Chapitre 50 :

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Un mois, voilà déjà un mois que ma mère est morte emportant dans sa tombe le plus mauvais image qu'une mère peut avoir sur sa fille. Même si j'ai beau me dire que c'était juste son heure, je sais qu'au fond de moi je suis responsable de sa mort soudaine.
Je n'ai pas pu lui décrire ma souffrance, je n'ai pas pu lui expliquer mon parcours et je n'ai pas pu lui dire que c'était pour sa santé et la vie de Lamine que je me suis sacrifiée. Je n'ai pas pu lui dire qui était réellement Badjéne, je n'ai pas lui dire que je n'ai jamais été à l'école, je n'ai pas pu lui dire qu'on a jamais été dans un internat et je n'ai pas non plus pu lui dire ce que m'avait fait mon père, l'homme qu'elle n'a pas cessé d'aimer jusqu'à sa mort. Et par dessus tout je n'ai pas pu lui demander pardon, pardon de ne pas être la fille qu'elle espérait que je sois, pardon de n'avoir pas été là quand elle avait besoin de moi ni lui demander pardon de ne pas lui avoir accorder plus de respect.

Savoir que ma mère est morte m'a plongé dans une dépression totale d'autant plus que Amadou m'a formellement interdit d'être présente à ses funérailles et encore moins de savoir dans quelle cimetière elle avait été enterré. Mansour, Sophie, Ahmed, Anna, Sofia et même mon père a pu bénéficier d'une liberté pour pouvoir assister au deuil de son épouse.... Ils ont tous été à la cérémonie funéraire de ma mère pendant que moi à peine j'ai posé un pieds sur le pas de la porte que j'ai immédiatement était chassée de la maison et c'est seulement à ce moment là que j'ai remarqué le regard de mon petit frère et celui de ma petite sœur sur moi, c'était un regard remplit de haine, de déception et surtout de regret.

Sachant que je n'avais plus rien à faire, j'ai attendu que les 7 jours de deuil se passe pour aller voir Sandra et Amadou, il fallait qu'ils m'écoutent, qu'ils me comprennent et qu'ils me pardonnent.

Lorsque je descendis de ma voiture, je les trouvais tous les deux en compagnie de Sofia, la copine de mon frère au bord de la route avec quelques valises à côté d'eux.
Mes larmes me noyérent aussitôt les joues mais je les effaçais du revers de la main avant de descendre de mon véhicule pour venir à eux.

-Amadou, Sandra ! Je vous supplie de me pardonner. Dis je en effaçant une larme qui s'échappa de mes yeux. Vous êtes la seule famille qui me reste j'ai besoin de vous.
-Tu....
-Sandra écoute au moins ce qu'elle a à vous dire. La coupa Sofia.
-Non je...
-S'il te plaît ! C'est moi qui te le demande. Insiste t'elle.
-Je...je...peux savoir où est-ce que vous allez ? Demandais je.
-Nous déménageons. Réponds Amadou.
-Où ?
-Nous sommes désolés mais on ne peut rien te dire.
-Je vois ! Prononçais je en contenant mes larmes. Vous allez loin ?
-Peut être. Rétorque Sandra.
-Vous avez des projets ?
-Laisse moi deviner. Dit Sandra. Maintenant que j'y penses oui on en a un et c'est de ne plus jamais te voir.
-Mais je suis votre grande sœur !
-Tu l'étais. Répond Amadou.
-Laissez moi une chance..je...je vais changer et ensemble on fera un nouveau départ. Je vous le promets.
-Je ne peux plus et je ne veux plus vivre comme ça. Je ne ne supporte pas de porter le nom de la sœur de la prostituée. Si je dois refaire un nouveau départ avec toi, qu'Allah SWT me prenne tout de suite.
-Sandra pourquoi me parles tu comme ça ?
-Parce que je te déteste et je te detesterais pendant tout le reste de ma vie. Même dans mes pires cauchemars je ne veux plus te voir ni toi ni ton ombre. Avoua t'elle avec tellement de haine que j'en fu moi même choquée.
-Amadou parle à Sandra s'il te plaît. Je vois que toi tu ne me regardes pas comme elle me regarde. Je peux tout vous expliquez et peut être vous comprendriez.
-Bella si je ne te regarde pas comme Sandra le fait c'est parce qu'en réalité tu n'existes plus pour moi, tu as cessé d'exister depuis que j'ai su que même mes amis étaient passés sur toi à tour de rôle. Pour tout de dire tu me dégoûtes et je n'arrive plus à te témoigner du respect comme avant. Je te regarde normale en ce moment parce que je ne te considère plus et si Sandra réagit encore comme ça devant toi c'est parce que pour elle tu existes encore. Me dit il. Mais tu sais Sandra tu n'as pas à la détester, c'est sa vie et elle en fait ce qu'elle veut, la meilleure façon de la détester c'est de la voir comme un individu que tu ne connais pas, enlève tous les souvenirs que tu as d'elle et mets le à la poubelle. À force de te dire ''Que tu n'as jamais eu de grande sœur'' tu vas finir par y croire. Conseille t'il à Sandra en lui caressant l'épaule.

À la fin de sa phrase, une pluie de larmes quittèrent mes yeux et mon visage fut aussitôt larmoyant.

-Ama...Amadou comment peut tu dire ça ? Demandais je en mettant ma main tremblante devant ma bouche.
-C'est la vérité. D'ailleurs s'il ne s'agissait que de moi je pourrais rester ici car cela ne me dérangeait pas de voir l'inconnu que tu es devenu pour moi mais c'est pour ma sœur que je fais ça, je veux pas qu'elle renoue lient avec une...une... prostituée. Compléte t'il avec la mine dégouté. Tu peux alors comprendre par là que nous n'avons plus besoin d'explications venant d'une inconnue.

Une voiture se mit à claxoner et il prit aussitôt les bagages pour les charger au véhicule qui était garé juste devant mes pieds.

-Eh au fait la clé de TA maison est sous le pot de fleur d'oranger, nous n'avons absolument rien amené de toi ou des cadeaux que tu nous a offert. Tout ce qui vient de toi est resté là-bas. Me dit Amadou en montant dans le côté passager.
-Hey mais attends je la reconnais cette femme. Souria le chauffeur.
-C'est normal, c'est une prostituée. Lui répond Amadou en hochant la tête.
-Et pourquoi elle pleure ? Questionne le chauffeur.
-Oh c'est pas important. Râla Amadou.
-À Dieu Bella. J'espère que l'on ne te reverra plus jamais. Et si tu ressens ne serait-ce qu'une goutte de regret pour tout ce que tu as fait alors ne cherche pas à savoir où est ce qu'on est, nous serons mieux sans toi et ça tu le sais. Rajoute Sandra avant de monter elle aussi à son tour.

Il ne restait plus que Sofia.

-Je suis désolée Bella. Sois forte. Dit elle en me donnant une feuille. C'est là où vit Anna, elle sera là pour toi. Ajoute t'elle en effaçant furtivement mes larmes puis elle me fit un bisou sur la joue avant de monter à bord du véhicule qui démarra en trombe.

Je montais sur le coup dans ma voiture que je verrouillais aussitôt ensuite comme pour déverser ma peine je me mis à frapper sur le rebord du volant tout en versant de chaudes larmes.

-Je ne mérite pas ça ! Je ne mérite pas ça ! Je ne mérite pas ça ! Répétais je en me tenant la tête.








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Merci.   ;)

Dans Le Parcours D'une Prostituée Sénégalaise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant