Je t'aime malgré tout. Tome 1.

Chapitre 3: l'énergumène.

Je voulais pleurer, réellement. Mais je ne voulais pas lui montrer ma faiblesse. Ce genre de type qui se croit capable de tout ne désire que ça. Je scrute l'horizon en cherchant le moindre détail qui pourrait me faire oublier le temps d'un instant mon accident. Ayden était toujours sur le banc, regardant l'horizon lui aussi, et soufflant de ça de là la fumée produite par sa cigarette. Un blanc s'était installé, gênant, perturbant. Que répondre à ses propos? Il avait raison au fond... Et c'est ça qui me faisait le plus mal. Jamais on m'avait mis sur le dos le poids de la responsabilité de mon état. Quand j'étais à l'hôpital, ma mère ne me pointait jamais du doigt comme coupable, elle trouvait probablement que la sentence était déjà assez dure comme ça.

"Eh bien, tu as perdu ta langue miss?

Miss? Depuis quand on appelle quelqu'un que l'on connaît à peine comme ça?

-J'ai peut être tout simplement pas envie de te parler. Ajouta-je du tac au tac.

-Avoue, ça te tue que j'ai raison hein. Me taquina-t-il.

-Ferme là tu veux?"

Puis pour être certaine de ne plus entendre le son de sa voix, je rejoignis ma classe, me convaincant que le temps de mon escapade avait assez duré. En tout cas c'est clair, ce genre de type je ne peux pas les encadrer, mon frère avait probablement raison, ce n'est pas quelqu'un de fréquentable. Je me préparai mentalement au regard pesant de la prof avant de frapper à la porte. Je pris une longue inspiration, et toquai deux fois. La professeur en question ouvrit la porte et dans un silence me laissa entrer, ne cherchant pas à en savoir plus. Vous voyez? Je vous avais prévenu, dans ce genre de situation vous n'avez nullement besoin d'excuse, votre état en est déjà une. Laura me regarda avec un air interrogateur que j'esquivais le plus possible. Pas envie de lui expliquer ce que je ressentais tous les jours pour recevoir encore et encore de la pitié. J'essayais donc tant bien que mal de m'intéresser à ce fameux cours d'anglais.

Après des minutes qui me semblaient devenir des heures, la sonnerie retentit. Bien qu'il n'était que 11h, on se décida à aller manger suite aux supplices de nos estomacs. Les garçon étaient déjà attablés et j'avais déjà pu apercevoir la silhouette d'Ayden. Il n'aurait pas pu rester fumer dehors celui là?

"Alors, ça c'est bien passé tes cours? Me demanda Noé pendant que les autres parlaient entre eux, de jeux vidéos sans doute.

-Hm... On peut dire ça.

-Emma, je t'en pris, tu peux pas être légèrement plus enthousiaste à l'idée d'être ici et de voir des amis?

-Tu parles d'amis... Dis-je d'un ton ironique en dévisageant Ayden.

Mon frère se demanda le pourquoi de ce regard noir, mais ne chercha pas plus loin, et voyant mon humeur d'un froid glacial, préféré parler avec ses amis.

Personnellement, je me battais avec mes petits pois dans mon assiette. Ayden, qui était à ma droite me lança:

"Alors, on a pas faim princesse?

-Tu as décidément du mal à la boucler. Répondis-je sans le regarder avec un ton plus froid que le marbre.

-Oh... Je t'ai réellement blessé alors! S'exclama-t-il dans un rire.

-Mais ferme là tu entends?! Ferme là! Éclatai-je en sortant le plus vite possible de la cantine.

-Tu saoules mec, sérieusement..." Lui lança mon frère en voyant mon agacement.

Pour ma part j'étais déjà aux toilettes entrain d'essayer de retirer mon mascara qui avait coulé. Ce mec a le don de m'énerver rien qu'en ouvrant sa bouche. Son air hautain et son ton si sur de lui m'exaspére. Il fallait que je me reprenne, de toute manière je crois que je n'ai pas le choix de cohabiter durant l'année avec cet énergumène. Puis j'avais aucune envie de mettre la pagaille dans l'amitié de mon frère. Il fallait que j'élabore un stratagème pour ne plus l'éviter au plus vite celui là. J'avais décidé d'opter pour l'ignorance, simple et efficace généralement.

Soudain, j'entendis toquer à la porte des toilettes. Bizarre, généralement on ne demande pas si il y a quelqu'un avant d'entrer dans ce genre d'endroit public. Pas réellement sûr de moi, je lançai un timide "oui". La porte s'ouvrit et laissa place à Laura, avec son air paniqué.

"Bichette, ça va? m'interrogea-t-elle en prenant soin de fermer la porte.

-Oui pourquoi? Je devrais être énervé parce qu'un con fait le malin depuis ce matin alors que je ne le connais même pas? Voyons c'est pas mon genre! Exclamai-je sur le ton de l'ironie.

-Il t'aime bien pourtant...

-Pardon?

-Quand tu es parti, il a compris à quel point il avait merdé, je crois. Il paraissait peiné au fond.

Oui bah vraiment au plus profond de lui alors, car je ne le vois pas ressentir de la peine sachant comment il m'a reçu toute à l'heure.

-C'est possible tu crois? Je veux dire, ce genre de chose peut ressentir des sentiments?

Laura explosa de rire à s'en tenir le ventre.

-Aller, viens rassurer ton frère qui doit être mort d'inquiétude là."