Chapitre 54 :

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Le jour pour moi était comparable à la nuit et la nuit comparable à l'agonie. Pourtant j'avais plusieurs comptes bancaires, j'avais plusieurs Villa, plusieurs maisons, plusieurs entreprises, plusieurs commerces et plusieurs voitures mais cela ne me servait à rien. L'argent ne fait pas pas le bonheur, cette phrase est bien vraie.
Encore ce soir je sortais du bar habillé de la manière la plus démodée qu'il soit tenant une bouteille d'alcool à la main zigzaguant comme une clocharde pour rejoindre ma maison mais j'étais tellement ivre que je ne pouvais pas faire un pas de plus. Ma respiration est soudainement devenue irrégulière, j'étais tout d'un coup incapable de bouger et involontairement je tombais au sol comme si on venait de pousser et la bouteille d'alcool s'écrasa un peu plus loin de moi, ma tête de raidit sur le sol sans que je ne puisse rien faire. Je ne pouvais même pas bouger le petit doigt ni même parler en plus de ça j'avais froid. Pour moi c'était ma fin. La fin que j'avais tant recherché là voilà enfin après un mois d'attente.

-Qu'est-ce que vous avez ? Accoure une femme en venant vers moi. Vous pouvez parlez ? Non.

Je voulais lui dire de ne pas m'aider, de me laisser mourir mais je ne pouvais malheureusement pas ouvrir la bouche.

Elle m'allonge sur le côté en position latérale après avoir vérifier mon pouls et ma respiration puis elle me couvre avec son pull.

-Je vais te couvrir avec mon pull pour éviter une chute de ta température le temps que j'appelle les secours et s'il te plaît ne fermes surtout pas les yeux. Dit elle en composant sur son téléphone puis elle s'assoit près de moi en me tenant ma poitrine, c'est là que petit à petit le sommeil vint à moi sans que je n'essaie de lutter parce que tout simplement j'étais fatiguée. Je fermais les yeux pendant que cette inconnue me suppliait de ne pas le faire mais c'était déjà trop tard car j'ai fini par perdre conscience.

Après diagnostic des médecins, ils ont finalement choisit de m'interner dans un centre de désintoxication où je suis restée près 8 mois pour pouvoir complètement me détacher de l'alcool, de la drogue et de la cigarette. Arrivé à 9 mois, j'ai commencé à faire des vas et viens sous surveillance entre l'hôpital psychiatrique et le centre de désintoxication. J'étais vraiment traitée comme une folle, je prenais des médicaments 4 fois par jour, je voyais le psychologue à qui je ne disais absolument rien car je refusais totalement de lui parler de moi et pour éviter que je fasse encore des crises, ils me faisaient faire des exercises consistant à m'occuper l'esprit. Au bout de 2 ans de réinsertion sociale et personnelle j'ai fini par me rétablir psychologiquement parlant et je veux reprendre ma vie à nouveau en main mais avant ça, il faut que je parle à mon Psy. C'est lui seul qui peut juger de ma situation psychologique pour m'accorder ma sortie.
J'ai déjà 30ans, il faut que je me ressaisisse.

-Bonjour ! Me souria le psy.
-Bonjour. Dis je simplement en m'asseyant sur la chaise en face de son bureau.
-Bien. Je vois que tu as fait des progrès.
-J'ai été interné 2 ans, il fallait que je le fasse.
-Comment tu te sens ?
-Je sais pas. Soupirais je. Je me sens vide et seule.
-Que t'es t'il arrivé dans ta vie ?
-Ils m'ont dit ''Tu es jolie femme, ce qu'il y a dans ta tête et dans ton cœur ça ne comptes pas. Ils m'ont dit habille toi, coiffe tes cheveux, maquille toi, lave tes dents, lève la tête, hausse ton regard et souris. Ce que tu portes est tout ce qui compte.'' Et c'est ce que j'ai fait.
-En gros tu fait ressortir ta beauté ?
-C'est exact.
-Qu'en penses tu ?
-Je pense qu'en ressortant ma beauté, j'ai psychologiquement fait ressortir le pire côté de moi.
-Tu faisais la mode si je me trompes pas ?
-Oui je le faisais.
-Et c'était comment ?
-Épouvantable.
-Pourquoi ?
-Parce que je dépendais d'un thème. C'est à dire que tantôt je devais faire un régime et tantôt je devais reprendre du poids. Je crois que ce cercle vicieux du changement physique m'a beaucoup fatigué aussi. Parfois j'avais mal, j'avais envie d'arrêter mais je ne pouvais pas parce que d'un côté il y avait l'argent que je désirais avoir à tout prix et d'un autre je recevais de leur part des pilules pour soigner mon mal être physique mais malheureusement on ne peut pas soigner ce que l'on ne voit pas alors j'ai du continuer sans rien dire.
-Qu'est-ce que l'on ne voit pas et que l'on ne peut pas soigner ?
-Mon cœur et mon âme. J'ai caché ma souffrance derrière de faux sourires mais à chaque fois que je restais seule j'étais finalement confrontée à ma réalité.
-Quel est cette réalité ? Comment tu vivais avec ?
-La réalité c'était de constater chaque jour un peu plus les tessons de la fille innocente que j'étais avant. Je vivais avec en l'ignorant complètement. C'est comme ça que j'ai fini par devenir méchante, en refoulant celle que j'étais.
-En privilégiant ta beauté tout en ignorant que chaque fois tu te brisais un peu plus ?
-Oui. Dis je en effaçant la larme qui venait de s'échapper de ma joue.
-Je vois que tu n'es pas celle que je vois dans la télé. Tout n'est qu'illusion.
-C'est normal. Je n'ai pas de perruques, pas de maquillage, pas d'extension de cils ni d'ongles...je...je...suis...
-Tu es toi. Complète t'il.
-Ouais. Souris je tristement en baissant la tête.
-Mis à part ça qu'est-ce qui t'a le plus marquée pour que tu tombes dans l'alcoolisme ?
-La prostitution.
-Je t'écoute.

