Chapitre 26 :

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J'émergeais petit à petit de mon sommeil, je me suis réveillée très étourdie et super fatiguée avec une petite douleur au niveau du bas ventre.
Je me battais contre moi même pour ouvrir mes yeux et lorsque ceci fut fait, par réflexe je regardais autour de moi et la blancheur des murs ainsi que la couverture sur moi me prouvérent que j'étais à l'hôpital. Les derniers images me revinrent à l'esprit lorsque j'aperçus que mon ventre était à nouveau plate ou presque. Les larmes me parcourent momentanément mes joues et j'essayais donc de me lever mais en vain car j'étais incapable de bouger et c'est ainsi que la porte s'ouvra sur un jeune infirmier qui fut un peu surpris de me voir réveiller avant de me sourire gentiment.

Lorsqu'il fut à mon chevet, il me donna à boire avant de prendre un mouchoir pour m'effacer mes larmes puis il s'assit juste en face de moi.

-On a du te plonger dans un coma artificiel parce qu'ils y avaient quelques complications par rapport à ton bébé, tu étais très fragile à l'opération. On a du le faire naitre prématurément mais malheureusement il était déjà décédé dans le ventre. Il n'a pas survécu à cause du choc qu'il y a reçu. Je suis désolé. Explique t'il compatissant.

Je ne lui répond pas et détourne ma tête de l'autre côté du lit pour pas qu'il ne me voit à nouveau pleurer.
J'aurais dû m'y préparer, j'aurais dû savoir que moi la chance m'a quitté depuis que j'ai posé les pieds sur le sol dakarois. Je n'arrive pas à avaler la pillule, j'avais vraiment espoir que mon bébé naisse et que je le vois grandir, il aurait apporter ce sens positif dans ma vie, la raison pour laquelle j'aurais tenu le coup mais aujourd'hui voilà que tout mon espoir s'est envolé en éclat. Je ne mènerais jamais la vie que je veux, pas tant que je ne sortirais pas de ce milieu où ne règne que l'argent et qu'il n'y a pas de place pour l'amour et l'attachement.

-En fait il y a quelqu'un qui veut te voir. Entre !
-Sucré, s'il te plaît pardonnes moi pour tout ça....je....je ne voulais pas. J'essayais de te défendre et il m'a poussé...il......

Je me tourne à nouveau ma tête et vit l'homme qui m'est tombé sur le ventre et qui a provoqué tout ceci. Mes larmes coulèrent à flot en même temps que lui, son visage était larmoyant et il avait vraiment l'air de s'en vouloir. Ça me fait presque sourire parce qu'à moi on ne me donne pas autant d'importance. Aprés tout je ne suis qu'un objet, et on ne doit pas s'excuser lorsqu'on me déchire, que l'on me fait du mal ou que l'on me piétine parce que c'est pour ça que je suis faîte, pour que les gens s'amusent et pour qu'après utilisation, ils font ce qu'ils veulent de moi. Donc quand je le vois pleurer pour ce qu'il a fait, je ne peux qu'en être heureuse. A t'on déjà vu un homme demander pardon à sa prostituée ? Oh que non.

-Pourquoi tu pleures ? Ce n'est pas grave, ce n'était qu'une erreur et tu ne l'a pas fait exprès.  Lui dis je.
-S'il te plait pardonnes moi. Je te jure c'est tout ce que je veux....je....je...regrette tellement. Dit il en prenant ma main et une de ses larmes atterit sur ma paume.
-Je te pardonne à une condition.
-Tout ce que tu voudras !
-Si tu franchis cette porte ne reviens plus me voir.
-Pas de soucis. Je te promets.
-Alors efface tes larmes car je te pardonne. Avouais je sincèrement.
-C'est comme si c'était fait ! Sourit il en les effaçant.
-Je peux te demander pourquoi tu as pris la peine de venir ici pour que je te pardonne, je veux dire tu aurais pu ne pas venir et rien ne te serais arrivé. Tu le sais.
-Oui mais ma femme est enceinte et ça m'a rendu fragile pour ton cas.
-D'accord. Bon au revoir ! Lui dis je déçu de sa réponse. 
-Au revoir et pardon encore une fois !

Qu'est-ce que tu peux être idiote Bella. As tu vraiment osé penser qu'il était là parce qu'il t'accordait de la valeur ? Ma pauvre une fille comme toi n'a pas de valeur. Me dit ma conscience.

-Je sais que c'est pas facile mais va falloir être forte. Ajoute l'infirmier.
-Je le suis, crois moi. Dis je d'une voix inaudible.
-Comment tu te sens ?
-Affaiblie, je peux à peine bouger.
-C'est normal. Ça ira mieux dans quelques minutes. Tu as dormi pendant trois jours mais malheureusement tu vas encore devoir resté à l'hôpital, le temps que tu te reprennes.
-Pendant combien de temps je resterais ici ? Demandais je toujours sans lui faire face.
-Plus ou moins une semaine.
-J'aurais voulu rester plus de temps.
-Tu sais on m'a toujours dit que se confier à un inconnu est très recommandé. Que s'est il passé ?
-J'avais la forte conviction que la fin justifie les moyens et je me suis planquée. Avouais je en le regardant cette fois ci. Peux tu m'aider à m'assoir ?
-Oui bien sûr ! Répond t'il en remontant le lit de façon à ce que je sois dans une position assise.

