Chapitre 49 - Une menace qui plane.

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Il se pencha vers elle. 

- Tu es sûre que tout va bien? insista-t-il.

Elle se releva et commença à fouiller dans la malle à outils. Elle se donna du mal pour paraître naturelle. L'air déterminé, elle assura à Ben que tout allait bien. Mais il insista. Classique.

Elle se tourna vers lui, l'air en colère.

- Je t'ai dit que tout allait bien, que veux-tu de plus? dit-elle, énervée.

- La vérité.

- La vérité c'est que...

Elle se mordit la lèvre. Il ne devait rien savoir de son trouble, elle devait le lui masquer jusqu'à être sûre d'elle. Elle devait détourner son attention.

- C'est que je pense à Poe, dit-elle soudain.

Il accusa le choc sans broncher, mais elle vit un voile de tritesse passer dans ses yeux. Il déglutit et releva le menton comme il avait l'habitude de le faire quand il se sentait inconfortable. Elle remarqua le pli entre ses deux sourcils, celui qu'il avait quand il était vexé, ou en colère.

- Non, dit-il.

- Si, c'est vrai. Il m'a avoué ses sentiments, et... je ne peux pas me retirer ça de la tête. C'est... compliqué, expliqua-t-elle. 

- Je sais que tu mens, Rey. Je le vois.

- Peut-être... finit par dire Rey. Mais tu devras t'en contenter.

Et elle partit dans un autre compartiment, armée d'une clé. Ben resta debout dans le couloir, habité par le doute. Mentait-elle vraiment? La conversation à laquelle il avait assisté quelques minutes plus tôt pouvait l'en faire douter... D'un autre côté, il était presque sûr des sentiments de Rey à son égard. 

Non, elle ne s'en tirerait pas en fuyant, décida-t-il. Il la suivit dans le compartiment où elle s'était réfugiée, et alors qu'elle lui tournait le dos, travaillant sur une conduite dans la paroi, il lui saisit brutalement le bras et la retourna.

- Hey! protesta-t-elle. 

- Rey, je ne suis pas très patient, et pas très enclin à jouer à ce petit jeu. Tu as vraiment des sentiments pour cet homme? Alors tu n'as rien à faire ici. Mais je suis sûr qu'il y a autre chose, et tu vas me le dire, sinon je vais le savoir, menaça-t-il.

- Ah oui? ironisa Rey. Tu vas m'interroger, comme tu en avais l'habitude? 

Ben prit une grande inspiration. Il lui fallait garder son calme, mais il n'y arrivait pas. Il s'agissait de Rey, elle était trop importante et trop porteuse d'affect pour lui pour que cela le laisse de marbre. Elle l'excluait, elle le rejetait en refusant de lui révéler ce qui la tracassait. Et cela lui était insupportable. 

- S'il le faut, oui. Tu vas tout me dire! cria-t-il.

- Ben! cria-t-elle en retour. Ne joue pas à ça! Tu sais que tu n'obtiendra rien de moi ainsi!

Et elle lui donna un coup d'épaule pour passer. Il la saisit par les hanches alors qu'elle passait près de lui et la reposa devant lui.

- S'il te plaît, se radoucit Rey. Il faut que tu me croies, je...

Au moment où elle se sentait faiblir, presque sur le point de lui faire part de ses doutes, un signal sonore vint la sauver. 

- Le modulateur alpha! dit-elle.

Ils se précipitèrent vers le tableau de bord et virent ce qu'ils redoutaient. Le modulateur était défectueux, et ils enclenchèrent la sortie d'hyperespace pour ne pas risquer l'explosion. Ils n'étaient pas arrivés sur Jeda, et le chemin était encore long à parcourir. Sans vitesse-lumière, le trajet serait long, et dangereux, car il faudrait s'arrêter plus souvent pour se ravitailler.

En pestant, Ben et Rey se mirent en quête d'un abri pour faire les réparations.

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- Suprême Leader, dit l'officier en s'inclinant, le commandant Orin est arrivé et demande à vous voir.

- Faites-le entrer, répondit Hux en restant assis sur le trône.

Les portes s'ouvrirent et laissèrent entrer l'homme qui dirigeait le commando sur Ach-To. Habillé tout de noir mais fraîchement changé, les cheveux blonds parfaitement peignés, il s'avança bien droit et la marche assurée. Hux leva la main à l'intention de sa garde prétorienne. Les hommes comprirent immédiatement et quittèrent la salle du trône sans hésiter. Ce fait était rare, car la garde prétorienne se devait de rester, jusqu'à la mort, avec son Suprême Leader.

- Vous en avez mis du temps, commença Hux.

- Je vous implore d'excuser ce retard, Suprême Leader. J'ai dû brûler les corps de plusieurs de mes hommes.

- Ce que deviennent vos hommes ne m'intéresse pas! gronda Hux. Vous aviez dit que ce serait facile, vous aviez juré de terminer ce travail. Et pourtant, je n'ai pas eu vent de leur mort!

Hux se leva précipitamment et se mit à faire les cent pas devant son trône. Ses cernes s'étaient encore agrandies, et son teint paraissait encore plus blafard à la faible lumière diffusée par les éclairages. Les mains croisées dans le dos, il était plus nerveux que jamais.

- Suprême Leader, argumenta Orin, mes hommes me sont très précieux. Ils sont dévoués corps et âmes à notre cause. Je ne veux pas les "gaspiller". 

Hux lui lança un regard noir.

- Mais rassurez-vous, continua Orin. J'ai ordonné notre retraite pour leur donner le sentiment qu'ils ont gagné. Les deux personnes dont nous parlons sont trop puissantes pour être affrontées ensemble. Il nous reste deux possibilités d'action.

- Ah oui? Dites-moi tout, commandant, je brûle d'entendre vos explications, dit Hux en se rasseyant. 

- Nous pouvons les attaquer lorsqu'ils sont à bord de leur vaisseau. Tous possesseurs de la Force qu'ils sont, une explosion est tout à fait possible. 

- Et la deuxième?

- Nous avons introduit dans leur vaisseau un défaut majeur qui va les forcer rapidement à s'arrêter. Ils ne pourront plus se servir de l'hyperdrive. Cela nous enverra par la même occasion un signal quant à leur localisation. Et lorsqu'ils se poseront pour faire leurs réparations...

- Vous leur tomberez dessus comme un seul homme, termina Hux, songeur. Oui... c'est ingénieux, commandant. Mais, vous m'avez indiqué que vous ne pouviez les attaquer à deux? dit-il en relevant un sourcil.

Orin esquissa un sourire.

- En effet. Sur une planète inconnue, en cours de ravitaillement, il ne sera pas si difficile de les séparer. Nous avons un réseau qui travaille pour nous, Suprême Leader. 

Hux se mit à rire. 

- Commandant, vous êtes étonnant! J'avais entendu parler de vous, certes, mais jamais je n'aurait pensé que vous soyiez si étonnant! répéta-t-il. 

Il continua de rire. Puis, il se tut.

- Continuez ainsi, commandant. Mais je vous avertis: votre ordre n'existe que parce que je le veux bien. Décevez-moi une fois de plus, et je vous dissoudrais, comme toutes ces vieilleries que je trouve un peu partout. Une seule fois, commandant.

- Je ne vous décevrai pas, Suprême Leader. Ce sera un honneur de vous donner ma vie au combat.

Hux le congédia d'un mouvement de main. Quand Orin repassa la porte, la garde prétorienne rentra sans bruit et vint se placer derrière Hux, qui avait le regard maussade, perdu dans le vide. 

L'aube d'une nouvelle forceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant