L'aube d'une nouvelle force

Chapitre 50 - Une mort.

Deux jours après la panne du motivateur, ils étaient en orbite autour de Kitel Phard, aussi connue sous le nom d'Atrisia.

- On doit aller recharger, on n'a pas le choix! 

- Je sais bien, dit Ben en se passant la main dans les cheveux. Mais le problème, c'est que ce n'est vraiment pas le bon endroit. Ici, le côté obscur et le Premier Ordre sont partout... 

- Ne peut-on se fondre dans la population?

- Impossible, nous sommes bien trop connus...

Ben soupira. Il était fatigué de ces deux jours de navigation éprouvants. Après leur dispute, ils s'étaient peu parlés, mais Rey était aussi très fatiguée et irritable. Ils avaient dormi chacun de leur côté et il ne savait plus comment faire pour briser la glace qui s'était installée entre eux.

Il jeta un oeil à la jauge de carburant. Ils ne pouvaient plus repousser l'échéance.

- Nous allons descendre, et j'irai nous trouver du carburant. Et des provisions. Il nous reste encore un peu plus de deux jours de trajet jusqu'à Jedha, déclara-t-il.

Rey le regarda. Ses yeux noirs fatigués semblaient deux joyaux d'ébène dans un océan de tristesse. Il était épuisé, cela se voyait. Et la pression qu'ils subissaient tous deux ne faisait que s'emplifier de jour en jour. Les messages qui leur parvenaient de la Résistance les pressait de terminer leur mission pour les rejoindre. La flotte s'était rassemblée et les derniers préparatifs étaient en cours. Tout le monde allait quitter Ganaria d'un moment à l'autre.

- D'accord, mais je viendrai avec toi. 

Ben ouvrit la bouche pour parler mais elle leva la main pour le faire taire.

- Je ne compte pas rester seule à t'attendre. Je veux venir, je veux être utile. 

Il soupira. Comme un air de déjà vu. Cette femme pouvait obtenir ce qu'elle voulait de lui, au final. C'était... fatiguant, intriguant, extraordinaire. Il se leva et lui tendit la main.

- Ensemble, alors?

- Oui, ensemble, lui sourit-elle en retour.

                                                      -----------------------------------------------------

Atrisia était une planète recouverte d'une dense végétation. Et parfois, émergeait de la jungle profonde une cité, tellement moderne et dense elle aussi, que le contraste était presque dérangeant.

Ils posèrent la navette sur une plate-forme d'atterrissage anonyme, et se vêtirent comme deux voyageurs tout à fait banals. Cependant, ils n'oublièrent pas de prendre leurs armes avant de sortir du vaisseau. Rey regarda autour d'elle, et vit par-delà l'horizon de hauts immeubles un océan de verdure. Elle pensa qu'elle devenait habituée à la verdure, alors qu'il y a quelques mois elle aurait tout donné pour en voir ne serait-ce qu'un bout.

Ils trouvèrent rapidement un point de livraison de carburant, et Ben paya sans sourciller ce ravitaillement couteux. Il avait encore la possession de ses crédits, et demeurait immensément riche. 

- Il ne faut pas traîner, lança-t-il à Rey. On saura très vite que je me suis servi de mes crédits, et encore plus vite on saura où je suis, finit-il par dire.

- Entendu. Il nous faut cependant des vivres, allons au marché.

Ils partirent d'un pas rapide au marché. Les étals riches et variés s'étalaient devant eux en un foisonnement de couleurs, d'odeurs et de saveurs diverses. Rey s'approcha d'un étal de poissons qui semblaient délicieux, mais rapidement l'odeur la dégoûta et elle continua son chemin vers un autre étal. La foule était dense, et elle se serra près de Ben tandis qu'ils marchaient. Ils remarquèrent à peine la jeune fille qui vint se cogner à Rey, et s'excusa. Rey lui assura que ce n'était rien, et ils reprirent leur chemin. Un enfant s'approcha en courant du couple, mais Ben, irrité, dévia son chemin d'un geste discret de la main.

- Il y a trop de monde, nous ne sommes pas en sécurité, dit-il, les dents serrées.

- Là, des mangrocs. Je vais en acheter quelques uns et nous pourront rentrer au vaisseau. Ah.. et du karsic aussi. 

Elle paya rapidement ses achats et ils commencèrent à rentrer. Mais Rey commença à se sentir mal. Elle se mit à avoir chaud, transpirer abondamment. Tout en marchant, elle respirait de plus en plus difficilement et son trouble n'échappa pas à Ben.

