Limpide

Plus tard- Partie 9

Après avoir traversé sur la pointe des pieds l'immense appartement de la famille Samaras, Sacha et moi nous enfermâmes dans sa chambre. Après avoir fouillé dans son dressing, je troquais ma tenue de soirée contre un leggings et un vieux tee-shirt Seine-Zoo.

Sacha se mit à l'aise à son tour avant de sortir un petit sachet d'herbe.

- Qu'est-ce que tu fous?

- Vu que mes frères me cassent les couilles à jouer les darons, je ne peux pas fumer devant eux, donc je fume ici.

- Et si tu te fais choper?

- Pas de risque, je fais gaffe. Et puis j'ai l'habitude.

- Si tu te fais choper ton père va te défoncer.

- Je crois que ma mère me fait plus peur que lui sur ce coup là.

- C'est clair qu'elle est flippante quand elle s'y met.

Malgré mes avertissements, il se roula tranquillement un joint. Il ouvrit la fenêtre, s'assit sur le rebord et alluma le petit cylindre qu'il avait coincé entre ses deux doigts. Les yeux fermés, il savourait ce moment.

Le froid de cette nuit de novembre pénétra dans la grande chambre me déclenchant un frisson. Je me glissais sous les draps et remontais la grosse couverture jusqu'à mon nez. Silencieusement j'observais Sacha.

On ne pouvait pas le nier, Sacha était beau garçon. Sa carrure de rugbyman et son regard brun ténébreux en faisaient craquer plus d'une. Lui et moi avions toujours été très proche, nous avions à peine quelques mois de différences. La logique aurait voulu que je sois attirée par lui et non par Maël.

- Pourquoi tu me mates comme ça? J'ai un truc sur la tronche? Me demanda-t-il en tirant sur son joint.

- Non je me demandais pourquoi il ne s'était jamais rien passé entre nous.

Ma réplique eut le don de le surprendre. Il toussota et recracha sa fumée avec difficulté.

- Tu es folle de sortir des trucs comme ça. Dit-il entre deux toussotements.

- Je me pose juste la question, on est proche, on s'entend bien, tu es mignon, drôle, attentionné avec moi...

- Attends, tu essayes de me dire quoi là? Demanda-t-il paniqué. Je te kiffe Inès, vraiment...mais... comme une amie, tu vois.

Il semblait à la fois paniqué et mal à l'aise.

J'éclatais de rire.

- Relax Sacha, je ne te fais pas une déclaration. Je me disais juste que c'était bizarre qu'il ne se soit jamais rien passé entre nous.

Il sembla se détendre.

- Tu ne crois pas en l'amitié fille/garçon? Me demanda-t-il perplexe.

- Bin vu notre relation, si. Mais, on a le même âge, on traîne très souvent ensemble, on s'entend bien... La logique aurait voulu qu'on soit un minimum attiré l'un par l'autre non?

- Moi je pense que l'on se connaît trop, c'est pour ça qu'il ne s'est jamais rien passé.

J'étais perplexe par sa réponse, je connaissais bien Maël et pourtant il s'était passé ce qu'il s'était passé. Sacha remarqua ma moue dubitative, il se décida donc à argumenter

- Tu m'as vu dans mes pires moments et je t'ai vu dans les tiens. Tu m'as raconté ta première fois sans malaise et moi je te raconte mes plans culs sans pression. On a fait les pires trucs ensemble et on s'est vu dans des situations peu valorisante. Comme la fois où tu as bégère et que je t'ai retrouvé allongé par terre avec du vomi dans les cheveux. Il n'y a rien de glamour ou d'attirant dans notre relation.