Chapitre 01 :

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Je faisais partie d'une famille composé de mes parents biologiques et de 4 enfants dont 2 filles et de 2 garçons. Après mon grand frère, Lamine (16ans), j'étais l'aînée suivante (15ans), suivit de mon frère, Amadou (14ans) et enfin de ma petite sœur Sandra (10ans).
Ma mère était une vendeuse de mangues et mon père était un simple tailleur dont les revenus devenaient chaque jour de plus en plus faible. Malgré mon jeune âge, je pouvais lire sur le visage de mes parents la fatigue constante à cause des multiples activités quotidiennes qu'ils effectuaient pour nous accorder au moins un repas par jour.
Il m'arrivait souvent de rêver que quand je serais grande, je ferais tout pour réussir et nous sortir de cette misère.

Ma famille et moi habitions dans ce que les bourgeois appelent joyeusement un bidonville, à travers les baraques serrées et entassées les unes des autres dépourvues de toute espace nécessaire pour vivre.

Sidiali était un village éloigné et à l'encontre de toute la capitale sénégalaise où nous vivons constamment dans l'embarras la plus totale avec la pauvreté, la famine, l'insécurité, le manque de courants, le manque d'hôpitaux, l'inexistence de l'école, la clandestinité, l'obscurité, le manque de moyens transports, le manque d'eau potable et bien d'autres choses qui font que chaque mois nous voyons des personnes mourir sous nos yeux sans pouvoir accorder notre moindre assistance par faute de moyens.

Notre caractéristique commune était la pauvreté.

Ici, il n'y avait pas de télé, pas de radio, pas de téléphone si ce n'est le petit télécentre qui se trouvait à une dizaine de kilomètres au nord où il y avait tout comme à la capitale mais là-bas seul les villageois-bourges, comme l'appelait si bien ma mère qui y vivaient et il y avait pas de moyen que des personnes comme nous intégrent leur communauté.

Pieds nus, habits mal en point, cheveux en bataille, peaux crasseuses, visage pâle voilà ce à quoi nous ressemblions. Tout ça pour ne pas dire que les villageois de la commune de Sidiali agonisent dans l'indifférence absolue ayant été décréter la commune la plus pauvre du Sénégal, la réalité est encore plus dramatique car sur la carte, le village de Sidiali n'existe tout simplement pas. Normal. Sidiali est un nom de cimetière !

Néanmoins au delà de ces effets négatives qu'est l'insécurité on se réunissait tous sous notre unique manguier avec nos voisins et chaque samedi soir nous avions le coutume de nous rencontrer autour d'un grand feu de bois allumé sur la cour de notre petit village.
On peut alors dire que malgré tout cette vie cauchemardesque, on arrivait quand même à être heureux. On était tous ensemble et ce c'est ce que comptait le plus à à nos yeux.

Comme chaque matin, ma mère nous réveillait ma sœur et moi afin qu'on l'aide à vendre ses mangues en faisant les marchands ambulants chacune de notre côté pendant que les garçons étaient déjà à l'atelier avec Papa.

Pour le bain nous avions droit qu'à un sceau d'eau (que l'on puisait dans notre unique puit situé non loin) pour toute la famille alors ma sœur et moi prenions souvent nos bains ensemble afin qu'il en reste assez pour le retour des garçons et de Papa qui avaient l'habitude de se baigner la nuit. On a jamais vu ce à quoi ressemblait une eau potable parce que notre puit était toujours remplis de sables souvent il y avait de la boue et parfois même l'eau prenait une couleur jaunâtre mais vu que nous étions pauvre et démunie cela nous suffisait largement.

J'avais dans mon sachet en plastique que deux robes et s'en était de même pour ma sœur. Étant donné que c'étaient nos seules habits, on avait pas le privilège de choisir car quand on lavait l'une, il ne nous restait plus que l'autre. On s'habillait alors facilement puis on se curait les dents avant de manger chacune une mangue comme petit déjeuner afin de préparer une bonne journée de travail.

Dans Le Parcours D'une Prostituée Sénégalaise.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant