Chapitre 66 :

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-Comment ? Et pourquoi vous ne m'avez rien dit depuis que je suis venue ? Demandais je.
-Je ne voulais pas...
-Il est où à l'hôpital principal ?
-En neurologie, chambre 24.

Je courrais aussitôt vers ma voiture avant de démarrer en direction de l'hôpital principal. C'est avec une vitesse débordante que j'arrivais devant la chambre. Lorsque je vis un garde devant la porte, je su alors que mon père était certainement dans celle là.

-Salut !
-Je ne parles pas aux femmes comme vous. Dit il insolemment.
-Je suis de la famille. Changeais je de sujet.
-Eh bien entrez alors et cessez de me parler. Répond t'il sur le même ton.

Je ne pris pas en compte son regard et sa façon de me parler, je commençais à avoir l'habitude que les gens ne m'aiment pas alors je fis comme si je n'avais pas remarqué son insolence avant d'hocher la tête pour entrer dans la chambre.

J'étais non seulement surprise de voir Amadou et Sandra ici mais en plus de ça ils étaient tous les deux en larmes oui tous les deux car même Amadou avait les yeux humides même s'il voulait montrer tout le contraire, ça se voyait qu'il pleurait. Je detournais mon regard sur eux avant de regarder mon père qui avait dangereusement maigrit, allongé sur le lit et qui était simplement branché à une machine de perfusion. Sandra était assise près de lui pendant que Amadou était debout faisant les cents pas.

Cependant je n'étais pas la seule à être surprise, eux aussi étaient choqués de me voir ici.

-Bonjour ! Dis je en m'approchant de lui et en ignorant royalement la présence des autres.
-Bonsoir Bella ! Répond t'il faiblement. Qu'est-ce que tu fais ici ?
-J'étais allé vous faire sortir de prison et j'ai appris que tu étais ici alors je suis venu te voir. Parlais je en secouant la tête pour enlever l'image de mon père sur moi mais je ne pouvais pas.

Quand je le regarde la seule chose qui me vient à l'esprit c'est cette nuit où il a couché avec moi qui suit sa propre fille. À vrai dire je n'arrivais même pas à être triste pour ce qu'il lui arrive, je fermais les yeux et c'est à ce moment là que je compris parfaitement pourquoi le chirurgien ne pouvait pas me pardonner car actuellement je suis dans la même situation que lui, je n'arrive pas à pardonner à mon père. Pourtant tout ce que je voulais c'est le contraire mais je ne peux cesser de me dire que c'est lui qui m'a vendu en tant que prostituée et c'est pratiquement lui aussi qui dictait à Badjéne comment faire pour que je le reste. Une larme coula de ma joue puis deux et ensuite trois mais je me ressaisis aussitôt avant de les effacer.

-Est-ce que je peux avoir les réponses à toutes mes questions ? Lui demandais je en détournant le regard au sol avant d'aller m'assoir sur la petite chaise juste en face de lui.
-Oui. Tout ce que tu voudras.
-Est-ce que tu as vendu ma....ma virginité à Allane ?
-Oui.
-Ok. Tu étais au courant de ma grossesse à l'époque ?
-Oui. Baba me l'a dit.
-Alors à Baba aussi ?
-Il...il...m'a donné une petite somme en échange avec toi. Excuse moi Bella je ne savais pas ce que je....
-En réalité, tu étais au courant de tout et c'était toi le maître de ce qui m'arrivait ?
-Malheureusement.
-Et pourquoi moi ?
-À vrai dire Sandra aussi devait en faire partit mais quand Badjéne m'a dit que tu refusais catégoriquement que ta sœur en fasse parti. J'ai donné mon approbation et j'ai laissé tomber.

Lorsqu'il me dit ça, j'éclatais malgré moi en sanglots car le seule fait de penser que j'avais sauvé Sandra de la prostitution pour qu'au final elle soit l'une des premières personnes à me tourner le dos.

Cette dernière me voyant dans cet état voulait me prendre dans ses bras mais je l'arrêtais aussitôt.

-Ne m'approches pas. Dis je avec une très grande rage. Ne m'approches surtout pas. Quand j'avais besoin que tu me soutiennes, tu n'étais pas là.
-Je ne savais pas tout ce que tu avais vécu. Papa vient de nous expliquer tout ça.
-Tu ne m'a pas laissé m'expliquer. Rétorquais je.
-Je ne pouvais pas deviner.
-Pourtant tu aurais dû, le jour où je t'ai épargné ce viol. Tu aurais du m'accorder une deuxième chance car avant que je ne sois cette prostituée, j'étais d'abord ta sœur. C'est comme ça tu aurais dû réagir et non pas m'insulter et me manquer de respect comme le font les autres.
-Bella pardonnes moi ! Demande Amadou minutieusement.
-Chez nous, on ne demande pas pardon à des inconnus. Lui répondis je.
-S'il te plaît, excuse nous. Pleura Sandra.
-Combien de fois vous ai je tous les deux supplier de m'écouter et de me pardonner ? Combien de fois ai-je été dans cet état devant vous ? Pourtant pas une seule fois l'un de vous n'a daigné voir au-delà de ce que les gens disaient sur moi. Et... vous..vous auriez dû parce que je suis votre grande sœur, c'est pour vous et à cause du chantage à propos de vous que je ne pouvais pas sortir de la prostitution. Et toi papa, je ne sais même pas si je dois t'appeler comme ça, tu as complètement bousillé ma vie.
-Excuse moi Bella.
-Je ne peux pas te regarder sans me rappeler de ce que tu m'as fait. Je ne peux pas. Effaçais je mes larmes. Arrivera le jour où tu devras rendre compte par rapport à nous, arrivera le jour où on te demandera comment as-tu élever tes enfants et ce jour là papa je te plains, je te plains vraiment. Car tout ce que tu m'as appris c'est la souffrance, le rejet, la prostitution et surtout la dépression. Comment as-tu été si insensible pendant autant d'années ? Pourquoi a t'il fallu que tu en arrives là pour regretter ce que tu m'as fait ?
-Bella s'il te plaît ne dis pas ça. Commence t'il à tousser.
-Repens toi ! Dis je difficilement en m'approchant de lui. Demande à Allah de te pardonner.

Dans Le Parcours D'une Prostituée Sénégalaise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant