Lorsque je retrouve le couple dans la salle à manger, ils sont magnifiques tous les deux.Emma porte une robe mi-longue à motifs bleus et blancs et Oscar est en chemise blanche.
- Vous êtes beaux !
Mon compliment les fait rougir et Emma me dit tout sourire :
- Merci, tu es superbe.
Elle est adorable. Ca va me manquer de ne plus les voir aussi souvent quand je vais partir.Je vois qu'Emma prend la main d'Oscar. Je ne suis pas jalouse de leurs marques d'affection, elles me rappellent que sur terre, des gens peuvent être bons l'un pour l'autre. Ca sonne à la porte, Emma se lève et va ouvrir sur sa mère. Elles se font une grande accolade et se serrent fort. La mère d'Emma pose son regard sur moi et me sourit.
- Bonjour Elizabeth, comment, vas-tu ?
Elle me serre dans ses bras et me répond:
- Très bien et toi?
- Bien merci.
Elizabeth est quelqu'un que j'aime beaucoup. Elle me connaît depuis toujours et Elizabeth a toujours été là quand je venais chez elle pour me réfugier des cris de mes parents. C'était comme ma deuxième maison. Elle dit bonjour à Oscar et ça sonne une deuxième fois. Cette fois-ci, ce sont les parents d'Oscar. Ils disent bonjour à tout le monde et on s'installe au salon pour l'apéro. Ils discutent entre eux. Quand je suis dans la cuisine, je sens une présence et je me tourne.C'est Elizabeth, elle me demande :
- Elle est où ta Jess?
Je suis surprise puis je ne sais pas quoi dire et sa manière de l'appeler " ma Jess"me remue. Mon rempart de pierres commence à s'effriter, et ça vient à peine de commencer.
- Elle est ..Elle ... N'est pas là.
- Elle va venir ?
- Je ne pense pas qu'elle vienne..
Elizabeth me serre l'épaule et repart. Emma à dû lui parler. Peut-être pour l'histoire des marraines. En tout cas, je viens de lui mentir, chose que je n'ai jamais faite surtout pas à elle.
Tout le monde bavarde ensemble,j'essayé d'avoir l'air intéressé, mais je suis distraite.Distraite, car j'ai entendu le nom de Jess.
Point de vue de Jess
Bordel, qu'est que je fous ?
Je tourne en rond, littéralement. Et d'abord, c'était franchement une idée à la con.Je shoote dans un caillou. Qu'est que j'espère au juste ? Qu'elle me saute dans les bras et me pardonne toutes les merdes que je lui ai infligées ? Que soudain elle croie que je n'ai pas couché avec cette meuf ?
Je regarde l'immeuble.Je vais avoir l'air d'une conne.De toute façon j'ai toujours l'air d'une conne, quoi que je fasse.Il faut pourtant que j'y aille.
En plus, cette chemise me gratte, fait chier. Je déteste me saper.C'est seulement une chemise noire, mais quand même.
Je monte les escaliers, mon estomac vide fait un salto arrière à l'idée de la voir, d'être aussi proche d'elle.Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire ? Je n'en sais rien.Il faut que je lui explique l'enfer que j'ai vécu depuis que je me suis barée d'ici.Et surtout, à quel point j'ai besoin d'elle. Il va falloir que je dise que je suis une grosse connasse et que je n'arrive pas à croire que j'ai bousillé la seule bonne chose qui me soit jamais arrivée. Elle est tout pour moi, elle le sera toujours.
Je vais juste entrer, aller la chercher et partir avec elle pour qu'on puisse parler.J'ai trouille putain, j'ai la trouille.
Je vais gerber. Non.Mais s'il y avait de la bouffe dans mon ventre, je l'aurais fait. Je sais que j'ai l'air d'une loque, est ce qu'elle aussi ? Non pas que ça puisse arriver un jour, mais est ce que ça à été aussi dur pour elle que pour moi ?
J'arrive enfin devant la porte, mais je fais demi-tour.Je déteste me retrouver au milieu des gens. Tout le monde va me dévisager et j'ai l'air d'une conne, ce que je suis de toute façon.
Avant de renoncer, je me retourne vite fait et sonne à la porte.
C'est pour Jane. Je fais ça pour elle.Je me répète ça sans cesse jusqu'à qu'Emma ouvre la porte, un sourire surpris aux lèvres.
- Jess ? Oscar m'a dit que tu ne venais pas.
Je vois bien qu'elle fait son possible pour être polie, mais elle semble légèrement en rogne, probablement parce qu'elle protège Jane.
- Ouais, je ne pensais pas venir moi non plus.
Puis, une nouvelle émotion fait surface : la pitié. Elle me regarde de haut en bas et me sourit.En même temps, je suis venue direct ici après plusieurs heures de route. Emma me regarde sérieusement.
- Rentre, tu fais un scandale, je m'occuperai de toi.
Je souris et je regarde l'appartement. Il est super, j'aime beaucoup.
- On était à l'apéro.
Je la suis dans le salon et c'est à ce moment-là que je la vois. Mon cœur cesse de battre et je sens un poids m'appuyer sur ma poitrine tellement fort que j'en étouffe presque. Elle écoute quelqu'un lui raconter une histoire, en souriant. Elle passe sa main sur son front pour repousser une mèche de cheveux de son visage. Littéralement, je ne peux plus bouger.
J'entends son rire pour la première fois en seize jours, ce qui me permet de respirer. Elle m'a tellement manqué. Elle a l'air sublime, comme d'habitude, mais cette robe noire, et ce sourire sur son visage... Pourquoi sourit-elle ? Comment ça se fait qu'elle rigole ?
Elle ne devrait pas être en train de chialer et être une loque ? Elle rigole encore un peu et mes yeux discernent enfin son interlocuteur. C'est la mère d'Emma, facile à savoir, elles sont identiques.
Je continue à l'observer, elle s'anime en racontant une histoire. La main qui ne tient pas le verre de vin bouge dans tous les sens, elle parle et sourit. Mon cœur s'emballe quand je remarque le bracelet à son poignet. Elle le porte encore. Il est toujours à son bras. C'est bon signe.Il faut que ça le soit.
Je m'en veux de ne pas l'avoir rappelée. Je me suis même pas fait chier à racheter un nouveau téléphone. Elle pense probablement que je n'en ai rien à battre et que je suis passé à autre chose, moi aussi.
Je repense à la maison où j'ai habitée jusqu'à que je vienne ici, au gros ventre de Céline, au sourire plein d'adoration de Rose pour sa fiancée.
Elle lève les yeux et plante son regard dans le mien. Son sourire s'évanouit, le verre de vin lui échappe des mains et s'explose sur le parquet.
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Une rencontre
Novela JuvenilQuand Jane rentre à l'université, elle se promet de profiter de cette liberté pour fuir la maison familiale. Surtout échapper aux disputes incessantes de ses parents, qui se déchirent en permanence. Elle allait pourvoir étudier la médecine comme Jan...