissant Rey seule. Dans la salle de bain minuscule, il ôta ses vêtements tâchés, et regarda son visage. Il était constellé de fines gouttelettes de sang. Il se fit horreur, et eut un haut le cœur. Il avait massacré ces hommes, non pour lui, mais pour elle. Pour la sauver, pour revenir vers elle. Il sonda son cœur, et y trouva l'amour, intact et passionné pour Rey. Mais aussi une colère, envers elle et lui-même, envers ce sentiment qui l'avait détourné de tout ce en lequel il croyait et avait œuvré.