Remarquant le regard que je lui ai jeté, il se mit à sourire.

-Je ne te jugerais pas. Rassures toi, je suis un psy et mon rôle est de t'aider.
-J'y étais forcée puis j'ai fini par y être habituer. Au bout d'un moment cela ne me dérangeait même plus car j'étais fait pour cela.
-Non, tu n'es pas fait pour cela.
-C'est ce qu'ils m'ont fait comprendre. Haussais je les épaules.
-Mais tu ne l'es pas. Que s'est il passé ensuite ?
-Ensuite s'en est suivi les chantages comme quoi si je ne faisais pas telle ou telle chose, ils allaient faire du mal à ma sœur ou montrer mes vidéos à ma mère. D'ailleurs c'est à partir de ça que j'ai fait ma première fois, un chantage. La prostitution je ne l'aurais jamais fait même si je devais mourir mais c'est parce qu'ils ont utilisé ma famille comme alibie que je l'ai fait pendant 10 ans.
-10 ans ? Demande t'il surpris.
-Oui 10 longues années.
-C'est pas croyable comme tu as du souffrir alors.
-Je ne te le fais pas dire. À force d'être leur esclave, j'ai fini par développer une rancune inexplicable me disant que la fin justifie les moyens.
-Quel était la fin ?
-Me venger des responsables de ma prostitution d'où mon père en premier et même des innocents.
-Ton père ? Questionne t'il surpris.
-Oui mon père est le dirigeant de ce secte en collaboration avec d'autres personnes et il...il a couché avec moi.
-Mon Dieu ! S'exclame t'il stupéfait.

Sa réaction me fit verser quelques larmes. Lui au moins il savait que j'avais souffert.

-Je suis vraiment désolé. Et quel était les moyens ?
-À tout prix.
-Et ta famille ?
-Ma famille ! Mais je n'ai pas de famille.
-Comment ça ?
-Mon père est en prison, mon frère est mort pour éviter que mon père ne m'integre dans son secte, ma mère est morte sur le coup en voyant l'une de mes vidéos, mon petit frère et ma petite ne veulent plus me voir. Mon mari m'a quitté, mon très proche amie est en couple avec lui, ma meilleure amie a couper les ponts avec moi et j'ai été interdit de voir mon fils.
-C'est pas vrai ! Toi au moins ton alcoolisme se justifie. Non mais c'est pas possible qu'on ait autant souffert dans une seule vie. T'avais quel âge quand tout cela a commencé ?
-J'en avais 15 puis quand je suis venue ici, j'ai eu 16 ans quelques jours plus tard.
-Et tu as quel âge maintenant ?
-30 ans.
-J'ai une année de plus que toi et je n'ai même pas vécu le 1/9 de ce que tu as vécu.
-Je sais.
-Et maintenant tu as mis de côté ta vengeance et tu vas redevenir celle que tu étais avant ?
-Je me suis perdue. Je ne sais même pas comment me comporter parfois j'ai l'impression d'être bipolaire.
-Non ce n'est pas de la bipolarité, c'est un dédoublement de la personnalité car à force d'essayer de préserver ta vie normale et de continuer ta vie de prostituée ainsi que celle de la mode, il y a deux personnalités qui se développent entre toi en tant que tel c'est à dire la personnalité normale en quelques sortes et celle de la séductrice ou dominatrice.
-C'est tout à fait ça mais dorénavant je vais essayé de me trouver.
-C'est une très bonne initiative. Bon alors il s'avère que maintenant tu es complètement rétablie. Dit il en signant sur une feuille qu'il me tendit.  C'est la feuille qui pourra te faire détacher de l'hôpital. Sourit il.
-Merci. Dis je en saisissant la feuille avant de partir.
-Bella ! M'appelle t'il.
-Oui. Fis je en me retournant.
-Tiens. Me tends t'il une petite carte qu'il sortit de sa poche.
-Ton numéro ?
-Euh....oui...quand tu auras besoin d'une personne à qui parlait, appel moi et je serais là.
-Je risquerais de t'appeler à chaque moment alors. Rigolais je.
-Cela ne me dérangera pas.
-D'accord. A très bientôt alors.
-À très bientôt ! Dit il à son tour.

-Attends !
-Quoi encore ? Rigolais je. Tu vas me donner ton adresse ?
-Non. Je voulais juste te dire que tu....tu...
-Je ? Questionnais je en clignant les yeux.
-Magnifique...tu...tu es magnifique.
-Merci. Toi aussi. Avouais je avec un sourire au coin avant de sortir de son bureau.




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Dans Le Parcours D'une Prostituée Sénégalaise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant