Limpide

Chapitre 8

Cela faisait pratiquement une heure que je regardais discrètement Hakim. Trois jours. Trois jours étaient passés depuis que j'avais débité ce stupide discours à son encontre. Trois jours que je répétais dans ma tête les excuses que j'allais lui faire.

En arrivant chez Sara et Théo il y a une heure, nos yeux s'étaient croisés, la haine dans son regard m'avait retourné l'estomac et depuis j'avais une peur bleue de l'approcher pour lui présenter mes excuses. Mais il le fallait, ce que j'avais dit n'était pas correct, je l'avais blessé et il fallait qu'il sache que je n'en pensais pas un mot.

Alors quand je le vis pénétrer dans le cuisine, je pris mon courage à deux mains, soufflais un bon coup et me levais.

Je pénétrais à sa suite dans la pièce et fermais la porte, c'est à ce moment là qu'il notifia ma présence. Il fronça les sourcils et poussa un soupir d'agacement avant de reporter son attention sur les différentes bouteilles d'alcool présentes sur la table.

- Salut. Dis-je timidement.

Il ouvrit une bouteille de whisky et m'ignora complètement. Je décidais tout de même de continuer. Après tout même s'il ne me regardait pas, il était bien obligé de me vendre. Et il était hors de question que je quitte cette pièce sans lui avoir dit tout ce que j'avais sur le coeur, ça faisait trois jours que cette histoire me rongeait et qu'elle m'empêchait de dormir.

- Ecoute, je voulais m'excuser pour ce que je t'ai dit l'autre soir. C'était stupide et méchant. Mes mots ont dépassé ma pensée. Je n'aurais pas dû te dire tout ça, c'était de la méchanceté gratuite et tu ne le méritais pas. Je n'ai jamais pensé que tu étais responsable du suicide d'Emilie. Je sais que tu as tout fait pour la protéger. Et comme tu l'as dit je ne vous connaissais pas à l'époque, je ne sais pas ce qu'il s'est vraiment passé donc je ne peux pas juger. Je sais juste qu'Emilie tient énormément à toi et qu'elle ne dit que du bien de toi, tu es très important pour elle et elle a vraiment besoin de toi dans sa vie. Depuis que toi et les autres vous refaites partie de sa vie, je vois qu'elle est beaucoup plus heureuse, elle revit.

Il avait fini de se servir son verre depuis quelques secondes déjà, cependant il n'avait toujours pas relevé les yeux vers moi. Il se contentait de déguster son breuvage en observant la nuit par la fenêtre.

J'attendis quelques secondes qu'il prenne la parole mais il ne fit rien.

- Hum... Dis-je. Voilà je suis désolée Hakim.

Sans un mot et sans un regard vers moi, il quitta la pièce.

J'eus envie de pleurer, il m'en voulait plus que je ne le pensais. Mon coeur se serra. Je me sentais triste. Triste parce que je lui avais fait du mal et triste parce qu'il me détestait. Je ne voulais pas qu'il me déteste, je voulais qu'il m'apprécie.

Je ne voulais pas qu'il m'ignore, je voulais qu'il m'accorde de l'importance comme il le faisait avant lorsque l'on se chamaillait. Dans ces moments là, j'avais l'impression que je comptais un peu à ses yeux.

Je n'allais plus me mentir, il était évident qu'Hakim me plaisait. J'avais eu un coup de coeur pour lui dès le moment où je l'avais vu. Une fille normalement constituée aurait réussi à lui faire comprendre ou à lui dire, moi non, trop peureuse, je m'étais braquée tout de suite et je l'avais repoussé. Voilà le résultat: Hakim me détestait.

Et moi aussi je me détestais, je me détestais d'être aussi stupide, aussi timide, aussi peureuse... parce qu'à cause de tout ça j'étais malheureuse.

Je me mordis la lèvre pour ne pas éclater en sanglot au milieu de la cuisine de Sara et Théo. Avec le temps j'avais appris à maitriser mes émotions, pour éviter que les gens ne me remarquent trop j'avais appris à faire semblant et ce soir c'est ce que je fis, je pris un verre d'alcool et fis semblant d'être heureuse tout le reste de la soirée.