- Rey! dit-il en la rattrapant alors qu'elle n'arrivait plus à marcher.

- Je... je ne me sens pas bien... Je... 

Mais aucun son ne put sortir de sa bouche. Elle était tombée, inconsciente. Essayant de ne pas céder à la panique, Ben la tira entre deux ruelles pour se mettre à l'abri des regards.

- Rey! répéta-t-il tandis qu'il essayait de la réveiller. 

Mais Rey restait inconsciente, et sa respiration se faisait faible. Désespéré, il entreprit de la ramener au vaisseau en la portant. Il laissa les provisions à terre et la saisit. Mais il sentit immédiatement une attaque arriver. Prudemment, il la redéposa au sol et saisit son sabre, ainsi que celui que portait Rey. Et il les vit arriver, affrontant son destin avec fatalité et détermination.

Six hommes apparurent, de chaque côté de la ruelle, dans le même costume que ceux qui les avaient attaqués sur Ach-To. Il se mit en position de combat, au-dessus de Rey. Puis il alluma les deux sabres-laser, un dans chaque main. Il sentait le feu bouillir en lui, sa rage décupler ses sens comme il s'y était si souvent entraîné avec Snoke. Il ne refréna pas cette pulsion, cette pulsion de colère et d'anéantissement, pour protéger celle qui comptait tant, et était si faible. Il laissa monter ces sentiments en lui en raffermissant ses prises autour des sabres-laser.

Et enfin, il attendit qu'ils attaquent. Il sentait sa bulle de Force autour de lui, et visualisait les chemins empruntés par la Force de ses adversaires. Comme des signaux, qui pouvaient lui indiquer la meilleure façon de frapper sans avoir besoin d'avoir les yeux ouverts. Bien sûr, il n'était pas aussi habitué à combattre à deux sabres qu'avec son seul sabre si spécifique. Mais il s'y était entraîné, et était un redoutable combattant. L'enjeu de la vie ou la mort de Rey donna une dernière impulsion, s'il était besoin, pour que ses sabres frappent vite et bien. 

Ben riposta et attaqua violemment, sautant, prenant appui sur les murs étroit, et esquivant aisément les coups. Les hommes l'attaquèrent avec des lances très puissantes et des épées qu'il n'avait jamais vues. Mais il savait à qui il avait affaire. Une bande de tortionnaires, mercenaires du Premier Ordre et de l'Empire avant lui. Commémorant perpétuellement l'ordre 66 ayant anéanti, grâce à son grand-père, l'ordre Jedi.

Des fanatiques prêts à tout et faisant peu de cas d'une vie. Hors de question de laisser Rey seule face à eux.

Sa danse macabre dura un temps certain, dont il ne prit nullement notion. Et ce n'est qu'après avoir défait le dernier assaillant, mort comme les autres sans un bruit, qu'il rangea ses sabres et se précipita vers Rey. Il sortait de sa transe, et la réalité lui sauta au visage brutalement. Les cris des habitants dans les rues autour alertaient les forces de l'ordre locales. Il ne fallait pas s'attarder. Il se dit qu'il réfléchirait à la façon dont ces hommes les avaient retrouvés plus tard. Il souleva Rey de terre en vérifiant qu'elle respirait encore, et constata avec horreur qu'elle était ténue. Et autre chose: en la soulevant, il constata du sang sous elle. N'ayant pas réalisé qu'elle avait été touchée, il la détailla rapidement. 

Il ne trouva rien, et laissant ses doutes au point mort, il partit en courant vers le vaisseau. Le décollage fut rapide. Il avait eu à peine le temps de déposer Rey sur une couchette et de la sangler. Il n'avait pas pu faire les réparations, mais disposait à priori des ressources nécessaires. Il s'assura que la mise en orbite du vaisseau serait sûre pour un temps au moins.

Une fois leur sécurité assurée, il pris néanmoins soin d'activer les boucliers déflecteurs et l'occultation et se débarrassa de ses vêtements tâchés. Il s'approcha de Rey. Son état ne s'était pas dégradé, mais pas amélioré. Il se sentait impuissant. Voulant réajuster la couverture qu'il avait posé sur elle, il l'observa en détail. Et il comprit alors d'où venait le sang qu'il avait constaté. Là, entre ses cuisses, le long de son pantalon, Rey saignait. Elle saignait abondamment, et il s'assit, sous le choc.

Il avait enfin compris ce que Rey avait cherché à lui cacher. Et il se mit à pleurer.