Je grimace de douleur avant d'entreprendre à poser ma main sur mon bas ventre.

-Est-ce normale que je sois habillé comme ça ?
-Oui c'est normal. Tu vas arrêter de pleurer oui. Dit il en m'éffacant les larmes à nouveau. Tu as dit avoir la forte conviction que la fin justifie les moyens n'est ce pas ?
-C'est exact !
-Quel est la fin ?
-Sortir ma famille de la pauvreté afin qu'elle vive dans le luxe.
-Et les moyens ?
-Je l'ai fait à tout prix.
-Même si je ne comprends pas tes réponses énigmatiques, sache que je suis là si tu as besoin d'une épaule. Sourit il.
-Je te remercie.
-As tu faim ?
-Non merçi parcontre je veux rester seule.

Il hoche la tête avant de sortir. Dès que la porte se referma j'éclatais en sanglot. Je pleurais toute les larmes de mon corps, je pleurais, je pleurais et je ne pouvais plus m'arrêter. Il fallait que j'évacue toute cette douleur qui m'habitait depuis si longtemps. Je veux tout laisser tomber, je veux en finir avec ma vie. J'en ai marre, c'est devenu beaucoup trop pesant pour moi.

Je frappais tout ce qui me venait à l'esprit, je débranchais les fils auxquels j'étais liés, j'hurlais, je criais car j'avais besoin d'extérioriser toute cette souffrance en moi, cette souffrance de n'avoir aucun soutien et d'avoir perdu l'être auquel j'étais le plus lié. Je fus tout d'un coup comme accompagné d'une force supérieure ou que j'étais possédée. Je me levais du lit, je déchirais les draps, je fis tombés la chaise, le lit et pour finir je me mis à cogner au mur avec les poings fermés, je cognais tellement fort le mur que je sentais mes doigts se contractaient à chaque coup. Je continuais ainsi en criant quand des infirmiers accoururent dans la pièce.

-MAIS QU'EST-CE QU'IL LUI ARRIVE ?
-ELLE FAIT UNE CRISE D'ANGOISSE ! IL FAUT QU'ON LA CALME.

Ils voulurent me stabiliser mais sans succès, sur le moment j'avais beaucoup trop de force mais cela ne dura qu'un instant car je sentis une piqûre au niveau de mon bras et je tombais immédiatement au sol parcontre mes yeux restèrent ouvert jusqu'à ce que je vis deux hommes me portait.

Cela faisait quelques jours que j'étais encore dans cet hôpital mais j'avais vraiment du mal à contrôler cette colère en moi. Je sais que j'allais bien mais que mon seul bémol est que j'étais très souffrante par rapport à la perte de mon enfant, les médecins ont jugés que je devenais folle car encore hier j'ai refaite une crise et ils m'ont une fois de plus fait dormir. Toutes leurs doutes ont été confirmé: pour eux je perdais la tête et franchement je plains Badjéne qui paie pour chaque chose que je gâte ici.

Je ne sais pas combien de temps j'avais dormi mais je sais que ça avait été pour une durée très long, lorsque je relève mes paupières j'étais dans une chambre tout à fait distinct de l'autre. Celle ci était beaucoup plus vide de meuble et semblait être beaucoup plus sécurisé. Je sursaute légèrement quand je vis Badjéne et Adrien, je me tins la tête parce j'entendais comme des bourdonnements.

-Bella regarde moi, il faut que tu redeviennes calme sinon ils vont t'interner dans une hôpital psychiatrique pendant un long moment et non seulement je vais payer très cher mais tu me feras aussi perdre beaucoup d'argent au travail. S'il te plait, j'ai besoin de toi. Me supplia t'elle presqu'en pleure.
-Bella s'il te plaît arrête de faire des crises. Nous savons que tu es en colère et que tu es triste de perdre ton bébé mais nous avons besoin de toi.

J'allais répondre mais c'est là que j'obtiens une idée vu qu'ils pensaient tous que j'étais folle pourquoi pas me jouer de ça ? Il y a une distance quasi infranchissable entre crise d'angoisse et problème psychiatrique. J'étais très loin d'être folle même si je n'ai cessé de me comporter en tant que telle et ça j'allais le continuer pendant quelque temps, histoire de vivre tranquillement loin de Sidi, de Badjéne, d'Adrien et de ce lieu répugnant.

-Qui êtes vous ? QUI ÊTES VOUS ? VOUS ÊTES DES DÉMONS LÂCHEZ MOI. JE NE VEUX PAS ÊTRE COMME VOUS, JE SUIS UN ANGE. VOUS ENTENDEZ ? JE SUIS UN ANGE ! Hurlais je comme une timbrée.

Bah quoi ? Il faut être bonne actrice parfois non.

-C'est confirmé cette fois ci nous allons l'interner dans un hôpital psychiatrique. Annonce un infirmier.
-Non. Non. Donnez lui une chance....
-Nous sommes désolé madame mais c'est fini. Votre fille a besoin d'aide ! Dit l'infirmier pour couper court au monologue de Badjéne.

Yes ! Me dit ma conscience.


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Merci  ;)

Dans Le Parcours D'une Prostituée Sénégalaise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant