Chapitre 38

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Toujours point de vue de Jess

Lorsque je trouve l'interrupteur pour allumer, Jane s'étire et se tourne sur le côté. Ma converse, qui tape sur le coin du bureau, provoque un bruit énorme. Elle plisse les yeux, puis les ouvre doucement pour identifier la source de tout ce bordel.

J'essaie de penser à quelque chose à dire tout en tentant d'assimiler la scène sous mes yeux. Julie et Jane dans un lit, ensemble.

- Jess ?

Elle geint et fronce les sourcils, semblant se réveiller. Visiblement choquée, elle tourne son regard vers Julie, puis vers moi. Sa voix est désespérée.

- Que ... Que fais-tu ici ?

- Non. Non. Que fais-tu,toi,ici ! Dans son lit ?

J'essaie de toutes mes forces de ne pas crier. Mes ongles sont enfoncés dans les paumes de mes mains. Si elle l'a baisé, c'est terminé, complètement et irrémédiablement terminé.

- Comment es-tu entré ici ?

Son visage est empreint de tristesse.

- Une meuf m'a ouvert. Tu es dans son lit ? Comment peux-tu faire une chose pareille ?

Julie roule sur le dos et se frotte les yeux, puis elle s'assied d'un seul mouvement, me regardant avant de nous interrompre :

- Qu'est que tu fous dans ma chambre ?

Calme, Jess, calme. Reste calme. Putain, je ne dois pas bouger, sinon quelqu'un va finir à l'hôpital.Ce quelqu'un, c'est Julie, mais si je veux l'éloigner d'elle, je dois rester le plus calme possible.

- Je suis venue chercher Jane. Allons-y.

Je tends la main vers elle, même si je suis de l'autre côté de la pièce. Elle fronce encore plus les sourcils.

- Pardon !?

Et voilà le tristement célèbre comportement buté de Jane...

- Tu ne peux pas débarquer chez moi et lui dire de partir.

Julie fait un mouvement pour sortir du lit et je vois qu'elle ne porte qu'une culotte avec un t-shirt. Je n'avais pas rêvée tout à l'heure.Je ne suis pas sûre de pourvoir garder mon calme.

- Si c'est justement ce que je viens faire, Jane...

J'attends qu'elle sorte du lit, mais elle ne bouge pas.

- Je ne vais nulle part avec toi Jess.

- Tu l'as entendue. Elle ne vient pas avec toi.

- À ta place, je ne jouerai pas à ça avec moi.J'essai au max de ne pas faire quelque chose que je regretterais, alors ferme-la.

En m'entendant grogner, elle ouvre ses bras en grand pour me défier.

- C'est chez moi, ma chambre en plus, et elle ne veut pas venir avec toi, alors elle ne le fera pas. Si tu veux te battre avec moi.Vas-y. Mais je ne vais pas la forcer à partir si elle ne veut pas.

Quand elle termine sa tirade,elle lui vient une expression de sollicitude, la plus fausse que j'ai jamais vue.Je laisse échapper un rire diabolique.

- C'est ça le plan, alors ? Tu me fous suffisamment les boules pour que je te défonce le portrait et qu'elle se sente coupable.Et je deviens alors le monstre dont le monde a peur. Ne te laisse pas embobiner par ses conneries, Jane.

Je crie, je ne peux plus supporter qu'elle soit encore dans son lit.Pire, encore, je ne peux pas supporter de ne pas pourvoir lui casser la gueule parce que c'est exactement ce qu'elle veut. Jane soupire.

- Va t-en.

- Jane, écoute moi. Elle n'est pas celle que tu crois, ce n'est pas madame parfaite putain.

- Et pourquoi ça ?

- Parce que ..Bon, je ne sais pas, encore. Mais je sais qu'elle se sert de toi pour quelque chose.Elle veut simplement te baiser,ça, tu le sais.

Je me débats pour garder le contrôle de mes émotions.

- Non, ce n'est pas ça.

Là, je vois qu'elle commence à se mettre en colère.

- Tu devrais te tirer, elle ne veut pas partir. Tu es ridicule.

Lorsque les mots s'échappent de ses lèvres explosées, mon corps se met à trembler.Il y a trop de colère en moi,il faut que ça sorte.

- Je t'ai prévenue, ferme ta putain de gueule, merde ! Jane,arrête de faire l'enfant et allons-y, il faut qu'on parle.

- C'est le milieu de la nuit et tu..

-S'il te plaît Jane.

A ces mots,l'expression de son visage change, je ne sais absolument pas pourquoi.

- Non, Jess, tu ne peux pas venir ici et exiger que je parte avec toi !

Julie hausse nonchalamment les épaules.

- Ne me pousse pas à appeler les flics, Jess.

Il n'en fallait pas plus. Je m'approche d'elle, mais Jane jaillit hors du lit et s'interpose entre nous en me regardant droit dans les yeux.

- Non. Ne recommencez pas.

- Alors, viens avec moi. Tu ne peux pas lui faire confiance.

Julie continue à me narguer.

- Et elle peut te faire confiance à toi ?Rends-toi à l'évidence, tu as tout foirer. Elle mérite une meuf mieux que toi, et si tu voulais seulement la laisser être heureuse...

- La laisser être heureuse ? Avec toi ? Comme si tu voulais avoir une relation avec elle ? Je sais que tu veux juste te la taper.

- Ce n'est pas vrai ! Elle compte pour moi et je pourrais m'occuper d'elle mieux que tu ne l'as jamais fait.

Elle me hurle dessus et Jane me repousse, la paume de sa main sur ma poitrine. Je sais que c'est stupide, mais je ne peux pas m'empêcher de savourer la sensation de sa main contre moi. Ca fait si longtemps que je ne l'ai pas sentie.

- Toutes les deux, arrêtez ! Jess, va t-en !

- Je ne pars pas sans toi, Jane. Tu es trop naïve, elle s'en fou de toi.

Une rencontreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant